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Channel: ASSOCIATION DE YOGA ET RELAXATION (CLICHY)
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L'essence du Yoga : Unir les différentes composantes de la pratique

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Fondamentalement, le Hatha Yoga constitue l’une des six voies de libération du samsara, le cycle des existences conditionnées, énoncées par l’hindouisme. Le Yoga poursuit donc un objectif très élevé, le plus ambitieux de tous : mettre fin définitivement à l’insatisfaction inhérente à la condition humaine. Mais, un tel objectif n’est pas partagé par tout le monde et il ne faudrait pas réserver le Yoga à une minorité de héros.
D’un autre côté, la présentation qui est faite du Hatha Yoga en Occident est souvent assez pauvre et superficielle : le Yoga s’y trouve alors ramené à une gymnastique alambiquée teintée d’exotisme. Soyons clair : la gymnastique est une excellente activité car elle permet de garder notre corps physique en bonne santé, et on ne saurait trop en louer la pratique. Cependant, le Yoga est bien plus qu’une simple activité sportive : cette discipline engage toutes les composantes de l’être humain et propose des exercices nous permettant de nous libérer de nos difficultés émotionnelles qui sont au cœur des maux que nous éprouvons dans notre société : stress, anxiété, irritabilité, nervosité, agitation, dévalorisation de soi...
Entre ces deux bornes - l’aspiration à mettre un terme au cycle des existences conditionnées et la pratique sportive - il y a place pour une infinité de nuances, différents niveaux de profondeur dans la pratique. Ainsi, chacun, selon ses aspirations et ses aptitudes, peut trouver une approche du Hatha Yoga qui lui convienne pleinement et lui permette de s’épanouir sur le plan physique,  émotionnel et spirituel. Il n’y a pas une façon unique de procéder, il y a une grande richesse d’approches possibles et il est important que chacun puisse s’épanouir selon ses choix.
Cette grande liberté s’exerce toutefois à l’intérieur d’un cadre précis. On retrouve ainsi  certains principes fondamentaux inhérents à la pratique du Yoga. Ces règles de base sont constitutives de la pratique même et on ne saurait sans affranchir sans perdre l’esprit du Hatha Yoga. Le camembert lui-même a une appellation d’origine contrôlée et n’importe quel fromage ne saurait en usurper le nom ; ainsi en va-t-il de même pour le Yoga !
Je voudrais ici ramasser en quelques phrases les éléments clefs de la pratique du Hatha Yoga afin de vous permettre de disposer d’une boussole pour vous guider dans votre cheminement personnel.
1)    La posture
Installez-vous dans une position assise. Si la posture du lotus (padmasana), ou la posture parfaite (siddhasana) ne vous sont guère accessibles - ce qui est mon cas - n’en soyez pas trop contrarié et que votre esprit s’en détache paisiblement. Installé en tailleur, ou sur une chaise, le dos bien droit, prenez bien soin de repousser le menton vers l’arrière. Cette nuque raide vous donne un air peu avenant, « pas commode », mais nous ne sommes pas là pour plaire à qui que ce soit en ce moment. En étirant votre colonne vertébrale et en effaçant bosse et creux, vous permettez aux souffles subtils (Vayus) qui irriguent votre corps énergétique de circuler correctement. Comme les états mentaux dont nous faisons l’expérience sont en relation directe avec la circulation de ces « vents », il est essentiel que cet alignement de la colonne soit mis en place.
La posture dans le Hatha Yoga est donc essentielle et on se méprend parfois à son propos: une posture n’est pas une attitude tarabiscotée, c’est simplement une attitude saine, juste, qui fortifie le corps, permet  la bonne distribution de l’énergie à l’intérieur des canaux subtils (nadis) et favorise la stabilisation de l’esprit.
A contrario, essayez de réguler votre activité mentale en étant avachi, effondré sur un divan ou allongé dans votre lit. Prenez vraiment le temps d’effectuer une fois cette expérience, très instructive. Vous constatez que vous pouvez très facilement ruminer les multiples problèmes de la journée et retourner dans votre esprit toutes les contrariétés, les frustrations accumulées. Les émotions cultivées des heures durant vont pouvoir ressurgir avec facilité. Mais si vous essayez de réguler votre esprit et de générer des émotions bénéfiques, positives vous allez vous rendre compte qu’en dépit de tous vos efforts intellectuels, vous ne ressentez finalement pas grand-chose : malgré toutes vos pensées, très peu d’amour, d’altruisme et de joie parviennent à s’élever dans votre cœur.
Par contre, sans vous apprêter particulièrement - même en pyjama ! - si vous vous asseyez sur le rebord du lit, la colonne bien droite, les états mentaux négatifs qui avaient pu obscurcir votre journée vont pouvoir se dissiper assez facilement. Après avoir ainsi régulé votre esprit pendant quelques minutes, vous pourrez alors vous coucher et dormir paisiblement sur les heureuses pensées que vous venez de générer.
 Vous voici donc installé correctement, c’est-à-dire dans une posture. Ceci est excellent : votre corps se trouve ainsi renforcé. Mais ceci ne suffit toutefois pas à vous libérer des difficultés qui assaillent votre esprit.
2)    Le souffle
Maintenant, prenez conscience de votre respiration. Laissez s’installer une respiration naturelle, régulière et équilibrée. Laissez s’enchaîner en vous les étapes de la respiration en trois parties : à l’inspiration votre abdomen se remplit, votre cage thoracique s’ouvre, enfin vos épaules se soulèvent. Puis, vous accueillez l’expiration et vous laissez vos poumons se vider, en chassant tout l’air de vos poumons. Placez alors index et majeur de la main droite au milieu de votre front. Fermez à droite et inspirez à gauche. Quand les poumons sont pleins, fermez à gauche et expirez à droite. Quand vos poumons sont vides, inspirez à droite. Puis fermez à droite et expirez à gauche. Effectuez plusieurs fois d'affilée ce cycle respiratoire. Cette pratique constitue Nadi Shodana (la purification des canaux subtils), dont la pratique journalière est ardemment  recommandée.
Bientôt vous ressentez que les deux narines s’équilibrent. Et peut-être aussi percevez-vous votre esprit s’éclaircir et quelque chose de subtil se modifier dans votre humeur. Peut-être même identifiez-vous quelque chose s’activer entre vos sourcils, comme un fourmillement. Ou encore, une certaine chaleur fait-elle son apparition. Que ces perceptions soient présentes ou non, peu importe : même si on ne perçoit rien, quelque chose opère cependant, un travail souterrain s’effectue en vous ; et si on perçoit quelque chose, il convient alors de ne pas trop s’y attacher.
Ainsi, grâce à Nadi shodana vous avez régulé votre souffle grossier (la respiration), ainsi que votre souffle subtil, et le Prana circule mieux dans le réseau des canaux énergétiques. Ceci est excellent ! Et on a encore progressé ! Mais, ceci ne suffit toutefois pas à nous libérer complètement de toutes les difficultés qui nous affligent, toutes les tensions mentales et autres contrariétés.
 
3)    Développer la concentration
Notre mental se trouve dans une continuelle agitation, sans pourtant qu’on le perçoive, tellement cet état est installé en nous depuis longtemps. Heureusement, la pratique du Yoga nous permet d’apaiser notre esprit de façon naturelle et progressive.
Dans l’attitude que vous avez adoptée, gardez l’esprit placé sur le souffle. Quand l’inspiration se déclenche, sentez simplement l’air pénétrer en vous. Lorsque l’expiration se présente, accueillez la et sentez l’air sortir de vos poumons. Demeurez dans la contemplation de cette respiration, l’esprit léger, semblable à un oiseau posé sur une branche.
Même si, au moment où l’on s’adonne à cette pratique, on aspire au calme, il est possible que ce dont on fasse précisément l’expérience ne soit pas du tout paisible. Nul prophète Yogi n’a dit : « Tu pratiqueras le calme mental et le calme instantanément se fera en toi ! ». Certes, nous aimerions bien qu’il en soit ainsi. Et nous y sommes incités par une société qui valorise la vitesse. Mais cela n’aboutit, en fait, qu’à nous infantiliser : comme le nourrisson, nous avons du mal à résister à la moindre frustration et nous ne cessons de vouloir que nos désirs soient satisfaits sur le champ. Pourtant, grandir, se structurer intérieurement, nécessite de développer la patience. Et la pratique du calme mental nous permet d’affermir cette qualité fondamentale de l’esprit.
Que faire maintenant si une tempête s’élève en nous au moment où l’on pratique? On pourrait être tenté alors de se dévaloriser, de se trouver nul, croire que l’on ne sait pas pratiquer correctement et perdre foi en notre capacité à dépasser nos difficultés. Or, faire l’expérience de cette agitation intérieure, c’est vraiment pratiquer. Il ne peut pas en être autrement. Dehors, le temps est parfois calme, parfois agité : on pourrait s’en prendre aux nuages et les invectiver, mais cela n’aurait que peu d’effet. Le mieux est donc de les laisser passer !
Ainsi, lorsqu’on pratique et qu’une émotion forte s’élève en nous, - si par exemple tel souvenir  enfoui depuis l’enfance refait brutalement surface, du genre « tatie Josette m’avait donné une claque à l’âge de cinq ans et je ressens subitement  une vieille rancune remonter quarante ans plus tard » - simplement ne pas se démonter, garder le cap, poursuivre la pratique, imperturbablement appliquer la méthode. Si des nuages noirs se forment dans notre esprit, si la tempête déboule comme une furie, si les éclairs se mettent à zébrer notre ciel intérieur, demeurer simplement dans la conscience de ce qui se passe. Tout ce qui apparait, on le distingue, on le  perçoit, mais on ne fait pas corps avec, on ne s’y identifie pas : je ne suis pas ces émotions qui s’élèvent, je ne suis pas cette agitation,  et je les laisse simplement passer, sans les redouter, ni chercher à les combattre. Et ces nuages disparaissent alors, le vent soudain tombe et le calme se fait en moi. Je ne fais rien, hormis laisser les choses se faire.
Je perçois alors les bienfaits de ce lâcher-prise : je me blesse moins avec les critiques, mon humeur se régule, je maitrise mieux mes émotions, j’ai plus de ressources intérieures.
Ces bienfaits, je ne les perçois pas instantanément. La plupart du temps, semblables à des  retransmissions sportives, ils se manifestent « en léger différé ». Et c’est seulement dans les minutes et les heures qui suivent ma pratique que j’en ressens les bienfaits en moi.
Il n’y a rien là de surprenant et la nature nous donne maintes illustrations de ce processus échelonné dans le temps. Ce n’est pas au moment où je place une graine en terre que je peux espérer cueillir un fruit sur l’arbre. Et ce qui vaut pour l’agriculture vaut tout autant pour notre psychisme comme l’expose la théorie du Karma : d’abord, survient l’acte déclencheur, puis s’écoule un temps de latence durant lequel l’acte murit en nous, chemine de façon souterraine, non apparente, et enfin se manifeste le fruit de l’acte lorsque toutes les conditions de son apparition se trouvent réunies.(cf. notre article sur la théorie du Karma dans la philosophie Samkhya)
Grâce à cette pratique contemplative, la concentration s’aiguise et une purification intérieure opère en nous. C’est la conscience de ce qui se passe qui effectue ce nettoyage : refuser de voir, détourner les yeux de ce qui nous déplait n’aboutirait qu’à garder en nous les maux dont on aspire à se libérer. Il faut donc un certain courage pour pratiquer le Hatha Yoga.
Prendre la posture, réguler le souffle, placer l’esprit : tout ceci est vraiment excellent. Et nous avons encore progressé d’une marche. Malgré tout, ce n’est peut-être pas encore suffisant pour nous libérer totalement des obstacles qui nous empêchent d’être véritablement heureux.
   
4)     Générer les émotions libératrices
La France est l’un des pays qui consomme la plus grande quantité de psychotropes, ces médicaments qui agissent sur l’humeur et la régule. Ceci révèle une chose intéressante : nous ne savons pas utiliser correctement notre esprit.
A y regarder de près, il n’y a pas de quoi se morfondre car si mon psychisme est capable de contribuer à l’apparition d’un ulcère à l’estomac, d’un épuisement lié au stress, d’une tumeur cancéreuse, c’est qu’il est vraiment très puissant.
Découvrir la force souveraine de l’esprit - même destructrice - est infiniment précieux car cette reconnaissance est, en creux, porteuse d’espoir. Si mon mental est à ce point capable de me rendre malade, c’est qu’il pourrait peut être tout aussi bien me soigner ! Sans doute y a –t-il là-dessous un peu de logique  Shadock, mais qui a dit que l’être humain fonctionnait comme un ordinateur ?
Je suis finalement avec mon esprit comme tel plaisancier avec son pédalo : je déploie de grands efforts pour revenir vers le rivage et ne parviens en réalité qu’à m’en éloigner toujours plus. Pourtant, si je découvre que je pédale simplement dans le mauvais sens, je vais pouvoir, au prix d’un léger changement, revenir très rapidement à la plage, et même beaucoup plus rapidement que si je ne m’étais pas entrainé du tout. Bref, plus on s’est entrainé à échouer et plus on est finalement près de réussir ! Et cela fait longtemps que cela dure !
En fait, j’ai développé – bien malgré moi - une grande compétence : je sais me créer des scénarios d’angoisse très réalistes, je sais me rendre malade, me nouer l’estomac, me stresser, m’énerver, me mettre les nerfs en pelote, ruminer des pensées délétères, … finalement m’empoisonner la vie. En laissant cette litanie s’étirer, j’éprouve l’immense puissance de mes pensées et de mes émotions.
Or, ces émotions, mon esprit peut les susciter, les cultiver à volonté. Il n’y a aucune tyrannie des émotions : je peux les réguler à loisir. Par exemple, ce dont je m’afflige, je peux tout aussi bien décider de m’en réjouir.  Si je suis spontanément jaloux de mon voisin qui vient de gagner au loto et que je m’en ronge les sangs, il ne tient qu’à moi de me réjouir de sa réussite. Ma réaction, mon émotion m’appartiennent. Si je me blesse avec telle critique qui m’est adressée, libre à moi de m’effondrer et de me croire une victime ; libre à moi aussi de me réjouir de l’information qui m’est donnée et de l’occasion qui m’est offerte de développer de la bienveillance envers cette personne qui se fait du tort plus surement à elle qu’elle ne croit m’en faire à moi. Qui peut blesser celui qui décide de ne pas l’être ?  
Qu’est que je gagne à cette permutation ? Une  joie profonde, une détente intérieure, un ineffable sentiment de liberté. Qu’est-ce que j’y perds ? Un statut de victime et un peu de malheur aussi ? Au fond, qu’est-ce que je veux ?
Quand j’ai conscience du pouvoir dont je dispose, je peux alors reprogrammer mes comportements : je peux décider de prendre plaisir à m’exprimer en public, je peux décider de me réjouir de payer des impôts, je peux m’épanouir en faisant du bien aux autres… Il suffit pour cela de changer de point de vue, de Weltanschauungcomme disent les Romantiques allemands. Et cette liberté j’en dispose pleinement.
Bien sûr, cela ne se fait pas en claquant des doigts : c’est une discipline de l’esprit, mais une discipline vraiment utile. De même qu’on étoffe un muscle en faisant quelques tractions chaque semaine, on peut assouplir l’esprit, le rendre plus malléable, plus créatif, plus protecteur, et en faire véritablement un guérisseur.
Que faire concrètement ? De façon très simple : au lieu de cultiver des émotions causes de souffrance, je vais cultiver des émotions cause de bien-être et d’épanouissement.
Je vais ainsi générer dans mon esprit  et ressentir dans mon cœur une des émotions merveilleuses qui soignent. Par exemple, si je me dévalorise facilement, je vais me réjouir d’être une personne et mieux reconnaitre les qualités inhérentes à tout être humain ; si je suis aisément mécontent, insatisfait, grognon, je vais décider de me réjouir de ma situation présente et développer, jour après jour, le contentement ; si je suis facilement rongé par la jalousie, je vais décider de me réjouir du succès d’autrui ; si j’ai tendance à me centrer un peu trop sur mes misères, mes problèmes, je vais tourner mon regard vers autrui, m’oublier en m’intéressant aux autres, en générant l’amour et l’altruisme.
Quand j’ai pris dans mon esprit la décision de cultiver telle ou telle émotion thérapeutique, il se peut que je ne ressente rien au départ. Si ma souffrance intérieure est vraiment très importante, il est possible que je ne puisse momentanément plus générer en moi ni la joie, ni l’amour, ni l’altruisme. Comment alors reprendre contact ? En ravivant le passé. Pas pour se morfondre, pas par gout de la nostalgie, mais pour en tirer une flamme. Malgré ma vie présente, si épouvantable soit-elle, j’ai nécessairement connu par le passé un moment de bonheur où j’ai fait l’expérience de la joie, où j’ai partagé l’amour, où j’ai aspiré au  bien d' autrui.
Comme je l’ai connu, je l’ai en mémoire, et c’est une source vive. Pour faire revivre en moi  l’altruisme, il me suffit alors de me souvenir de la dame âgée qui était tombée et que j’ai aidée à se relever, de raviver la parole bienveillante que j’ai prononcée tel jour, ou revoir l’oiseau blessé, tombé du nid, que j’ai soigné … C’est finalement bien simple. Nous avons tous cela en nous, comme un commerçant possède des marchandises en stock et il nous suffit d’aller y puiser. En ravivant le souvenir de telle scène de ma vie, je renoue instantanément avec l’émotion  bénéfique qui la portait. Il ne reste plus ensuite qu’à lui laisser plus de place dans mon cœur.  
Cette émotion, je souffle dessus comme le forgeron attise le tison dans sa forge : je nourris  cette pointe pour qu’elle devienne un grand feu. Progressivement, l’idée de générer telle émotion, qui avait pris naissance dans mon esprit, s’épanouit dans mon cœur.
Quelques instants auparavant, mon esprit pouvait être la proie de la crainte, de la jalousie ou de la vindicte. Et, d’un seul coup, cette émotion destructrice s’évanouit pour laisser place à l’émotion bienveillante. Car il n’y a pas de place en même temps pour le remède et le poison, ils ne peuvent cohabiter ensemble : l’apparition du remède vient aussitôt dissiper le poison. Voilà pourquoi on ne s’applique pas à combattre ce qui ne va pas : nourrir un tel combat, prétendre chasser le mal-être, ce serait encore touiller, creuser, cultiver secrètement le malheur. D’ailleurs, on ne cherche pas à vider une pièce sombre des ténèbres qui y règnent : on allume simplement la lumière ! Eh bien, je m’entraine à cultiver ce qui est positif plutôt qu’à lutter contre ce qui est négatif : le mal c’est déjà le combat lui-même -  et le seul mot Yoga (Union, en sanskrit) nous l’enseigne.
Parfois, on pourrait être tenté de se dire : « je me suis fourvoyé depuis si longtemps que cela ne vaut pas la peine de changer ; il me reste trop peu de temps à vivre, cela n’aurait pas grand effet ». C’est une erreur : même si j’ai nourri des émotions négatives pendant de longues années – comme ces vieilles haines entre familles, ces vendettas transmises  depuis tellement longtemps qu’on ne sait parfois plus pourquoi il faudrait haïr, mais on continue, par obéissance - même si j'en suis un peu honteux, je peux à tout instant inverser la tendance. Même si une pièce est demeurée dans le noir pendant des siècles, il me suffit d’allumer la lumière pour qu’en un instant tout soit changé, tout devienne radieux. Tant que l’on est en vie, jusqu’à la dernière seconde, on peut changer et donner une autre orientation à nos pensées, à nos émotions, à notre vie, et guérir. Et parfois, s’il n’est plus envisageable de guérir le corps – nul n’est immortel ! - la guérison de l’esprit demeure possible ; et, à bien y réfléchir, c’est cela le plus précieux.
Voilà donc l’élément clef de cette pratique : laisser l’émotion bénéfique s’installer fermement en soi, lui permettre de se stabiliser, la sentir irradier en mon cœur, irriguer tout mon être. Quand je parviens à cela, je peux alors compléter ma pratique et l’enrichir d’une visualisation : à l’inspiration, je vois un air d’une très belle couleur verte qui pénètre par mes narines, circule dans les deux canaux qui longent ma colonne et descend jusqu’au périnée. A l’expiration, je vois un air de couleur noirâtre, abjecte, repoussante qui s’élève par le canal central, à l’intérieur de ma colonne vertébrale, avec la sensation que je me libère de tout ce qui est négatif par le sommet du crâne. Je répète plusieurs fois ce cycle et, de cette façon, je me purifie.
 
Conclusion
Quelle est-elle donc l’essence du Yoga ? Une attitude corporelle juste, une respiration régulée, un esprit concentré, des émotions bénéfiques dont je favorise l’élévation : la pratique du Yoga devient alors véritablement consistante et de nature à nous libérer de nos obstacles physiques, énergétiques et mentaux.
A la relecture de cet article, je m’aperçois à quel point j’ai fait usage de l’adjectif « simple » : la pratique du Yoga est fondamentalement simple à comprendre et simple à mettre en œuvre.
Pourquoi est-ce donc  finalement si difficile ? Parce que l’enseignement du Yoga se heurte à des habitudes acquises et à des principes qui ne sont pas ceux les plus largement partagés dans notre société.
Les Yogis en Inde s’affranchissent du cadre des castes qui enserre encore la société contemporaine : en s’engageant dans la voie du Yoga, l’adepte sort instantanément du carcan de sa  caste sociale d’origine.
Pratiquer le Yoga c’est choisir de mener une vie libre et heureuse. De cela, à toute époque et en tous lieux, les êtres humains ont eu besoin.

christianledain@wanadoo.fr
N'hésitez pas à m'écrire : je lis toujours et prends en compte du mieux possible.

vos témoignages récents sur la pratique

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vos témoignages les plus récents
Voici quelques témoignages qui m'ont été adressés de janvier à juin 2013. Je vous les présente ici car qu'ils peuvent inspirer d'autres personnes, leur donner espoir de trouver une amélioration à une situation qui peut être difficile? depuis parfois très longtemps.
N'hésitez pas à m'adresser les vôtres : on ne pratique pas que pour soi.
 
Christian Ledain

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Dans ma vie de tous les jours j'essaie de me concentrer sur l'instant et sur l'essentiel, de ne pas me laisser envahir par des pensées négatives et je me rend compte que je suis plus sereine face à des évènements qui par le passé m'auraient atteints ; je réalise à quel point mon comportement a changé. Je suis beaucoup plus patiente avec mon entourage et je prend avec plus de détachement certaines choses qui se passent autour de moi ce qui atténue aussi parfois la souffrance.
Bien sûr j'ai encore beaucoup de chemin à faire mais je pense que je suis sur la bonne voie et ceci grâce au yoga, encore merci.

Annick.

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Merci pour la transmission de ces témoignages toujours instructifs.

Pour ma part, je n'ai pas résiste à la dépression hivernale avec son lot d'inertie et de pensées négatives. Je n'ai pas eu le mental nécessaire pour m'accrocher au yoga pour en sortir et ma seule lampe de luminothérapie n'a évidemment pas suffi.

Le point positif de cette absence totale de pratique est qu'elle m'a fait prendre conscience de l'impact réel et certain de cette discipline. En effet, depuis décembre mes insomnies sont revenues, mes douleurs de dos se sont réactivées, mon hypersensibilité a nouveau a fleur de peau, ma balance a fait un bond (malheureusement en avant), ma silhouette s'est relâchée, envie de rien faire...

J'ai tout perdu à ne pas avoir assisté a vos cours et à ne pas avoir pratiqué par moi-même durant cet hiver qui n'en finissait plus.

Je veux retenir cette leçon et retrouver l'assiduité nécessaire à la stabilisation de mon corps et mon esprit.

Merci pour la qualité de votre enseignement que je retrouverai avec plaisir des septembre.

Valérie
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Bonjour Christian,

J'ai subi hier une intervention chirurgicale aux yeux (sans gravité),
sous anesthésie locale.

J'ai été étonnée par mon calme, mon absence d'angoisse et ma capacité de
concentration lors de l'opération.

Je suis certaine qu'il y a 1 an, j'aurais demandé une anesthésie
générale, et je ne peux que conclure que la pratique du yoga a fait son
chemin en moi...

Je vous souhaite un bel été,

Véronique
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(....) En passant, j'en profite pour vous signifier que votre enseignement sur la visualisation des énergies/émotions (vous savez les canaux vert et noir) fonctionne à merveille.

Je le pratique régulièrement dans les lieux publics (cela permet de supporter l'angoisse de la foule) et avant de grands évènements (à ma soutenance de thèse, cela fut d'une aide extrêmement précieuse).
 
Donc, un grand et sincère merci.
 
Prenez soin de vous.


Faïza
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 Bonjour Christian,
Je viens te donner quelques nouvelles maintenant que je peux plus facilement me servir de mon bras droit.
L'intervention chirurgicale s'est bien passée comme tu me l'avais dit. J'ai travaillé mentalement comme tu me l'as indiqué, appris par cœur le mantra de la médecine et ai essayé de visualiser l'intervention. De ce fait je n'ai pas du tout appréhendé l'intervention. Tout s'est bien passé. On m'a enlevé le lobe moyen droit et les ganglions.
Je suis restée une semaine à l'hôpital, drain enlevé au bout de 3 jours car tout se passait bien.
Mon chef à l'hôpital est passé me voir, il n'en revenait pas que j'ai récupéré aussi vite.
Je me suis fait du Reiki pendant l'hospitalisation principalement allongée car pas assez de force pour le faire assise. (…)

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MEDITATION
 
(…) Je voudrais vous dire combien le yoga me permet d'intégrer différemment les aléas et difficultés de la vie .
 
Une pratique quotidienne, même si elle n'est pas parfaite, me permet d'appréhender la journée avec plus de courage et de calme.
 
L'année 2012 a été pour moi, une année difficile et même douloureuse à certains égards. Mais j'ai pu grâce aux exercices respiratoires, en pleine conscience, canaliser des émotions, surmonter l'anxiété et éviter des ruminations stériles et destructrices notamment pensant les nuits d’insomnie. Se concentrer sur son souffle, ou sur la relaxation sont réellement  des remèdes  plus  puissants et moins nocifs, me semble-t-il que des anxiolytiques ou autres médicaments de ce genre.

L'approche de la méditation est un domaine que je sens bien, de même que les pratiques respiratoires orientées sur des intentions altruistes. Ce sont des pratiques que j'approfondirais volontiers.
 
J'ajouterai également que le yoga a des effets stimulants  lorsque l'on vieillit et j'espère pouvoir pratiquer encore longtemps.
 
Encore tous mes voeux les meilleurs et merci pour tout ce que vous nous apportez.
 
Anne
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 Bonjour Christian,
 (…)
Je remarque pour moi-même que je suis capable de pratiquer et, disponible pour le faire, aux périodes où ma vie est relativement facile et régulière. Mais lorsque les choses se compliquent et que j'aurais assurément besoin de me recentrer, et me rééquilibrer... alors c'est là que mon esprit s'éloigne de la pratique, en trouvant même cette seule idée insupportable. C'est ce qui s'est passé avant les vacances de Noël. Cela ne m'affecte pas vraiment, mais j'aimerai être capable de me recharger en énergie aux moments où j'en ai le plus besoin....

Je tiens à terminer cette année 2012 en vous exprimant combien notre rencontre et celle de votre enseignement fut importante pour moi et me donne espoir d'une profonde transformation. Quel que soit le temps que j'y mettrai, je sais que cette pratique me mènera vers ce à quoi j'aspire sans pouvoir y mettre de mots, depuis bien longtemps.

Edith
 
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Santé et sérénité
 
Bonjour Christian,
 Non, il ne s'agit pas ENCORE de vœux pour la nouvelle année, mais le constat ou plutôt l'intuition que la pratique du yoga et ses effets me sont vraiment bénéfiques.
Il y' trois ans, j'apprenais que mon petit garçon, aujourd'hui âgé de 4ans et demi était atteint d'hémophilie A sévère. Bonjour l'angoisse. En fait, même en dehors de tout traumatisme, il peut saigner et avoir des hématomes  invalidants y compris sur ses petites articulations. Ouf, un traitement existe, mais la vigilance quotidienne reste de mise. Cette année-là, je pense que j'ai éprouvé beaucoup de culpabilité (d'avoir transmis cette anomalie à mon garçon), de tristesse et de colère. Vos cours m'ont été d'un grand secours. La culpabilité a été le sentiment le plus dur à éliminer et j'ai dû suivre, avec mon fils une petite thérapie qui nous a pas mal aidés et soudés. Mon fils gère mieux sa colère et la culpabilité est moins présente mais elle ne disparait pas complètement.
 
Il y' a deux semaines, on m'a diagnostiqué une belle intolérance au gluten. Bonjour les privations!  Mais là encore, ouf !  la solution existe quand même. Et heureusement, j'ai tenu bon, je me suis écoutée, ou plutôt j’ai écouté mon corps et j'ai dû insister pour que mon médecin aille plus loin dans les investigations. Il me prenait pour une sorte de malade chronique de l'intestin qui devait juste vivre avec ses diarrhées et ses douleurs. Je suis certaine que la pratique du yoga a développé en moi une belle intuition. Pour mon fils, j'avais posé le diagnostic très tôt et personne ne m'écoutais...maman qui exagère etc.
 
 Aujourd'hui, ma pensée va aux personnes atteintes de cette maladie qui reste très largement sous diagnostiquée et...très répandue au Maghreb, et je réfléchis, avec l'aide de mon petit frère pharmacien sur place, à une action de sensibilisation et de diagnostic. Vaste programme pour lequel il me faudra pas mal d'énergie et donc...encore du yoga!!
 Voilà, j'avais envie de partager tout cela avec vous.
 
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Bonjour Christian,
Je communique rarement mais c’est tellement important ....
Passées les 2 à 3 premières minutes d’adaptation en position méditative, après j’y suis pleinement, je ressens le calme intérieur s’installer, je suis de mieux en mieux,
sans effort particulier, je peux rester concentrer, avec ce mieux-être dans la tête,  dans le coeur, dans le corps … je peux maintenant rester ainsi 10 mn 20 mn ou plus, je quitte à regret l’état paisible dans lequel j’étais ...    C’EST NOUVEAU ...
Semaine dernière, suite à un surcroît de fatigue, j’ai eu les lombaires bloquées (cela n’a duré que 2 jours).  C’est nouveau, avant  5 à 6 jours …
Le yoga  fait partie de ma vie au quotidien : 4 à 6  petites salutations, 4 à 6 grandes et quelques postures qui me font du bien, et une posture pour l’équilibre (indispensable avec l’âge)
 La vie, c’est plein de bonnes choses, de belles rencontres,  mais aussi l’asthme (20 ans de ma vie), les épreuves, les deuils comme tout à chacun. Il y a environ 17 ans,  j’ai eu très très envie de pratiquer cette discipline et la chance de vous avoir rencontré  sur mon chemin.......... MERCI à vous,    merci la vie
Louise 
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Je profite d'un moment de tranquillité pour vous faire part de mon témoignage sur les bienfaits du Yoga.

Lorsque j'ai commencé les cours en septembre, je souffrais depuis un an de torticolis à répétition : le moindre faux mouvement créait des douleurs dans le cou et l'épaule gauche pour plusieurs jours. C'était dû à une mauvaise posture devant l'écran de l'ordinateur et de fréquents mouvements de la tête vers la gauche (télé, conversation avec des proches).
Avant mon inscription, des proches s'inquiétaient un peu que les torsions des mouvements de Yoga ne soient pas forcément l'idéal pour moi.
Cela m'avait un peu alerté. Lors des premiers cours, j'étais très attentive à ne pas forcer dès que je sentais les muscles de la nuque impliqués dans les postures. J'ai donc pratiqué prudemment, veillant à ne pas forcer.
Néanmoins, au bout de trois/quatre semaines, j'ai eu la sensation que la zone n'était plus aussi fragile. En un mois, j'avais assez renforcé la musculature de l'épaule et du cou pour me débarrasser de ce problème récurrent. Je n'ai eu aucun torticolis de toute l'année.
J'ai toujours une mauvaise posture devant l'ordi, c'est donc bien le Yoga qui m'a aidé sur ce point.

Obtenir en si peu de temps (en quatre cours, une fois par semaine, je ne pratiquais pas chez moi) un bienfait aussi important, m'a vraiment encouragé et enthousiasmé. Pour avoir déjà fait du yoga il y a quinze ans, je connaissais l'intelligence de la pratique par rapport aux différents sports, mais je n'aurai pas imaginé pouvoir régler un problème physique installé depuis des mois si vite.

Cela n'épuise pas les autres bienfaits du yoga : découverte de la méditation, relaxation...

Le cours est donc devenu le moyen de bien commencer la semaine.

Céline
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Bonsoir Christian,
 
 Je tenais à vous donner un retour de ces deux matinées d'initiation tout simplement parce que lorsqu'on a fourni un gros travail, il me semble qu'on apprécie d'en recueillir quelques impressions, et qu'un simple Merci ne suffit pas.
(...)
 
Tout d'abord, malgré le fait que vous m'ayez dit que l'initiation avait été facile, j'ai eu le sentiment que vous m'avez énormément donné et que cela vous avait beaucoup fatigué. J'en étais bien désolée, bien que (...)
Puis j'ai eu l'impression d'avoir rêvé ces moments car ils ont été extrêmement denses en réflexion, en richesse et en partage.
 

J'avais peur de ressentir la pratique régulière du Reiki comme une contrainte, mais finalement cela m'est très agréable. (...)
 
Petite anecdocte : vendredi, j'ai remis en place avec force un homme qui ne se tenait pas bien dans une file d'attente. Je me suis moi-même surprise, et cela m'a beaucoup amusée de me voir autrement.
 
Vous m'avez donné de précieux outils. J'essaierai de les utiliser le plus possible, et  de ne pas les laisser traîner dans un coin afin de pouvoir profiter pleinement du 2ème niveau d'initiation, dans trois mois.
 
 Je ne sais pas encore bien demeurer libre de toute colère ou de tout souci. Mais j'honore mes maîtres avec grande reconnaissance.

 Un grand merci!

Pavana Muktasana

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Le nom original sanskrit donné à une posture de Yoga est en réalité symbolique.
Tout symbole constitue une forme qui renvoie à quelque chose d’autre qui ne peut être exprimé directement. Le symbole est ainsi utilisé pour décrire une réalité foisonnante, riche, qui ne peut être réduite à un point de vue unique.

Le symbole autorise ainsi plusieurs interprétations qui peuvent être exactes les unes et les autres ; simplement, certaines apparaissent plus grossières, ou plus immédiatement perceptibles, tandis que d’autres s’avèrent plus subtiles ou plus profondes.

Il en est ainsi pour Pavana Muktasana qui peut être comprise de plusieurs façons. Bien sûr, comme toute posture, Pavana Muktasana constitue un support qui permet à chaque personne de tendre vers la réalisation complète et profonde de son être. Cet épanouissement se manifeste sur les trois plans de notre condition : matériel, énergétique et mental. Ainsi, au regard de ces trois dimensions, Pavana Muktasana nous enseigne quelque chose d’important et nous dispense ses bienfaits.

Pavana,"Celui qui libère", aussi appelé Vayu
Nous allons donc commencer par examiner les différentes significations de cette posture (I), avant de décrire comment la prendre correctement (II). Ceci nous permettra alors d’en décrire les nombreux bienfaits (III), puis de préciser les rares contre-indications (IV). Enfin nous verrons comment cette posture peut nous permettre d'actualiser une certaine forme de sagesse(V). 
 

1 Les différentes significations de la posture

Le nom de la posture associe deux termes sanskrits, Pavana et Mukta, à propos desquels il convient de donner quelques précisions.
Pavana désigne, en sanskrit, ce qui purifie, et Mukta, ce qui libére. Dans la mesure où le Yoga constitue une voie de libération de la souffrance, Pavana Muktasana désigne la posture (asana) qui purifie (Pavana) et libère (mukta) le mental de son ignorance, de ses erreurs.
A côté de cette interprétation philosophique il est possible de trouver une signification matérielle et énergétique au nom de cette posture.
Pavana (« Celui qui purifie »), comme l'exprime Louis Frédéric dans son « dictionnaire de la civilisation indienne », est le nom  donné à une divinité brâhmanique. Il est aussi appelé Vayu, le dieu du vent, encore nommé Prana (le souffle vital, l’énergie).

L’énergie (Prana), présente à l’intérieur du corps humain, se trouve spécialisée par fonctions vitales et par zones géographiques. On trouve ainsi 5 « souffles » (vayus), qui circulent dans notre organisme : prana vayu, apana vayu, udana vayu, samana vayu et vyana vayu. Apana vayu est le souffle qui circule dans le bas du corps et dont l’action s’exerce vers l’extérieur et vers le bas. Il assure deux fonctions vitales: l’évacuation des déchets de l’organisme et la reproduction de l’espèce. C’est ainsi Apana Vayu qui permet d’évacuer le gaz carbonique lors de l’expiration, d’aller aux toilettes, de libérer les gaz du colon, mais aussi de faire sortir le bébé lors de l’accouchement, de favoriser le bon écoulement des règles pour les femmes et de déclencher l’éjaculation pour les hommes. Apana Vayu assure donc des fonctions de base qui sont source de nombreux désagréments physiques et mentaux lorsque ces processus ne s’effectuent pas correctement.
Sur tous ces aspects énergétiques et physiques, Pavana Muktasana exerce une action très puissante et bénéfique.

 
2.   Comment prendre la posture
Avant de s’installer dans la posture complète, il est très utile de réaliser les deux demi-postures (Ardha Pavana Muktasana).

2.1   Ardha Pavana Muktasana

            
2.1.1              la posture de base

Vous êtes allongé sur le dos en Shavasana. Placez votre attention sur la partie droite de l’abdomen. Lentement, fléchissez le genou droit en ayant conscience de l’étirement progressif du bas du dos, des fessiers et de l’arrière de la cuisse.
Par la seule force des abdominaux, votre genou se rapproche du centre de votre poitrine. Ayez conscience de la compression de la partie droite de votre abdomen et veillez surtout à ne pas amputer votre respiration qui doit toujours demeurer régulière et complète.

Ayez conscience du relâchement musculaire de vos mains, de vos bras, de vos épaules. Puis, très lentement, posez vos mains jointes sur votre genou droit. Si cela est difficile, ou simplement gênant, placez vos mains à l’arrière du genou (creux poplité). Les mains reposent passivement et pèsent du seul poids des bras, sans chercher à appuyer, à exercer la moindre pression. Appuyer ne ferait qu’entretenir et renforcer les crispations que nous cultivons involontairement dans le haut de notre corps et dont nous souhaitons précisément nous libérer.
Alors, la tête peut se soulever lentement, consciemment, en décollant vertèbre après vertèbre.
Attention, il ne s’agit surtout pas de tourner la tête sur le côté : la colonne vertébrale doit demeurer bien alignée, y compris dans la région cervicale.
Le front se rapproche doucement du genou par la mobilisation des muscles du cou (sterno-cléido-mastoïdiens), tandis qu’, en sens inverse, le genou se rapproche du front par la sollicitation des muscles abdominaux. Le but n’est pas que le front et le genou se touchent ; mais de pouvoir demeurer paisiblement et confortablement dans cette posture afin qu’un travail musculaire réel puisse s’effectuer et que l’esprit puisse se poser. En respectant impérativement vos possibilités, demeurez le corps stable, la respiration stable et l’esprit stable. Prenez le temps d’être simplement et pleinement bien avec vous-même, l’esprit dégagé de tout autre objectif, de tout stress, en permettant simplement à la posture de produire ses bienfaits en vous.






Demeurez ainsi, tant que les muscles abdominaux et les muscles du cou vous l’autorisent : 30 secondes, 45 secondes ou une minute, c’est très bien.

Puis, tout aussi lentement et consciemment, redescendez, redéposez chaque vertèbre l’une après l’autre et demeurez à l’écoute de ce qui se passe en vous, dans votre corps et votre esprit. L’esprit est ouvert, spacieux et accueille avec bienveillance tout ce qui y apparait, tout comme une glace renvoie paisiblement l'image de tous les objets qui viennent s’y refléter. Permettez simplement à la posture d’agir en évitant que votre esprit n’interfère, ne commente, ne discourt.

Veillez toujours à commencer par plier le genou droit avant le gauche, ceci pour comprimer en premier la partie droite de l’abdomen et stimuler ainsi le péristaltisme dans le bon sens !
Puis, en procédant de la même façon, vous passerez au côté gauche. Vos perceptions seront sans doute légèrement différentes, prenez le temps de les ressentir, de les vivre pleinement.
A partir de cette attitude de base il est possible, de rendre la posture plus tonique, mais il n’y a aucune obligation à cela.
2.1.2.               Pour aller plus avant dans la posture

Il est tout d’abord possible de tendre lentement la jambe qui est restée allongée en ramenant progressivement les orteils vers le visage (cf. dessin), ceci afin d’amener un étirement du mollet et de l’arrière de la cuisse (muscles ischio-jambiers).
Par ailleurs, les personnes qui le souhaitent pourront aussi décoller les omoplates du sol, en gardant le menton bien abaissé, tout en veillant à ne pas surtout crisper les mâchoires.
Après avoir pratiqué les deux demi-postures, il convient d’examiner la posture complète.

2.2.             Pavana Muktasana

Pliez tranquillement un genou, puis l’autre, car c’est plus facile que de plier les deux genoux ensemble.
En respectant les principes énoncés précédemment, ramenez les genoux vers la poitrine et posez les mains détendues sur les genoux.







 



 

 
 
Puis soulevez la tête.
La colonne vertébrale se trouve ainsi enroulée par le bas et par le haut.
Une fois la posture installée la concentration se place au niveau de l’abdomen (nombril).

2.3 les erreurs fréquemment commises

En abordant cette posture on pourrait être tenté, bien malgré soi, de reproduire les travers qui nous handicapent tant dans notre vie quotidienne.

Sans y prendre garde, nous sur-sollicitons le haut de notre corps : front plissé, sourcils froncés, mâchoires serrées, nuque raide, épaules bloquées, thorax rigidifié, souffle court et, pour finir, ventre mou. Si l’on n’y prenait garde, on finirait par partager un petit air de famille avec Nosfératu, les ongles plus courts, toutefois !
Heureusement, Pavana Muktasana nous donne l’opportunité de nous libérer de ces entraves.
Voici donc quelques embuches à éviter :

. S’agripper à sa jambe comme à un radeau

Dès lors qu’on place les mains sur les genoux, on est tenté de s’y accrocher comme si on était en perdition. Or, dans Pavana Muktasana ce sont les muscles abdominaux qui doivent être mobilisés pour rapprocher les genoux de la poitrine. Les bras ne doivent pas être sollicités pour pallier la faiblesse de la sangle abdominale. On veillera donc particulièrement à fortifier la musculature du ventre tout en laissant délibérément les bras et les épaules au repos.
Si on a un doute concernant la crispation des bras, on peut soulever légèrement les mains du genou : si celui-ci garde sa position initiale c’est qu’on ne forçait pas en appuyant dessus.
. se rigidifier 
Quand on commence à s’agripper aux jambes, on en vient, de fil en aiguille, à tétaniser tout le haut du corps. Chaque crispation musculaire favorise la rigidification de la zone qui lui est immédiatement voisine : des bras, on passe ainsi aux épaules, puis à la nuque, aux mâchoires et pour finir aux sourcils. Heureusement, cette réaction en chaine peut être interrompue à tout moment et il est possible, à partir de n’importe quelle région du corps, de relâcher toute la zone périphérique et ramener ainsi l’harmonie.
Quand on aborde la pratique du Yoga, on croit parfois qu’il n’existe que deux modes de fonctionnement : « tout crispé » ou « tout détendu ». Or, « tout détendu » ce n’est heureusement pas possible, sans quoi notre cœur ne battrait plus et nous ne respirerions plus. « Tout crispé », c’est une condition aussi agréable à vivre que celle d' un robot mal huilé ! Alors, on découvre petit à petit qu’être relaxé c’est être libéré de toute contraction inutile. Ainsi, pour prendre un dossier au bureau, n’est-il pas indispensable de crisper les mâchoires, pas plus que taper sur son clavier d’ordinateur n’exige de soulever les épaules. Tout mouvement, toute activité peut alors être détendue, c’est-à-dire libre de contractures musculaires et de pensées inutiles.
Pavana Muktasana nous offre de nous alléger de tout ce superflu.

Pour favoriser la détente des épaules, on pourra – en cas de doute- les bouger volontairement un peu : par définition, si elles bougent librement , c’est qu’elles ne sont pas crispées !

. bloquer la respiration complète

Il est possible dans cette posture que les personnes qui ne maitrisent pas la respiration complète se coupent de celle-ci. Ce blocage s’installe insidieusement en trois étapes. Tout d’abord, comme les muscles abdominaux sont contractés, on s’empêche de respirer par le ventre. Puis en appuyant inutilement avec les mains sur le genou, on bloque le tronc, entravant ainsi la respiration thoracique. Enfin, en contractant les épaules on parvient à gêner même la respiration sous-claviculaire. Ainsi, en vingt secondes à peine, on halète, on s’épuise, on se sent mal, et on redescend quasiment asphyxié !

Il est donc essentiel de préserver une respiration consciente et complète. La concentration qui doit être maintenue au niveau du nombril durant la phase statique de la posture nous aide à cela.
Comme on le voit, tous les écueils sur lesquels on pourrait tomber vont être évités grâce à la vigilance, l’attention soutenue à ce qui se passe en soi.

3 les bienfaits multiples de la posture

Pavana Muktasana constitue une posture de base du Yoga. Elle est très largement accessible et dispense de très nombreux bienfaits.

31 la régulation d’Apana Vayu
Pavana Muktasana assure une bonne distribution d’Apana Vayu et contribue ainsi à réguler des fonctions de base de l’organisme : l’élimination des déchets et la reproduction :  
. elle favorise le bon transit intestinal et permet ainsi de prévenir la constipation;

. elle permet l’évacuation des gaz présents dans l’intestin ;
. grâce à la combinaison de la respiration complète et de la compression de la cavité abdominale, tous les viscères abdominaux (foie, estomac, pancréas, rate, intestins) se trouvent décongestionnés et vivifiés. Les bienfaits de la posture s’étendent donc au-delà de la seule élimination des déchets par l’intestin et la vessie : Pavana Muktasana contribue au bon fonctionnement général de tout le système digestif et favorise la production d’insuline, essentielle pour prévenir l’apparition du diabète.

. elle permet le bon écoulement des règles, ce qui en fait une posture très importante pour les personnes qui souffrent de dysménorrhées. En outre, elle soulage les douleurs menstruelles et stimule le bon fonctionnement des ovaires,

. elle constitue, sur le long terme, une excellente préparation à l’accouchement.
32 le renforcement musculaire

La posture mobilise la musculature de l’abdomen et du cou, ce qui contribue à les fortifier puissamment.
Une sangle abdominale solide est indispensable non seulement pour assurer une bonne digestion, mais aussi pour permettre le placement correct du bassin et éviter ainsi le mal de dos.
Le renforcement des muscles sterno-cléido-mastoïdiens, situés latéralement, à droite et à gauche du cou, assure une grande mobilité à notre tête, nous permettant de la tourner sur les cotés, mais aussi de pointer le nez vers le plafond (extension) ; par ailleurs, ces muscles nous permettent de soulever le sternum et la partie interne de la clavicule, ce qui autorise  la respiration haute (cf. notre article sur la respiration). En tant que muscle inspirateur accessoire, le muscle sterno-cleido-mastoidien joue donc un rôle essentiel car la respiration haute constitue pour nombre de nos contemporains, qui ne pratiquent malheureusement pas le Yoga, la seule respiration qui existe (en l’absence de la respiration abdominale et thoracique).

33 l’étirement musculaire 
La musculature dorsale se trouve étirée sur toute sa longueur, ce qui contribue puissamment à éliminer la raideur du dos. Cette action est particulièrement bénéfique pour la région cervicale et le haut du dos qui sont souvent le siège de contractures musculaires importantes. La dissolution de ces tensions contribue très fortement à l’installation d’une sensation de détente et de bien-être généralisée.
Par ailleurs, l’étirement des muscles du bas du dos et du nerf sciatique soulage les lumbagos.
Les muscles ischio jambiers, situés à l’arrière des cuisses, sont étirés eux aussi. Rappelons qu’en raison de notre mode de vie sédentaire, ces muscles ont tendance à se rigidifier. Aussi, la posture, en assurant un étirement doux de cette région rendra à ces muscles leur souplesse naturelle.

34     la détente mentale
Grâce au brassage puissant de la cavité abdominale, le plexus solaire se trouve décongestionné. Pavana Muktasana s’avère ainsi un excellent antidote à l’anxiété, à la nervosité et au stress. Bien souvent, d’ailleurs, un bâillement se déclenche involontairement après avoir adopté cette posture durant une minute.

35     la mobilisation articulaire 
Gràce à Pavana Muktasana, la mobilité de la hanche se trouve favorisée, ce qui contribue à préserver une bonne locomotion. En outre, l’enroulement de la colonne vertébrale lui assure une bonne souplesse et permet la propagation correcte des influx nerveux.

36 des effets esthétiques non négligeables 
Le massage puissant suscité par la respiration profonde contribue à éliminer l’excès de graisse qui peut se déposer sur l’abdomen, ainsi qu’autour des hanches. Pavana Muktasana contribue ainsi à préserver une silhouette longiligne.

4 des contre-indications en nombre limité

Les contre-indications sont assez évidentes, mais nous n’aurons pas peur de les énoncer ici. On s’abstiendra donc avec sagesse de prendre Pavana Muktasanadans les trois cas suivants :
. éventration
. hernie,
Mais vous aviez sans doute spontanément pensé que votre place était, dans ces cas là,  plus volontiers à l’hôpital que sur un tapis de Yoga !
. douleur aigue due à une sciatique.
Là encore, dans un tel cas de figure, le bon sens recommande le repos et l’immobilité.
Les femmes enceintespourront avec grand soulagement effectuer cette posture en écartant les genoux afin de laisser de la place pour le bébé.
5. La posture comme chemin
Nous avons parlé plus haut (1) d’une des significations de Pavana Muktasana : la posture (asana) qui purifie (Pavana) et libère (mukta) le mental de son ignorance. Nous avons ensuite signalé (2.3) les erreurs qu’il convient d’éviter dans cette posture. Ceci nous amène à découvrir comment l’abstention de ces erreurs peut constituer l’expression d’une sagesse susceptible de nous aider à être plus heureux.
Quand on aborde la posture on le fait, comme toutes choses, avec nos vieilles habitudes, forgées parfois depuis des décennies. Et si, certaines de ces tendances sont excellentes, d’autres le sont moins.
Percevons ainsi avec quelle facilité nous nous agrippons à notre tibia, comment en une fraction de seconde nous parvenons à tétaniser tout le haut de notre corps, à bloquer notre souffle. Prenons le temps de ressentir avec quelle agilité, quelle rapidité nous savons si bien nous faire du mal.
Et tout cela, au juste, pourquoi ? Car nous avons bien un objectif en tête, un objectif que nous nous sommes fixé : toucher notre genou avec le front ! Il s’agissait simplement de soulever la tête et de la rapprocher du genou, mais nous nous sommes attachés à cette idée, nous en avons fait un enjeu, quasiment une affaire personnelle, un point d’honneur, comme si toucher les genoux c’était toucher le Graal !
Pratiquer Pavana Muktasana pendant une minute devient alors l’occasion d’une prise de conscience salutaire et, incidemment, d’une libération.
Prenons le temps de percevoir tout ce que nous ajoutons de stress, de tension, d’esprit de compétition, d’objectifs aussitôt mort-nés. Car ce qui est instructif, c'est que ce que mettons spontanément en œuvre avec cette posture, nous le reproduisons sans doute constamment dans notre vie quotidienne.
On le conçoit alors : la simplicité de cette posture n’est pas donnée d’emblée, c’est le résultat d’une épure intérieure, d’un dépouillement de tout ce qui est inutile, néfaste, vain. Pavana Muktasana nous apprend à voyager léger pour voyager loin, avancer sur notre chemin de vie.
Et puis, en prenant le temps d'entrer tranquillement dans la posture et d'y demeurer, on développe d'autres qualités : l’écoute respectueuse de soi, la vigilance, la concentration, la bienveillance, la persévérance, le détachement. Et tout ceci vaut bien, sans doute, de renoncer à toucher coûte que coûte les genoux avec le front !
Cette posture est donc un chemin vers l’authenticité, vers la justesse, l’occasion de mettre en place une meilleure façon d’être avec soi-même.
PavanaMuktasana constitue donc bien la posture qui nous libère et nous purifie.
CONCLUSION
PavanaMuktasana prendra rapidement une place de choix dans votre pratique du Yoga compte tenu de ses immenses bienfaits, de son caractère universel et de sa simplicité.
De plus c’est une posture très plaisante à adopter et qui ne demande pas de préparation préalable. On pourra ainsi la prendre pour se détendre simplement après une longue journée bien chargée.
Je vous souhaite une excellente pratique.
Christian Ledain
Notes
On pourra consulter un excellent article de M. Mahesh Ghatradyal (cf. revue Yoga et Vie N° 53 de septembre 1987) qui donne une interprétation différente de cette posture.
On pourra aussi trouver une mine d'informations dans l'ouvrage de Louis Frédéric, « dictionnaire de la civilisation indienne », chez Robert Laffont, 1987
 

Viparita Karani

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Viparita karani - posture complète




Quand on regarde la posture on pourrait être tenté de se dire avec découragement : «en voilà une qui n’est pas pour moi ! » Comme toute posture inversée, cette attitude ne nous paraît pas naturelle, et ne semble pouvoir être adoptée qu’au prix d’une acrobatie.

Mais il ne faudrait pas s’attacher à cette variante particulièrement avancée de Viparita Karani. Il en existe d’autres, accessibles aux possibilités de chacun. Dès lors que certains principes fondamentaux sont compris et mis en œuvre, l’une ou l’autre de ces variantes pourra sans doute être mise en œuvre sans difficulté particulière.

Compte tenu des bienfaits extrêmement nombreux et puissants de Viparita Karani que nous détaillerons, il serait regrettable de se dispenser de mettre en œuvre une telle posture.
 
1. Signification de la posture

Viparita karani signifie, en sanskrit, « réalisation » (karani) du « renversement » (Viparita). Ainsi, Viparitakarani constitue simplement le nom générique qui désigne toute posture inversée, c’est-à-dire une attitude corporelle dans laquelle les jambes se trouvent dirigées vers le haut et la tête vers le bas. Entrent ainsi dans cette catégorie de nombreuses postures classiques du Hatha Yoga telles que Sarvangasana (posture de tous les membres levés), Kapalasana (posture sur la tête), Sirshasana (posture sur la tête), ou encore Halasana (charrue).

Mais, parmi toutes ces postures inversées, Viparita karani désigne aussi une posture spécifique qui se différencie très clairement des autres. Il importe particulièrement de la distinguer de Sarvangasana. En effet, ces deux postures sont parfois fusionnées à tort dans une attitude bâtarde qui ne procure les bienfaits ni de l’une ni de l’autre.

2. Entrer dans la posture

Tout le secret de Viparita karani tient dans le placement correct des coudes. Si on est pressé de monter le corps et de dresser les jambes, il nous arrivera la même mésaventure qu’à un entrepreneur de travaux publics pressé d’élever les étages d’un bâtiment pour lequel il n’aurait pas posé de solides  fondations: l’édifice va tenir quelques instants de façon biscornue avant de s’effondrer irrémédiablement !
A gauche, les murs verticaux assurent la stabilité de l'édifice. A droite, l'absence de verticalité des murs conduit  à l'écroulement de la construction. Par analogie, l'écartement excessif des coudes et le rapprochement des mains empêchent de soutenir le bassin
A Pour procéder de façon sécurisée, il convient de s’installer tout d’abord en position allongée sur le dos (Shavasana). Les bras reposent le long du corps. Puis, en prenant un appui très ferme sur les bras, on plie les genoux et on soulève le bassin du sol. Quand le bassin se trouve ainsi élevé, on garde les bras tendus, allongés au sol et on rapproche les deux coudes l’un de l’autre au maximum. On plie ensuite les coudes et on place les mains au niveau du bassin. On veille à écarter les mains l’une de l’autre le plus possible. Ainsi, elles  ne se trouvent pas placées contre le dos, mais empoignent vigoureusement les crêtes de l’os iliaque (le bassin) à droite et à gauche. La combinaison de ce placement correct des coudes et des mains permet aux avant-bras d’être verticaux, non seulement de face, mais aussi profil. Ceci crée les conditions matérielles de la stabilité.
les avant-bras doivent être verticaux de profil , comme de face 
Il n’y a alors plus qu’à déplier les jambes et à les tendre. Les jambes sont allongées devant soi. Elles se placent dans le prolongement du tronc comme le montre le dessin de la posture complète ci-dessous.
 
3. Un aménagement de la posture parfois nécessaire
S’installer dans une posture ne constitue pas une fin en soi car une attitude corporelle reprsénte essentiellement un support matériel dans lequel le pratiquant du Yoga va réguler son souffle et stabiliser son esprit. Il est donc essentiel de ne pas s’attacher trop à une forme, une apparence particulière.
Dès lors que les principes de base de la posture sont respectés, il est possible de l’actualiser, de l’aménager en fonction de nos possibilités du moment.
Il est très important de ne pas se décourager et de garder l’esprit ouvert car ce qui n’est pas réalisable à un instant donné peut le devenir ultérieurement, les choses se dénouant au fil des semaines et des mois.
Tout d’abord, il convient d'accepter tranquillement notre corps tel qu’il est. Notre corps est un outil merveilleux qui nous permet d’agir et de penser. Il est donc nécessaire de le respecter et de l’aimer avec ses caractéristiques du moment.  Le dieu hindou Vishnu a pour véhicule l' aigle Garuda, et Shiva, un rat. Donc, soyons content de l’excellent support physique dont nous disposons actuellement, même si ce n’est pas l'enveloppe matérielle d’un mannequin - retouché d'ailleurs par Photoshop !
 Si les jambes ne peuvent pas être allongées complètement devant soi, il est, tout d'abord, possible de fléchir un genou  afin d’amener le tibia à l’horizontale. Ceci allège considérablement le poids qui pèse sur les coudes.
Posture complète avec un genou fléchi

Si cela n'est pas suffisant, si les bras sont un peu faibles et le bassin lourd, il sera possible d’amener les deux jambes à la verticale au-dessus du sommet de la tête, comme ci-dessous.
Aménagement possible en plaçant les jambes à la verticale

On évitera autant que possible de « casser » le corps en deux en amenant les deux jambes derrière la tête. Dans une telle attitude, il n’y aurait aucun appui sur les coudes, ce qui montre bien que les jambes ne sauraient être placées ainsi.

4. Les erreurs à ne pas commettre 
S'il est difficile de soulever le bassin au moment de la mise en place de la posture, on pourra utilement faire quelques mouvements de "rocking chair" en se balançant d'avant en arrière. Par ailleurs, l'adoption régulière de Pavana Muktasana (cf. notre article sur cette posture) fortifiera rapidement les muscles abdominaux dont la sollicitation est nécessaire pour assurer l'élévation du bassin.
On veillera ensuite à ne pas redresser trop le dos, qui doit demeurer légèrement incliné car, sans cela, on ne parvient pas à empoigner l’os iliaque .
On ne rapprochera pas les mains de la colonne vertébrale, sinon les avant-bras ne pourront devenir verticaux. 
Si les coudes ne sont pas suffisamment rapprochés, il n’est alors pas possible de soutenir le poids du bassin avec les mains.  Alors, pour éviter que le corps ne s'effondre, on se met involontairement à « truquer » la posture en tendant les jambes en arrière de la tête. Cela permet effectivement de faire contrepoids au bassin. Mais cette stabilisation forcée n'est acquise qu'au prix d'un grand inconfort : en "cassant" le corps, la respiration abdominale se trouve bloquée et le dos malmené.
Eviter de "casser" le corps
Bien sûr, une personne débutante pourra adopter cette attitude un peu faussée, le temps de se familiariser avec la posture  inversée. Mais, elle veillera, au fil des séances, à placer correctement les coudes pour pouvoir se sentir bien dans la posture et en recueillir pleinement les bienfaits.

Si les bras sont un peu faibles, on pourra aisément les fortifier en pratiquant Suryanamaskar (voir notre article sur la Salutation au soleil).
 

5. Les bienfaits de la posture


Comprendre et connaitre les bienfaits d’une posture est important parce que cela soutient fortement la motivation. Avoir une conscience précise et détaillée des effets positifs de Viparita Karani va nous soutenir intérieurement, tout spécialement si cette posture ne nous apparait pas facile à adopter. Bien sûr, lors de la mise en œuvre de la posture on cessera de se remémorer ces bienfaits afin d’être dans une attitude intérieure d’écoute de soi, d’ouverture et de réceptivité car ce qui importe c’est de vivre pleinement la posture, d’en ressentir pleinement les bienfaits dans l’instant.  

Comme l’indique la signification du nom de cette posture, les effets positifs de Viparita Karani découlent, de façon naturelle, de l’inversionde la force degravité qui s’exerce sur notre corps.
Les bienfaits de la posture découlent, de façon logique, de l’inversionde la force degravité qui s’exerce sur notre corps.
Les effets de cette posture sont particulièrement puissants compte tenu de la composition de notre corps. Si celui-ci nous apparait matériel, il est pourtant composé principalement d’eau. Cette proportion est de 80 % chez le jeune enfant, 60 % chez l’homme adulte et 50 % chez la femme.
Cette eau est tout particulièrement présente dans ce que Claude Bernard a appelé le "milieu intérieur", c’est-à-dire les liquides dans lesquels baignent les cellules d’un organisme vivant. Ces liquides sont le sang et la lymphe. Leur volume est considérable puisque on trouve près de 2 litres de lymphe dans notre corps pour 5 litres de sang. Le rôle du liquide interstitiel (lymphe interstitielle) doit être notamment souligné puisqu'il permet que les échanges nécessaires à la vie puissent s’accomplir efficacement.
L’inversion du corps dans Viparita karani va modifier puissamment sur la circulation de ces liquides à l’intérieur de notre organisme. Bien sûr, l’être humain n’est pas conçu pour passer sa vie la tête en bas, comme une chauve-souris, et il ne faudrait pas demeurer des heures dans cette posture, mais il est indiscutable que l’adoption régulière de cette attitude, pendant quelques instants, procure une régulation de plusieurs  fonctions essentiellesà l’intérieur de notre corps.
Le système digestif est, tout d'abord, vivifié de façon très puissante grâce à une double action. Tout d’abord, l'ensemble des viscères abdominaux, qui se trouvent comprimés en position debout, se voient soulagés grâce à l’inversion du corps. Par ailleurs, le déploiement de la respiration abdominale, seule possible en position inversée, suscite un massageà la fois doux et profond du plexus solaire. Dans la mesure où ce réseau nerveux, situé entre le nombril et le sternum, innerve les viscères du haut de l’abdomen (estomac, foie, rate), leur fonctionnement s’en trouve grandement favorisé.
lPar ailleurs, la circulation lymphatique se trouve régulée. L’apport en oxygène et en nutriments aux cellules du corps se trouve favorisé. Inversement, l’évacuation du gaz carbonique et des déchets cellulaires se trouve facilité.
Comme nous l'avons précisé, la circulation des fluides corporels est facilitée dans cette posture. ViparitaKarani favorise donc grandement le retour du sang veineux. Elle procure donc un grand soulagement aux personnes dont l’activité professionnelle les oblige à beaucoup piétiner (vendeuses en boutique, coiffeuses, agents de surveillance…). Cette posture est aussi particulièrement recommandée aux personnes sujettes aux varices ou aux hémorroïdes.
L’inversion permet aussi une meilleure irrigation sanguine de la tête, puisque, en posture inversée, le sang n’a plus à lutter contre la pesanteur pour parvenir au visage. Les échanges cellulaires se trouvent ainsi particulièrement facilités dans la partie supérieure du corps. La régénération des cellules du visage et des neurones est ainsi favorisée. Par ailleurs, les fonctions cérébrales sont stimulées, tant en ce qui concerne la compréhension et la réflexion que la mémorisation.Il est aussi reconnu à la posture le pouvoir de favoriser la repousse des cheveux ou d’en freiner considérablement la chute.
La posture inversée favorise la mise en place de la respiration abdominale. Seule celle-ci est, en effet, réalisable puisque le soulèvement des clavicules est impossible et l’expansion de la cage thoracique gênée. Cette posture est donc recommandée aux personnes qui ne « savent pas respirer par le ventre » parce que leur diaphragme est bloqué. Ceci aidera considérablement les personnes nerveuses, mais aussi les personnes asthmatiques qui ont tendance à respirer uniquement par le haut du buste.
Le fonctionnement de la glande tyroïde est favorisé. Sa compression est moins accentuée que dans Sarvangasana , ce qui contribue à un plus grand confort, donc à un maintien plus long dans la posture.
Enfin, la posture renforce la puissance des membres supérieurs : bras, avant-bras, épaules et mains.


6. Une posture très largement accessible

Viparita Karani ne comprend pas de contre-indication particulière, ce qui la rend accessible à un très grand nombre de personnes.
En particulier, dans la mesure où il n’y a pas d’appui sur la région cervicale, cette posture est réalisable par les personnes souffrant de cervicalgie ou d’arthrose cervicale. Par ailleurs, l'étirement modéré de la musculature dorsale procure une grande sensation de confort et assure une grande stabilité.
Compte tenu de ces éléments ViparitaKarani trouve naturellement sa place, dans l'enchainement des postures, avant Sarvangasana, qu'elle prépare. Bien sûr, les personnes pour lesquelles Sarvangasana ( voir notre article sur cette posture) s'avère  difficile à adopter pourront demeurer d'autant plus longtemps dans ViparitaKarani
Cette posture pourra avec grand profit être conservée une, puis deux minutes, à mesure que les principes fondamentaux de la posture seront intégrés et que la force des bras se sera développée.  

Conclusion

ViparitaKaraniconstitue l' une des grandes postures emblématiques du Yoga. Elle est très simple à mettre en œuvre à condition de ne pas la fausser par un placement incorrect des coudes et un déploiement précipité des jambes. Moins acrobatique que Sarvangasana, elle est, en outre, plus douce à conserver.
 Viparita Karanipourra ainsi s'intégrer facilement à votre pratique quotidienne et vous accompagnera tout au long de votre vie dont elle concourra à prolonger grandement la durée.



Christian Ledain, le 20 mars 2014
N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires que je lis avec attention.
pour m'écrire : christianledain@wanadoo.fr
On pourra se référer à nos trois articles figurant déjà sur ce blog : Sarvangasana (posture de tous les membres levés), Suryanamaskar ( La Salutataion au soleil) et Pavana Muktasana

« La méditation m’a sauvé »

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Cet article est dédié à celles et ceux qui connaissent des difficultés de santé et qui ne savent pas comment en sortir. Que ces personnes, dont la santé est compromise, puissent trouver un message d’espoir, qu’elles sachent qu’une guérison est possible, même pour les maladies les plus graves, même pour les cas où l’on pourrait désespérer.

Il existe de nombreux ouvrages sur la méditation et les Yoga internes de l’énergie. Mais il en est peu qui livrent des témoignages authentiques sur les réalisations élevées auxquelles ces pratiques conduisent. A cet égard, l’ouvrage « La méditation m’a sauvé »*de Phakyab Rinpoché est tout à fait exceptionnel.

Torturé pendant plusieurs semaines dans les prisons chinoises, ce moine tibétain parvient à fuir et à traverser à pied l’Himalaya. Réfugié en Inde, il part pour les Etats Unis où les médecins diagnostiquent une gangrène à son pied, ainsi qu’une tuberculose osseuse. Pour traiter cette cheville détruite, tous les spécialistes occidentaux consultés recommandent d’urgence l’amputation sous le genou. Refusant cette opération, Phakyab Rinpoché se cloitre alors dans une petite chambre de Manhattan pour y pratiquer intensément, à raison de 17 heures par jour, les Yogas internes de l’énergie. Au bout de trois ans, la guérison est complète : non seulement la gangrène est stoppée, mais les cartilages, les chairs, les nerfs détruits sont régénérés et cet ouvrage, destiné à enseigner au monde entier l’art de guérir, est écrit.

Tout dans ce livre nous dépasse et nous inspire : les violences subies, le drame qui se noue, la simplicité et l’humilité confondantes de l’auteur, sa conduite héroïque, et, enfin, la guérison complète que nous sommes tentés de qualifier de miraculeuse. Pourtant cette guérison, la médecine et les enseignements traditionnels l’expliquent très bien : c’est l’esprit qui guérit.

Il est possible de pratiquer le Yoga de façon laïque, comme nous le faisons en cours, c’est-à-dire sans rattacher la pratique à une tradition spirituelle particulière. Pourtant, lorsque l’on veut obtenir une libération profonde des difficultés qui nous affligent, il devient alors nécessaire d’articuler cette pratique à un ensemble philosophique qui en en constitue le fondement et en révèle pleinement la portée. C’est la raison pour laquelle les Yogis, selon leurs affinités, se relient à l’une des grandes traditions spirituelles de l’Inde : l’hindouisme, le jaïnisme ou le bouddhisme. Le moine qui fait ici le récit de sa vie suit les enseignements du bouddhisme. Mais il n’est pas nécessaire d’être bouddhiste pour être  touché et inspiré par son exemple.

Profondément respectueux des êtres, l’auteur ne prétend pas exposer une voie unique qui conviendrait à tous. « Il ne fait pas de doute, à mes yeux , écrit-il, que d’autres religions ou pratiques méditatives comme le reiki ou le qi gong, par exemple, peuvent soigner des maladies aussi graves que le cancer ou le sida. En fait, ce n’est pas telle ou telle tradition qui donne la guérison, c’est de savoir utiliser l’énergie de son esprit. Peu importe la méthode, peu importe la religion, que l’on soit chrétien, musulman ou hindouiste, chaque système de croyance a développé une approche thérapeutique. La mienne me convient car elle contient la méditation de la lumière et de la vacuité, dans la dimension de transformation qui est celle de bodhicitta, l’esprit d’éveil altruiste. Mais je sais que cette approche qui m’a sauvé est loin d’être unique. Et je m’en réjouis car les mentalités des êtres diffèrent. Il est bon de leur présenter divers systèmes pour qu’ils bénéficient du plus adapté et du plus efficace. » (page 211).

Les pratiques de Hatha Yoga que nous accomplissons modestement en cours, les postures, le Pranayama, la méditation, préparent aux pratiques méditatives qui sont citées dans cet ouvrage. C’est une autre des raisons qui m’incitent à vous parler de ce livre.

Dans l’ère de dégénérescence où nous vivons, que les Yogis nomment KaliYuga, il est bon de savoir qu’existent des sources pures où puiser espoir, inspiration et remède à tous nos maux.

Christian Ledain

Professeur de Hatha Yoga et Maître initiateur de Reiki

* Phakyab RINPOCHE« La méditation m'a sauvé », édition Cherche-Midi, 2014

YOGA CLICHY

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1.     Type de discipline 

Le Yoga et la relaxation sont des techniques ancestrales qui assurent le bien-être et la bonne santé de la personne. 
Le stress est évacué, le sommeil redevient de meilleure qualité, l'humeur est plus égale, les défenses immunitaires sont renforcées, les muscles se fortifient (adieu le mal de dos !). 
Grâce au calme et à l'attitude positive qu'elles développent, ces disciplines permettent de faire face aux difficultés quotidiennes. Dans une société où il nous est demandé d’être au meilleur de notre performance, le Yoga permet de se ressourcer, de rester en harmonie avec soi, tout en étant pleinement efficace au quotidien. C’est donc un complément nécessaire à une vie active. 
Les exercices sont extrêmement riches et variés : postures (debout, assis, couché), pratiques respiratoires, développement de la concentration, initiation à la méditation, relaxation. 
A des horaires variés, dans différents lieux de Clichy, venez découvrir un art de vivre équilibrant et épanouissant.

2.     Précisions générales 

·         Cours d’essai gratuit
·         Cours pour adultes
·         Un cours par semaine, au lieu et à l’horaire où vous choisissez de vous inscrire.
·          Installations sportives récentes et équipées (chauffage, vestiaires, toilettes, douches).
·         Cours de septembre à début juillet (pause aux congés de Nöel + une semaine à Pâques).
·         Adoptez une tenue confortable permettant d’effectuer les mouvements. Pensez à vous couvrir suffisamment. Une serviette, ou un châle, pourra vous être utile pour vous envelopper lors de la relaxation finale.

3.     Horaires des cours 

- Lundi 
 17h30 à 18h45 : Salle Southwark au Marché du centre (face à la mairie ). 
 19h00 à 20h15 : Gymnase Geffroy, angle rue F. Buisson et rue Geulin 
- Mardi 
18h00 à 19h15 : Espace Henry Miller, 3 rue du docteur Calmette 
19h30 à 20h45 : Dojo du Gymnase Nelson Mandela, 7 rue des Droits de l’homme. 
- Mercredi 
17h30 à 18h45 - Gymnase Geffroy 
19h00 à 20h15 - Gymnase Geffroy 
- Jeudi 
18h00 à 19h15 – Espace H.Miller
19h30 à 20h45 - Espace H. Miller

4.     Cotisation 

Inscription à l'année ou au trimestre (98 €)
Certificat médical de moins de trois mois obligatoire
Adhésion à la fédération française de Hatha Yoga (31 euros)

5.     Renseignements et feuille d’inscription 

ou auprès du professeur, M. Christian LEDAIN, enseignant de la Fédération Française de Hatha Yoga, 

Tèl: 01 30 61 41 82 

Yoga sutras et Hatha Yoga Pradipika

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Deux ouvrages fondamentaux ont été écrits à propos du Yoga : les Yoga sutras et le Hatha Yoga Pradipika.

Connaitre au moins l’existence de ces deux livres est important pour qui s’intéresse au Yoga car ces ouvrages sont souvent cités et constituent des sources authentiques de savoir. Si le Yoga est incontestablement une pratique, c’est aussi une théorie qui prétend exposer la nature véritable des phénomènes dont la connaissance seule peut nous libérer.

 

On peut considérer les Yogas sutras de Patanjali comme l’exposé le plus harmonieux du Yoga classique. Ce recueil de 195 aphorismes fut composé entre - 300 ans av JC  et + 500 ap JC - non pas parce que l’auteur aurait mis beaucoup de temps pour l’écrire ! Mais parce qu’on ne dispose d’aucune information précise sur sa date d’élaboration, pas plus d’ailleurs que sur l’identité de son auteur.

Au fil du temps, l’habitude a été prise de nommer le Yoga exposé par Patanjali Raja Yoga (Yoga royal), ou encore Ahstanga Yoga (Yoga en huit étapes) afin de le différencier du Hatha Yoga.

La distinction entre ces deux notions est nette, tant au regard de leur contenu, que de leur origine et des méthodes qu’elles proposent.

 

Le Yoga classique de Patanjali se fonde sur la philosophie Samkhya dont il est, en quelque sorte, la mise en œuvre pratique. A ce titre, le Yoga classique fait partie intégrante de l’hindouisme et constitue l’un des Six Systèmes (sat darshana) traditionnellement enseignés à tout membre de la caste religieuse indienne, les brahmanes. Ces six points de vue sur l’univers traitent de sujets extrêmement différents et sont habituellement associés par  paires: Nyāya et VaiśeṣikaSāṃkhya et YogaMīmāṃsā et Vedānta. Tous ces systèmes ont en commun de poursuivre le même objectif ultime, le seul qui ait vraiment de l’importance aux yeux de l’Inde : parvenir à la libération complète de la souffrance inhérente à la condition humaine.


L’ouvrage de référence le plus populaire consacré au Hatha Yoga est le Hatha Yoga Pradipika (Petite lampe du Hatha Yoga) attribué à Svatmarama et composé relativement récemment (XVIe siècle ap JC).

 

A la différence du Raja Yoga, le Hatha Yoga ne fait pas partie de l’hindouisme car il intègre des éléments d’inspiration tantrique. Ainsi, comme son nom l’indique, cette discipline se propose de réaliser l’union (Yoga) du soleil (ha) et de la lune (tha). Le soleil et la lune symbolisent ici les deux aspects en apparence opposés de tout phénomène. De la même façon, l’adepte du Hatha Yoga cherche à unir en lui les pôles masculin et féminin, ainsi que les deux principaux souffles énergétiques qui circulent dans le corps subtil : Prana vayu et Apana vayu; il cherchera encore à unir Ida et Pingala, les deux canaux qui longent le canal central. Ainsi, dans les niveaux avancés de pratique, l’adepte du Hatha Yoga active l’énergie ensommeillée (kundalini), lovée au bas de la colonne vertébrale, pour la faire s’élever, tel un cobra qui se redresse en sifflant. La Kundalini progresse alors à l’intérieur du canal central (Sushumna) pour y atteindre successivement les différents centres (chakras) et y défaire les nœuds (Granthis) qui entravent sa circulation. Bien sûr, avant d’aborder ces pratiques élevées, de nombreuses techniques beaucoup plus accessibles sont abordées pour permettre à l’adepte d’obtenir un excellent état de santéphysique et mental, ce qui constitue un des objectifs premiers de la discipline.

 

S’il existe bien une distinction claire entre Raja Yoga et Hatha Yoga, on ne saurait toutefois parler d’opposition entre ces deux disciplines. Prévenant d’emblée ce risque, le Hatha-Yoga-Pradipika , expose dès sa première phrase : « Je me prosterne devant le Maître Originel, Sri Adinatha, par qui fut enseignée la science du Hatha Yoga. Cette science glorieuse resplendit comme une échelle pour qui désire atteindre les cimes du Raja-yoga » (HYP I, 1) Ainsi, le Yoga classique de Patanjali doit être pris pour l’achèvement, l’aboutissement des pratiques décrites dans le Hatha-Yoga-Pradipika.

Ainsi, la distinction entre Raja Yoga et Hatha Yoga est-elle aussi hiérarchique. Et ceci se traduit par une différenciation des méthodes. Les séances de Hatha Yoga mettent ainsi plus l’accent sur les 5 premières étapes de l’Ashtanga Yoga, notamment la mise en œuvre des postures et la maîtrise des souffles subtils, tandis que les enseignements de Raja Yoga insistent plus sur les pratiques méditatives et l’obtention du résultat suprême, le samadhi , caractérisé par l’union de l’âme individuelle (atman) avec le principe absolu (Brahman), en essence de nature identique.

 

En conclusion, on peut dire que les notions de Raja Yoga et de Hatha Yoga possèdent des origines et des contenus différents. Et cette distinction est indispensable pour avoir une compréhension claire de la nature du Yoga.

Maintenant, force est de reconnaître que cette distinction n’est pas très opératoire pour qui recherche, en France, un cours de Yoga et tâche de s’orienter dans la jungle des appellations très diversifiées qui servent à désigner les écoles.

La grande majorité des cours de Yoga dispensés en Occident sont, en fait, des cours de Hatha Yoga. Il en existe de différents niveaux, ce qui, par principe, est très bien. Malheureusement, trop souvent cette hiérarchisation est établie sur un critère formel (à savoir la difficulté technique des postures), et non sur le niveau de réalisation des participants.

Pour qu’une pratique soit réellement authentique, il est indispensable que les règles éthiques correspondant aux deux premiers stades de l’Ashtanga Yoga soit pleinement intégrées, en particulier la non-violence. Il est par ailleurs essentiel que la mise en œuvre des postures et des exercices de maitrise des souffles s’accompagne du développement de la concentration et de la stabilisation de l’esprit. En effet, « l’objectif du Yoga est de mettre fin aux tourbillons de la pensée », comme nous le précise très clairement Patanjali (Yoga Sutra, 2eme aphorisme*).

Ainsi, percevoir à la fin d’un cours de Yoga que notre esprit est plus paisible et stable constituera indiscutablement un critère précieux d’authenticité de l’enseignement.

·        *Une autre traduction possible de ce célèbre aphorisme « Yoga citta vritti nirodha » est donnée par Phan-Chon-Tôn: « Le yoga consiste à empêcher la formation des phénomènes mentaux »

.                                                                                    Christian Ledain

 

Bibliographie :

« Le Yoga de Patanjali » par Phan-Chon-Tôn, ed Adyar, 2000

« Hatha-Yoga-Pradipika », introduction, traduction et commentaire par Tara Michael, ed Fayard,1974

Purifier les souffles

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Les actes violents survenus récemment, leur médiatisation et leur ressassement peuvent amener dans notre esprit beaucoup de troubles et susciter haine, désir de vengeance et angoisse. Il est donc essentiel de protéger notre esprit de ces maux redoutables.
On pourrait s’indigner et se dire : « Mais mon esprit fonctionne très bien ! C’est la situation extérieure qu’il faut changer, rien de plus ! » A cela, deux réponses peuvent être apportées. La première immédiatement compréhensible : nous ne parvenons pas toujours à changer une situation extérieure, par contre nous pouvons toujours transformer notre esprit. Et cela est nécessaire car c’est toujours l’esprit qui fait l’expérience de la joie, du bonheur ou, au contraire, de la souffrance.
L’autre réponse nous est fournie par la loi de cause à effet : tout ce dont nous faisons l’expérience, à chaque instant, est la conséquence de nos actes antérieurs. Si je veux donc faire l’expérience de la joie, du bonheur et de la santé, je dois donc impérativement renoncer aux actes négatifs inspirés par les émotions négatives (la haine, la vengeance, la peur fondée sur l’ignorance…) et accomplir des actes inspirés par l’amour universel et l’aspiration à libérer tous les êtres vivants de leurs difficultés.
Maîtriser notre esprit est donc non seulement nécessaire, mais c’est encore possible. Pour n’aborder que des pratiques proprement laïques*, qui ne nécessitent donc aucun engagement spirituel, le Yoga met à notre disposition des pratiques puissantes et bénéfiques. Ainsi, Nadishodana, nous permet de purifier les canaux énergétiques. Par ailleurs, la méditation du calme mental nous permet de développer la concentration et de desserrer le nœud coulant que les émotions négatives enserrent autour de notre cou. Enfin, il existe aussi une pratique pour purifier les souffles qui circulent à l’intérieur des canaux subtils.
La circulation des souffles subtils (Vayus) à l’intérieur des canaux (nadis) est en relation étroite avec le fonctionnement de notre esprit. Ils sont mêmes totalement indissociables, tout comme le sont le cavalier (esprit) et sa monture (souffle). Ainsi, en prenant pour support la respiration grossière, on va harmoniser la circulation des souffles subtils dans les deux canaux principaux,Ida et Pingala. Ce faisant, on régule le fonctionnement de notre esprit, ce qui nous permet alors d’accomplir un grand nombre d’actes bénéfiques. Ces derniers génèrent alors des expériences de joie, de bonheur et nous permettent alors d’obtenir une excellente santé.

·         Phase préalable : reconnaître la pleine valeur de cette méditation

La pratique de la purification des souffles possède le double mérite d’être extrêmement simple et puissante.
Cette simplicité comporte toutefois un risque : sous l’emprise de l’ignorance, notre esprit perturbé peut ravaler cette précieuse pratique au rang de simple « truc », de vulgaire « outil pour aller mieux ». On risque alors de pratiquer sans réelle implication, sans ferveur véritable, et de délaisser rapidement cette pratique, un peu comme un enfant qui se serait lassé d’un jouet.
Pour prendre pleinement la mesure de cette méditation il faut en reconnaître pleinement les qualités.
Quant à son contenu, cette méditation repose sur la stabilisation dans notre esprit d’états émotionnels vertueux. Une inspiration élevée donnera nécessairement naissance à de grands bienfaits.
On sait, par ailleurs, qu’il ne s’agit pas du dernier outil de développement à la mode qui disparaîtra aussi rapidement qu’il est apparu. Cette pratique est très ancienne et de très nombreux méditants l’ont mise en œuvre et en ont recueilli de grands réalisations. En s’engageant dans cette pratique on suit donc un chemin extrêmement bien balisé**.
Après avoir généré une grande confiance dans l’exercice même, il s’agit maintenant de se convaincre de notre aptitude à le mener pleinement à son terme. A ce titre, nous possédons toutes les qualités requises : nous disposons d’un corps physique qui fonctionne, et celui-ci est relié à un esprit. Par ailleurs, nous avons généré la motivation appropriée : nous aspirons à nous délivrer de nos difficultés et à contribuer à l’instauration d’une paix universelle.  Donc toutes les conditions sont pleinement remplies pour accomplir fructueusement cette pratique.
Grâce à cette analyse préalable nous sommes parvenus à générer une confiance raisonnée qui nous  prémunit contre deux écueils: l’adhésion aveugle et le scepticisme. Une adhésion spontanée, non réfléchie, serait dépourvue de véritable fondement et donc se révélerait extrêmement fragile et réversible : il suffirait d’entendre un avis critique pour être déstabilisé et changer d’opinion. Inversement, un scepticisme frileux ne ferait qu’amputer la pratique de ses bienfaits.
En ravivant à chaque fois ce processus notre confiance acquerra force et stabilité nécessaires à la mise en œuvre de la pratique.

·         Principes de base

De quoi avons-nous besoin, au plus profond de nous-même, pour vivre ? Cette question essentielle qui oriente pourtant le cours de notre existence nous la perdons parfois de vue et nous entrons alors dans une routine de la vie quotidienne. Les difficiles événements récents nous incitent à faire se retour sur soi et à y répondre.
Nous avons fondamentalement besoin d’amour et de pleine santé. Dans un contexte moins grave, exprimer une telle affirmation pourrait paraître niais, mais pas en ce jour, pas au regard de ce qui s’est passé.
L’amour, à l’opposé de la haine, de la vengeance et de la peur. La pleine santé, la protection de la vie, celle des autres et la sienne, à l’opposé de la mort que l’on donne aux autres et à soi-même.
Maintenant que nous reconnaissons clairement ce qui est le plus précieux, comment l’obtenir ? Cette méditation nous l’enseigne.
L’univers entier est imprégné d’énergie, de Prana. Et cette énergie est particulièrement présente dans l’air. Nous allons donc pouvoir puiser à l’extérieur cette énergie, l’absorber, l’emmagasiner à chaque inspiration.
Par ailleurs, la pensée chevauche le souffle comme le cavalier chevauche sa monture : la conscience et le Prana sont indissociables. Nous allons donc pouvoir associer une pensée bénéfique à notre inspiration, pour donner pleine puissance à celle-là.
Et, ce que nous avons pris, à l’inspiration, nous allons ensuite le transmettre autour de nous à chaque expiration. Car, contrairement à ce que croit notre esprit dualiste, qui sépare arbitrairement « moi » et « les autres », plus je donnerai et plus je recevrai.
Il suffit de pratiquer pour s’en convaincre.

·         Prendre et diffuser l’amour inconditionnel

Installé fermement, le dos bien droit, à chaque inspiration, je puise un sentiment d’amour universel, inconditionnel, et je laisse cette émotion me remplir complètement.
A chaque expiration je diffuse cet amour autour de moi. Je souhaite alors que tous les êtres vivants soient libérés de toutes leurs difficultés et fassent l’expérience d’un bonheur durable. Je le souhaite vraiment de tout cœur. Dans un premier temps, je diffuse cet amour dans un rayon d’action limité, quelques mètres, tout autour de moi. Puis, j’élargirai progressivement le champ de mon action en veillant à n’exclure aucun être vivant.
Parfois notre esprit se trouve tellement perturbé qu’il ne nous est plus possible de générer spontanément ce sentiment d’amour. Nous pouvons alors puiser dans notre mémoire. Peut-être avons-nous vu un beau film où de nobles sentiments se trouvaient exprimés, et cela nous a ému. Sans doute avons-nous déjà éprouvé un amour authentique pour un autre être vivant. Cet événement a laissé une trace (vasana) dans notre esprit et nous pouvons la faire resurgir, la régénérer.
Il est souhaitable de porter cette émotion à incandescence. Bien sûr, au départ, ce ne sera sans doute qu’un tison. Mais après quelques respirations cette braise sera devenue un foyer puissant qui irradiera tout autour de nous, produisant des effets puissants.
Au bout d’une minute je sens que la pratique agit en moi favorablement. En poursuivant, je me sens de mieux en mieux et je parviens à stabiliser cet état d’humeur. Toute ma journée se trouve ainsi modifiée. En m’entrainant régulièrement, je parviendrai à contrecarrer l’installation d’états mentaux négatifs dans mon esprit.
Cette pratique s’avère particulièrement utile dans un environnement troublé où l’esprit des personnes est plus facilement en proie à l’inquiétude et aux errements. Aussi, en protégeant par cette méditation notre esprit nous serons mieux à même d’aider les autres êtres.

·         Prendre et diffuser la pleine santé

Il est possible d’accomplir la première pratique seule. Mais on peut aussi la compléter par la seconde. Pourquoi un tel ordre ? Parce que l’amour constitue la base d’une excellente santé.
Pour générer cet excellent état de santé, il est possible de s’aider en visualisant des rayons de lumière. Ils entrent en nous à l’inspiration et nous imaginons qu’ils nous soignent. A l’expiration, nous visualisons que des rayons de lumière sortent de nos narines et se dirigent vers les autres êtres pour les apaiser et les soigner complètement.
Il est possible d’enrichir cette pratique en visualisant des rayons de lumière de couleurs différents qui correspondent aux 5 éléments qui composent le monde matériel : Feu, Eau, Terre, Air, Espace ***. En effet, selon la médecine traditionnelle, lorsque ces éléments sont en harmonie dans le corps, alors la personne expérimente un état d’excellente santé, tandis qu’un déséquilibre persistant conduit à l’apparition d’une pathologie.

conclusion

Ainsi, les sombres événements récents nous éperonnent et nous incitent à nous tourner vers la lumière pour la faire rayonner autour de nous.
La purification des soufflesexposée ci-dessus nous donne un moyen pour réaliser pleinement le potentiel que chaque être vivant recèle en soi.
On veillera à ne pas pratiquer de façon distraite, ou routinière, et on générera un grand enthousiasme, une réelle ferveur afin de recueillir pleinement les bienfaits de cette pratique. Aussi, la phase préalable qui consiste à faire mûrir l’esprit et à reconnaître l’importance de cette méditation est essentielle.
Dans une séance de Yoga cette purification des souffles pourra harmonieusement prendre place après le nettoyage des canaux (Nadi Shodana), avant d’aborder la Salutation au Soleil(Surya Namaskar)****.
Christian Ledain
professeur de Hatha Yoga, Maître initiateur de Reiki

NOTES

* Il existe, bien sûr, à côté de ces pratiques laïques d’autres pratiques qui nécessitent la dévotion envers un maître spirituel (Gourou), ainsi que le respect de rituels intégrant la récitation de mantras, l’accomplissement de gestes codifiés (mudras), ainsi que des visualisations mentales nécessitant une grande concentration. La nature et le contenu de ces pratiques varie alors selon la voie spirituelle retenue par l’adepte du Yoga (hindouisme, bouddhisme ou jaïnisme).

**La pratique ici décrite sert d’ailleurs de base à un exercice de sophrologie très utilisé pour mener à bien un projet personnel ou professionnel. Il consiste à se projeter mentalement dans la réussite.


***Le corps physique, grossier (sthulasharira), est composé de 5 éléments (panchabhuta) qui servent à constituer tout phénomène matériel : Feu (tejas), Eau (ap), Terre (prithvi), Air (vayu), Espace (akasha). Les phénomènes naturels que nous connaissons sous la désignation feu, eau, terre, air et espace sont des agencements particuliers de ces différents éléments, selon des proportions variables. Ainsi l’élément Eau composera de façon prépondérante tous les liquides qui circulent dans le corps (sang, lymphe, urine). L’élément Terre participera de façon prioritaire à constitution de tout ce qui structure, charpente le corps humain et en assure la solidité : les os, les vertèbres, les cartilages, les réseaux nerveux et sanguins. L’élément Vent sera majoritairement présent dans tout ce qui est gazeux à l’intérieur du corps et sera présent dans les poumons et les intestins. L’élément Feu se manifestera tout spécialement dans la production de la chaleur corporelle et dans le feu digestif. Enfin, l’Espace est enfin présent est omniprésent dans le corps et permet à toutes les phénomènes de se manifester. (cf. Hatha-Yoga-Pradipika, introduction de Tara Michael, p71). 

**** Voir nos articles concernant ces deux pratiques

Anuloma Viloma

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fragment peinture moghole , 1820, British Muséum
Anuloma Viloma appartient aux pratiques de Pranayama, la maîtrise du souffle grossier (respiration) et du souffle subtil (énergie).

A l'occasion d'une séance de Yoga, AnulomaViloma vient harmonieusement s’insérer après Nadi Shodana (la purification des canaux) dont il constitue le prolongement naturel.

En effet, Anuloma Viloma, tout comme NadiShodana, comprend une respiration alternée (on respire tantôt par une narine, tantôt par l'autre). Mais on introduit ici deux modifications importantes. Tout d'abord, une rétention du souffle, les poumons pleins; prend place après l’inspiration. Par ailleurs, la durée de chaque phase (inspiration, expiration et rétention) se trouve individualisée.

NadiShodanarequerrait de la vigilance parce qu’on risquait de laisser facilement l’esprit vagabonder, compte tenu du caractère linéaire de l’exercice. AnulomaViloma exige de la concentration pour la raison inverse: il convient de respecter scrupuleusement la durée propre à chaque temps de la respiration.

1.    LA TECHNIQUE

1.1.Le positionnement du corps

Comme toute pratique énergétique, l’adoption d’une posture méditative est recommandée. On pourra ainsi choisir  Padmasana (le lotus), Siddhasana (la posture dite parfaite) ou Vajrasana (posture de la foudre). Bien sûr, en cas d’impossibilité, on recourra à Sukkasana (posture confortable, en tailleur); voire même, on pourra s’installer sur une chaise, à condition que la colonne soit parfaitement droite.

Le placement des mains est simple : la main gauche repose sur le genou gauche, tandis qu’on place l’index et le majeur de la main droite au milieu du front. On va ainsi utiliser le pouce et l’annulaire de celle-ci pour obturer les narines.

1.2.Le descriptif d’un cycle

Un cycle respiratoire dans Anuloma Viloma comprend six phases:

 . Fermer la narine droite avec le pouce et inspirer à gauche. L’inspiration est rapide.

 . Fermer aussi à la narine gauche, avec l’annulaire, et retenir le souffle, les poumons pleins. Les deux narines sont ainsi obturées.

 . Ouvrir la narine droite et expirer par la seule narine droite, lentement.

. Immédiatement après, inspirer rapidement à droite.

 . Fermer aussi la narine droite avec le pouce et retenir le souffle, les poumons pleins. Les deux narines sont obturées.

. Ouvrir à gauche et expirer par la seule narine gauche, lentement.

Dans Anuloma Viloma il n’y a donc aucune rétention de souffle poumons vides : dès que l'air a fini d’être expulsé, on inspire aussitôt. On doit tout particulièrement veiller à ce que l’expiration soit complète : il ne doit rester aucun air résiduel dans les poumons en fin d’expiration.

1.3.La durée de chaque phase

Dans AnulomaViloma; l’expiration dure deux fois plus longtemps que l’inspiration. Et, la rétention du souffle dure, elle-même, deux fois plus longtemps que l’expiration.

Le rythme recommandé pour un cycle complet est donc le suivant: inspiration 2 temps – rétention à plein 8 temps - expiration 4 temps  - rétention à vide 0 temps.

Ce rythme doit être constamment respecté durant tout le temps de l’exercice. Et cela suffit à occuper pleinement notre esprit ! On constate facilement qu’à la moindre distraction, on s’écarte instantanément de ce tempo.

Selon les capacités respiratoires de chaque personne l’unité de temps variera. Ainsi, pour telle personne « un temps » équivaudra à une demi-seconde ; pour une autre personne cela représentera une seconde ; enfin, pour une troisième personne ce sera deux secondes. Toutefois, on ne doit jamais rechercher la performance car ce serait la manifestation d’une perturbation mentale : la durée retenue doit être naturelle et correspondre à chacun.

On constatera qu’avec l’entrainement cette durée évolue progressivement pour chacun d’entre nous. Ce changement résulte de la modification de notre capacité respiratoire (le volume d’air pouvant être inspiré). En effet, dans notre vie quotidienne, stressée, sédentaire, nous ne mobilisons qu’une petite partie de nos poumons. Par conséquent, un grand nombre d’alvéoles pulmonaires ne se trouvent pas sollicitées. Elles végètent et ont ainsi tendance à s’atrophier. Par la pratique du Yoga, et notamment des exercices de Pranayama, nous sommes incités à mobiliser pleinement nos poumons, ce qui accroit considérablement notre capacité respiratoire.

Par conséquent, une personne débutante qui pratique AnulomaViloma, adoptera pour commencer une unité de temps équivalent à une demi-seconde, puis passera au bout de quelques jours à une seconde, puis peut être à deux secondes.

Une précision essentielle doit être apportée :Jalandharabandha (le verrou placé au niveau de la gorge) doit être impérativement installé dès lors que la rétention du souffle, les poumons pleins, excède plus de 10 secondes.

Comme le temps d’inspiration est relativement court au regard de la durée de l’expiration et de la rétention de souffle, l’air pénètre alors avec une grande rapidité. Comme ce débit est intense, le passage de l’air crée une sensation de léger frottement à l’intérieur des fosses nasales. Cette sensation ne doit pas être évitée, bien au contraire ! Elle est l’indication d’une pratique correcte. L’absorption de l’énergie au niveau des fosses nasales se trouve alors accrue.

On constate, par ailleurs, que l’une de nos narines est plus puissante que l’autre et que l’air entre par conséquent beaucoup plus facilement. On ne doit pas en être troublé, ceci est naturel et vaut pour chaque personne. Le débit de l’air qui passe à l’inspiration par la narine « plus faible » se trouve ainsi accentué, ce qui, rappelons-le, est une condition pour que l’absorption de l’énergie soit démultipliée.

Les exercices de Yoga ne constituent pas de simples exercices techniques, mais impliquent l’ensemble de la personne. Par conséquent l’installation d’une attitude mentale juste est nécessaire.

2.    L’ATTITUDE MENTALE

L’attitude mentale du pratiquant comporte un double aspect : la concentration et la motivation.

2.1.La concentration

Nous avons déjà parlé en préambule de la nécessité de développer une attention soutenue afin de pouvoir réaliser la pratique d’un point de vue technique. En effet, il nous faut compter mentalement les temps correspondant à chaque phase : deux temps à l’inspiration, huit temps lors de la rétention du souffle et quatre temps lors de l’expiration. Notre pente naturelle, hélas !, sera de tout niveler. Si on n’y prend garde, on ramènera ainsi insensiblement toutes les phases à quatre temps, ce qui ruine tous les bienfaits de cette pratique.

Il faut donc une attention soutenue pour maintenir exactement la durée des différentes phases.

Mais ce n’est pas tout : il faut aussi compter le nombre de cycles que l’on accomplit et savoir, à tout moment, où l’on en est : troisième, cinquième ou neuvième cycle ? Heu !!!! Pour ne pas se perdre on va donc s’aider en comptant le nombre de cycles accomplis sur nos doigts de la main gauche qui est inactive. De cette façon on parviendra sans aucune difficulté à réaliser les différents comptages requis par l’exercice.

Pour qu’Anuloma Viloma dispense pleinement ses bienfaits il faut encore que la réalisation technique soit soutenue par une motivation correcte.

2.2.La motivation juste

Selon les capacités des personnes deux formes d’aspiration pourront être générées pour fertiliser la pratique.

Le premier état mental consiste à imaginer qu’à l’inspiration on prend tout ce qui est nécessaire à l’obtention de notre bonheur et de notre plein état de santé ; et à l’expiration, on imagine qu’on évacue tous les problèmes, toutes les difficultés physiques ou mentales qui nous assaillent : maladie, anxiété, stress, irritabilité. C’est le niveau élémentaire, immédiatement accessible.

Les personnes plus avancées dans la pratique du Yoga, celles qui ont intégré la notion de karma et donc compris que tout ce dont nous faisons l’expérience découle de nos actes antérieurs, ces personnes-là pourront générer un état mental plus vaste. Lors de l’inspiration on puise toutes les causes de bonheur et de santé : l’amour authentique, l’altruisme, la générosité, l’éthique ; et lors de l’expiration on se libère de toutes les causes de difficultés, à savoir les poisons de l’esprit qui nous amènent à accomplir des actes négatifs : la haine, le désir de vengeance, l’attachement, la jalousie, l’orgueil,…

Si l’on est lucide et si l’on gratte bien, on trouve toujours quelque chose à purifier, à nettoyer ! Et de cette façon on progresse. Beaucoup de personnes stagnent dans la pratique du Yoga parce qu’elles se cantonnent à une approche purement physique et n’’approfondissent pas la dimension intérieure, pourtant essentielle. C’est regrettable car cette dimension de la pratique pourra être approfondie tout au long de notre existence, tandis que les capacités physiques de notre corps déclineront. Ainsi, même à un âge très avancé, on pourra continuer à progresser, à se sentir avancer sur son chemin de vie.

Après avoir détaillé les aspects techniques et mentaux qui permettent d’accomplir correctement la pratique, on peut préciser comment intégrer AnulomaViloma dans une pratique journalière.

3.    La pratique journalière

Vous pouvez mettre en œuvre AnulomaViloma dès lors que vous parvenez à maitriser la respiration complète (en trois parties) et que vous ressentez les bienfaits de NadiShodana (purification des souffles).

Une personne qui découvre AnulomaViloma commencera à se familiariser avec cette technique de Pranayama en accomplissant quelques cycles (environ 5). Puis elle marquera une petite pause et pourra recommencer une nouvelle série.

Une fois ce stade dépassé, une excellente pratique journalière consisterait à effectuer 10 cycles le matin et 10 cycles le soir. Bien sûr, chacun fera selon ses possibilités.

Il sera même possible, pour les pratiquants les plus motivés, d’accomplir une série de 40 cycles d’affilée. Mais cela ne doit se faire que progressivement, au fil des semaines, et à condition de se sentir de mieux en mieux.

4.    Les bienfaits

Les bienfaits reconnus d’Anuloma Viloma sont nombreux. Cette pratique de Pranayama permet de façon générale de mettre à distance les maladies. Elle améliore le fonctionnement du système digestif. Elle assure la purification des canaux énergétiques et permet d’  « emmagasiner » une grande quantité d’énergie, ce qui soutient et stimule les différentes fonctions vitales du corps. Elle permet aussi de développer la capacité respiratoire et atténue considérablement les problèmes d’asthme.

CONCLUSION

AnulomaVilomaest une technique classique de Pranayamaconnue depuis de nombreux siècles et accessible à tous.

Intégrée à votre séance quotidienne, cette technique prendra harmonieusement place en début de séance après la mise en œuvre de NadiShodana et peut être avant d’autres pratiques plus élaborées, telles Samavritti Pranayama. Mais il n’est pas indispensable d’ «accumuler » les techniques. Tout désir de performance doit être évacué de votre esprit et seule l’aspiration à aller de mieux en mieux, pour vous aider vous-même et aider autrui, doit vous servir de guide.

Christian Ledain

SURYANAMASKAR

3 destinations et 3 moyens d’action

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Quand on participe à un cours de Yoga, le professeur ne cesse de nous inviter à laisser l’esprit reposer, à réguler le souffle et à nous recentrer constamment sur les sensations du corps. Pas facile ! Et certaines personnes pourraient se dire : « Mais enfin ! Ne pourrait-on pas simplement « faire des postures », et rien d’autre ! »

Au mieux, on obtiendrait des résultats physiques assez pauvres, comparables à ceux d’une simple gymnastique. Au pire, on accentuerait nos difficultés, au lieu de nous en délivrer.

Le Yoga est une discipline complète qui unifie les activités du corps, du souffle et de l’esprit. Cette maitrise n’a rien de futile car elle poursuit une finalité : nous permettre d’atteindre certains objectifs. En cela, la pratique du Yoga s’apparente au Voyage.

1.       Le choix d’une destination


D’abord, il nous faut choisir une destination. Imaginons que résidant à Paris, nous ayons le choix de nous rendre en différents lieux, plus ou moins lointains: Marseille, Istanbul, ou encore Vârânasî.

De tels noms suggèrent les objectifs plus ou moins aisément accessibles au pratiquant du Yoga.

                11. l’amélioration des conditions de vie


On peut, tout d’abord, chercher à diminuer les problèmes qui tourmentent notre corps et notre esprit①. Il est ainsi possible de souhaiter être moins agité, stressé, nerveux, angoissé, anxieux, colérique, déprimé, apathique…

A cette litanie des maux de l’esprit s’ajoute celle des difficultés physiques. On peut donc souhaiter perdre du poids, ou bien en gagner, atténuer hypertension artérielle, asthme, constipation, maux de tête, et rendre l’organisme plus robuste et plus souple, ou bien encore renforcer les défenses immunitaires pour éloigner une maladie grave, avoir une belle peau...

Toutes ces aspirations sont excellentes et pleinement légitimes. Elles correspondent au premier degré de la pratique, c’est-à-dire à une amélioration générale de notre vie ordinaire. Cependant, nous baignons toujours dans le quotidien, qui, par nature, ne peut nous procurer de bonheur ni authentique, ni durable.

Lorsqu’on obtient certaines améliorations significatives dans un de ces domaines, on peut souhaiter aller plus avant et plus en profondeur dans la pratique du Yoga, un peu à la manière de notre voyageur qui, parvenu à Marseille, décide alors de se rendre à Istanbul, aux portes de l’Orient.

12. Les siddhi


Le Yoga permet de développer des pouvoirs surnaturels, ainsi que l’expose Patanjali dans la troisième partie des YogaSutras, intitulée Des Résultats (sutra 16 et suivants). De telles réalisations découlent de la maitrise des trois dernières phases de la pratique : la concentration (Dhâranâ), la méditation (Dhyâna) et la contemplation (Samâdhi) ②.

Les pouvoirs principaux (mahasiddhi) sont au nombre de huit (YS, III, 46). On distingue ainsi l’atomicité (Animâ), qui confère au Yogi la capacité à réduire la taille son corps. Inversement, la majesté (Mahimâ) lui permet de devenir immensément grand. Grâce à la légèreté (Laghimâ) son corps peut devenir aussi léger qu’une plume. Et, inversement, la lourdeur (Gharimâ) lui permet d’accroitre énormément son poids. Par la capacité à rendre proche tout ce qui est lointain (Prâpti), l’adepte du Yoga peut guérir toute maladie, comprendre tout phénomène et même « toucher la lune ». Grâce à la volonté non restreinte (Prâkâmya), il peut devenir invisible, pénétrer dans le corps d’un autre être et rester jeune aussi longtemps qu’il le souhaite. Par le contrôle sur les choses et les êtres (Vashitvam), le Yogi ne peut être maitrisé par quiconque, mais, lui, peut adoucir les bêtes sauvages et dompter les êtres humains féroces. Enfin, le déploiement de la souveraineté (Ishatvam), lui confère une telle suprématie qui lui permet de redonner vie aux morts.

A ces principaux pouvoirs, s’ajoutent de nombreux siddhi considérés comme mineurs. Ils permettent notamment d’être délivré de la faim et de la soif (YS, III, 31), de devenir insensible à la douleur, d’adopter n’importe quelle forme et de léviter (YS, III, 40). Le Yogi parvient aussi à connaitre le moment de la mort (YS, III, 23), à entendre les sons et voir les phénomènes sur de très longues distances (pouvoirs de clairaudition et de clairvoyance, YS, III, 42), à se souvenir du passé (remémoration de ses vies antérieures, YS, III, 18), connaitre l’avenir (YS, III, 26) et lire dans les pensées d’autrui (YS, III, 19).

La manifestation de tels pouvoirs n’est pas le privilège du Yoga et on en trouve trace dans toutes les traditions qui recherchent l’élévation de l’être humain.

Les biographies de Yogis regorgent d’anecdotes savoureuses, de récits dans lesquels ces pouvoirs merveilleux se manifestent.

Mircea Eliade dans Patanjali et le Yoga cite l’exploit du sâdhu Haridas③ qui, en 1837, entouré du Maharadja du Pendjab, Ranjit Singh, et d’une assemblée de médecins français et britanniques, s’était fait enterré vivant, en posture méditative, durant 40 jours, sans nourriture, ni boisson. Au bout de cette période, le corps du Yogi avait été déterré, toujours en présence des mêmes témoins. Plongé en état cataleptique, le corps avait alors été frotté et massé longuement. Au bout d’une heure, le Yogi, revenu pleinement à lui, avait pu reprendre une conversation ordinaire. Cependant, Mircea Eliade n’oublie pas de nous rappeler que ce Yogi menait en parallèle une vie de débauche et que certaines personnes de son voisinage s’en étaient plaintes au Maharaja. Menacé d’être chassé de Lahore, Haridas avait alors pris les devants, s’était enfui dans la montagne où il y était mort, cette fois-ci pour de bon !

Dans un autre récit④, un jeune Yogi, au corps gracieux, fut sollicité par un vieillard afin de déplacer le corps d’un éléphant mort qui flottait dans une rivière, et dont la décomposition risquait de contaminer l’eau d’un village. Le vieillard promit au jeune Yogi de veiller sur sa dépouille tandis que son esprit entrerait dans le corps de l’éléphant afin de le déplacer. Lorsque cela fut fait, le Yogi voulut réintégrer son corps jeune. Malheureusement, le vieillard, qui avait acquis la maitrise de certaines techniques, n’avait pu résister à la tentation de laisser sa vieille enveloppe charnelle et de s’emparer du corps jeune du Yogi. Donc, l’esprit de celui-ci ne put réintégrer son corps initial et dut momentanément entrer dans l’enveloppe charnelle d’une colombe !

Tout cela est irrésistiblement drôle et montre que la maitrise de tels siddhin’est pas l’apanage des saints. Il est d’ailleurs soigneusement précisé que l’acquisition de telles capacités ne doit pas être recherchée pour obtenir gloriole ou pouvoir de nuisance sur autrui. Et, le mésusage de tels pouvoirs se paie inévitablement de conséquences karmiques terribles. Voilà pourquoi le respect de l’éthique ⑤constitue une pratique préparatoire au Yoga et doit être constamment cultivée. Les pratiques permettant l’accès à de telles réalisations ne doivent être enseignées qu’à ceux dont l’espritest pur, c’est-à-dire orienté vers la connaissance et le bien.

                13. La libération du cycle des renaissances


Le déploiement des siddhi ne constitue toutefois pas l’objectif ultime de la pratique du Yoga. De même que la voyageur, qui a gagné Istanbul, après avoir atteint Marseille, sent naitre en lui l’aspiration à se rendre à Vârânasî, le Yogi ,qui a commencé par améliorer sa condition de vie ordinaire, puis a développé ses capacités d’action, peut souhaiter atteindre le bonheur ultime en mettant un terme au cycle de ses renaissances (samsara).

Lorsqu’il n’est plus soumis à l’obligation de reprendre naissance, il est devenu un « délivré vivant » (JivanMukta).

Nous avons ainsi exposé les 3 objectifs que peut rechercher un adepte du Yoga, en comparant le pratiquant à un voyageur qui se propose d’atteindre des destinations de plus en plus lointaines.

Lorsque sa destination est fixée, le voyageur peut alors se soucier des formalités pratiques et organiser son périple.

2.       Les moyens


Pour entreprendre notre voyage il nous faut réunir plusieurs éléments : un véhicule adapté, une quantité suffisante de carburant et disposer d’un bon conducteur. De la même façon, le pratiquant du Yoga a besoin d’un corps humain, d’énergie vitale et d’un esprit régulé.

21. un corps humain


Notre corps humain symbolise le véhicule et il n’en est pas de plus adapté à la pratique.

Et, cet outil précieux entre tous, n’est pas le corps idéalisé d’un mannequin, ou d’une starlette : c’est ce bon vieux corps avec lequel nous avançons jour après jour, avec ses limites que nous devons respecter et ses qualités que nous devons pleinement reconnaitre.

Que notre nez soit un peu court, ou un peu long, que l’on pèse 50 ou 120 kg n’est d’aucune importance pour la pratique et ne nous empêchera pas de progresser sur la voie. Car ce qui compte véritablement, c’est que ce corps soit vivant, complet, doté de claires facultés sensorielles et, enfin, relié à un esprit. Et, finalement, tout se passe plutôt bien pour l’instant !

De la même façon, il nous suffit que notre voiture dispose d’un équipement standard et n’ait pas de pneu crevé, ni de phare endommagé. Et s’il y a quelque rayure sur la portière, nous nous en accommodons car cela ne nous empêche pas d’avancer.

Le Yogi prend soin de son corps, en particulier en lui faisant adopter des attitudes physiques correctes que l’on nomme postures.

Parfois, certains Yogis, les sâdhus, circulent nus, le corps recouvert de cendres, signifiant ainsi leur renoncement aux prétendus plaisirs du monde. Mais, pour quelques années encore vous pouvez garder robes et costumes !

22. l’énergie vitale


De même qu’un véhicule ne se suffit pas à lui-même, mais a besoin de carburant, le corps humain a besoin de Pranapour assurer toutes ses fonctions physiologiques.

Dans une voiture, l’essence fournit la force qui fait tourner le moteur et produit l’électricité qui permet d’abaisser les vitres, de faire fonctionner les phares, la radio… Cette énergie doit donc être non seulement présente en quantité suffisante, mais elle doit aussi être bien distribuée pour permettre le fonctionnement des différents accessoires.

Dans notre corps, des choses comparables se produisent. Il nous faut puiser dans l’air et dans nos aliments suffisamment d’énergie vitale, du Prana. Mais, en plus, ce Prana doit circuler harmonieusement dans les 72 000 canaux de notre corps subtil.

Si un déséquilibre s’installait de façon durable dans la circulation de cette énergie, une pathologie physique ou mentale ne manquerait pas d’apparaitre.

Les Yogis manifestent donc, au moment de leur pratique, une attention constante au souffle et parviennent ainsi, au moyen d’exercices spécifiques (Pranayama), à maitriser la distribution de l’énergie dans leur corps subtil.

23. un esprit régulé


Un véhicule au réservoir rempli de carburant ne suffit pas à nous amener à Marseille. Il faut encore, et c’est le plus important, disposer d’un conducteur qui dispose de qualités certaines. Il ne doit ainsi pas être sous l’emprise de perturbations mentales. En effet, un chauffeur énervé, débordé par la colère, risquerait de déclencher un grave accident. De façon identique, si ce chauffeur était sous l’emprise de la torpeur, abruti par la fatigue, ou de la distraction, consultant ses mails au volant, nous risquerions de ne jamais arriver à destination.

De la même façon, l’adepte du Yoga s’applique constamment à maitriser son esprit.

Cette régulation revêt deux aspects : la génération de la motivation juste et le développement de la concentration.

Grâce à la bonne motivation, l’esprit se dirige dans la bonne direction, tout comme le conducteur s’engage sur l’autoroute du Sud pour atteindre à Marseille et ne s’égare pas en empruntant la route de Calais.

Grâce à la concentration nos pratiques deviennent puissantes, efficaces, tout comme le conducteur avance rapidement vers sa destination.

Il en va de même avec le Yoga : pour pouvoir utilement adopter les postures (asana) et réguler le souffle (Pranayama), l’esprit doit être orienté dans la bonne direction et stabilisé. On doit ainsi être inspiré par une noble motivation : vouloir se libérer de tout problème physique et mental et souhaiter contribuer au bonheur de tous les êtres vivants. Cette bienveillance universelle doit être accompagnée de la concentration : l'esprit de doit plus être attaché aux pensées, ballotté par elles, mais doit s’en désintéresser et les laisser finalement se dissoudre dans l’esprit d’où elles avaient émergé.

Motivation correcte et concentration se complètent et sont en réalité indissociables. Ainsi, lorsque notre esprit est imprégné de bienveillance, toutes nos actions deviennent bénéfiques et constituent des sources de bonheur. Nous avançons alors dans la bonne direction. Par ailleurs, quand l’esprit est stabilisé, il devient puissant. Nous nous rapprochons alors rapidement de notre objectif.

S’il manquait la bienveillance nous pourrions générer des effets très puissants, mais néfastes. Et mieux aurait alors valu ne jamais s’engager dans la pratique. Si, par contre, l’esprit est empli de bienveillance, mais dépourvu de concentration, il tremble, vacille et ne peut rien accomplir.

Conclusion


Il est donc indispensable à chaque instant de la pratique d’unir une attitude corporelle juste, une maitrise du souffle, et une activité mentale régulée, imprégnée de bienveillance de et de stabilité.

Tout ceci nous apparait maintenant avec grande netteté grâce à la comparaison du Yoga et du voyage. Pourtant, ces raisonnements si simples sortent du cadre habituel de nos pensées, de notre mode de fonctionnement ordinaire et risquent de nous redevenir bientôt étrangers. Il faut donc, pour avancer dans la pratique du Yoga, se familiariser, encore et encore, avec ces notions et avec leur agencement. Et cela s’appelle méditer.

Nous avons adopté ici le point de vue d'une personne qui aborderait la pratique du Yoga en recherchant une amélioration de ses conditions d'existence ordinaire et qui, obtenant dans ce domaine certains résultats, élargirait alors son aspiration en vue de développer des siddhi, puis de se libérer complètement du samsara. Mais il est des personnes qui sont d'emblée intéressées par cette finalité ultime de la pratique. Passeront-elles alors à coté de bienfaits plus accessibles (diminution des problèmes de santé physiques et mentaux) ? Non, ces bienfaits seront accordés par surcroit, à mesure qu'elle avancera.
Christian Ledain

christianledain@wanadoo.fr

Notes


A propos des bienfaits du Yoga mesurés par la science médicale on pourra consulter le mémoire du Docteur Bruno Journe qui fait état des études disponibles à la date de juin 2010. Le Yoga, la médecine et les addictions, Mémoire, Capacité d’addictologie 2009-2010, Bruno Journe, pages 7 à 23

La maîtrise complète de ces trois aspects de la pratique (concentration (Dhâranâ), méditation (Dhyâna) et contemplation (Samâdhi)) est appelé Samyama. Voir le commentaire par Phan-Chon-Tôn du sutra 35, chapitre III, des YogaSutra, in Le Yoga de Patanjali, edition Adyar, 2000  

Sur l’aventure du Yogi Haridas on pourra consulter le début de laPréface de Mircea Eliade Patanjali et le Yoga ed. Points, collection Sagesses. On pourra aussi se référer à l’ouvrage de John Martin Honigberger dont s’inspire Mircea Eliade (John Martin Honigberger Thirty-five Years in the East, London, 1852, Réimprimé New Dehli, 1995, pages 130 à132 ), ainsi qu’à un article paru le 22 aout 1880 dans le London Daily Tégraph, The True Story of Sadhu Haridas, a 19th Century Yogi Phenomenon cf.("Buried for Forty Days" (news article from the Daily Telegraph)

Phakyab Rinpoche et Sofia Stril-Rever,La méditation m’a sauvé, éditionle Cherche Midi, 2014

l’éthique est exposée par Patanjali dans les deux premières phases de l’AshtangaYoga, Yama et Niyama

Bibliographie


Mircéa Eliade, Patanjali et le Yoga, ed. Points, collection Sagesses

Mircéa Eliade Le Yoga,Immortalité et liberté, Bibliothèque historique Payot, 1991

Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, ed. Robert Laffont, collection Bouquins, 1987

Phan-Chon-Tôn, Le Yoga de Patanjali, ed. Adyar, 2000

Tara Michael, Hatha-Yoga-Pradipika, ed. Fayard, 1974

Karma

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liberté et responsabilité


 
Quand on pratique le Yoga c’est souvent pour se libérer de difficultés physiques ou mentales et obtenir une meilleure santé.
Etablir ce rapprochement entre nos actions et leurs conséquences, c’est comprendre la loi du karma. Et il ne saurait y avoir de pratique authentique du Yoga sans la pleine intégration de cette loi car comment pourrait-on obtenir les résultats désirés sans en avoir générer préalablement les causes ?
La loi du karma se manifeste parfois d’une façon grossière, immédiatement perceptible. Mais, quelquefois elle se déploie d’une façon subtile qui échappe à nos perceptions ordinaires. Ainsi, lorsqu’à la suite d’un meurtre, l’auteur est conduit en prison, nous établissons très facilement la relation de cause à effet entre ces deux événements. Pourtant, on sait bien que tous les meurtriers ne finissent pas emprisonnés et que certains terminent leurs jours, à un âge très avancé, dans une riche demeure, entouré de nombreux serviteurs. « Où est la loi du karma là-dedans et où est la justice ? » peut-on alors se demander. Révolté, on pourrait même renoncer à toute éthique et choisir de se comporter en malfrat, ce qui serait une erreur grossière, source de graves difficultés.
Il est donc nécessaire de clarifier la notion de karma (I) et de préciser les principes éthiques qui en découlent (II).

I Une notion simple au contenu très riche

Les lignes générales de la loi du karma sont faciles à comprendre.

11 Une notion aisément compréhensible dans son principe

Tout acte engendre des conséquences qui sont de même nature que l’acte initial. Ainsi, lorsque je regarde par ma fenêtre et que je vois un chêne, je sais avec certitude qu’un gland a été à son origine, et que cela ne peut en aucun cas  être un noyau de pêche, ou un pépin de pomme.
Le gland est donc la cause essentielle de l’apparition du chêne.
Mais, le gland n’a pas suffi à lui seul à donner naissance à ce chêne. Il a aussi fallu la présence d’une terre suffisamment fertile, d’un ensoleillement adéquat et d’un certain taux d’humidité. Toutes ces circonstances sont les conditions qui ont permis à la cause d’être pleinement efficiente.
Ce mécanisme n’est pas propre à l’arboriculture : il est à l’œuvre dans tous les événements de notre vie et vaut, de façon générale, pour tous les phénomènes.
Le principe général énoncé, voyons maintenant plus en détail les propriétés de la loi du karma.

12 Les nombreuses propriétés de la loi du karma éclairent des situations très diverses

La notion de karma va permettre d’expliquer de nombreux aspects de notre vie quotidienne qui apparaissaient obscurs. Ainsi quatre principes régissent la loi du karma :
1.     Le karma est certain
Lorsqu’une action a été accomplie, qu’elle soit positive ou négative, il n’est pas possible d’échapper à la conséquence de cette action. Ce résultat surviendra nécessairement lorsque le karma sera arrivé à maturité, tout comme le fruit devenu mûr se détache de l’arbre et tombe.
Ainsi, un meurtrier aura beau se cacher, déjouer les investigations de la police, il ne pourra échapper à son karma qui s’actualisera inévitablement. Inversement, telle personne qui aura accompli un acte bénéfique, comme donner de la nourriture à un être qui a faim, recueillera nécessairement les bienfaits de son acte généreux, sous la forme de conditions matérielles favorables.
Maintenant, le moment où le karma s’actualise ne nous est pas connu d’avance et le délai qui s’écoule entre la commission de l’acte et sa rétribution peut être court, long, voire très long (plusieurs vies). Si nos capacités étaient extrêmement développées nous pourrions avoir une perception directe du moment où telle action arrivera à maturité et donnera naissance à tel événement. Mais, si quelques êtres qui ont déployé pleinement leur potentiel sont en mesure de le faire, cela échappe pour l’instant au champ de nos capacités.
Comment donc comprendre l’événement que nous évoquions précédemment : le mafioso qui après avoir tué plusieurs personnes meurt dans sa riche villa sans avoir été arrêté par la police? Le fait qu’il jouisse paisiblement d’une très riche maison est la conséquence d’actes généreux qu’il avait accomplis antérieurement, en cette vie-ci, ou dans une vie précédente. Par contre, le fait qu’il ne soit pas puni pour l’instant des meurtres qu’il a commis vient simplement du fait que ces karmas négatifs ne sont pas encore venus à maturité. Mais ils le seront inéluctablement, un jour ou l’autre : sa vie sera alors écourtée de façon brutale en étant tué à son tour.
2.     Le karma s’accroit
Lorsqu’un acte est accompli, cet acte laisse une trace, une empreinte, dans notre esprit. Un délai de latence, plus ou moins long, s’écoule entre le moment où l’acte initial se trouve accompli et le moment où, le karma étant venu à maturité, la conséquence de l’acte se manifeste. Pendant ce temps de latence le potentiel de l’acte s’accroit dans notre esprit. Ainsi, une action négative, d’apparence minime, telle qu’un larcin, pourra provoquer une conséquence négative très importante beaucoup plus tard : perdre une grosse somme d’argent. Inversement, une action positive modeste, telle que donner un peu de nourriture à un renonçant, pourra générer un effet bénéfique considérable, tel qu’une grande richesse matérielle dans une existence future. Ainsi, de petites causes peuvent être à l’origine de grands effets et ne doivent donc pas être sous-estimées.
3.     L’impossibilité de faire l’expérience d’un phénomène dont on n’a pas généré la cause
Rien ne nous arrive « par hasard », ni par chance ou malchance. Il n’y a pas de destin, de force extérieure qui agisse sur nous, malgré nous, et crée nos conditions d’existence : tout, absolument tout, ce qui survient dans notre vie est la conséquence d’actes que nous avons accomplis précédemment.
Si quelqu’un raye ma voiture, c’est qu’antérieurement j’ai accompli une action de même nature. Si j’allais donc frapper cette personne, ou l’insulter, j’accomplirai ainsi un acte négatif, générateur à son tour d’un nouvel événement désagréable que j’expérimenterai plus tard. Ainsi, mes difficultés, ma souffrance n’auraient pas de fin.
Ne dois-je donc rien faire face au malfaisant qui raye ma voiture ? La loi du karma nous enjoint-elle la passivité face aux mauvaises actions ? Aucunement. On doit agir et empêcher cette personne de nuire parce qu’elle se cause du tort à elle-même et qu’elle en cause à autrui. On doit agir non par haine, mais par altruisme, afin de protéger cette personne des conséquences douloureuses de l’acte négatif qu’elle commet, du fait de son ignorance.
L’ignorance, et particulièrement la méconnaissance de la loi du karma, est à l’origine de tous nos maux car si nous connaissions vraiment les conséquences à long terme de nos actes nous renoncerions instantanément, terrifiés, à nos actes négatifs pour nous appliquer avec ardeur aux actions méritoires.
4.     Le karma ne s’épuise pas
Une action que l’on a accomplie recèle un certain potentiel karmique, positif, négatif, ou neutre. Le potentiel de cette action ne va pas disparaitre spontanément par l’écoulement d’un certain temps. Il existe en droit la notion de prescription qui conduit à ne plus pouvoir poursuivre en justice un acte au-delà d’un certain délai. Mais il n’existe pas de telle prescription à l’égard du karma : tel acte arrivé à maturité engendre inévitablement une conséquence qui est de même nature.
Il peut donc nous arriver d’oublier telle action commise il y a longtemps, cet oubli n’empêche nullement l’action de cheminer silencieusement en nous. Et à un moment donné, nous expérimentons le fruit de l’acte sous forme de bonheur ou de souffrance. Ainsi, on aura beau oublier l’action, elle ne nous oubliera pas.
La loi du karma a pour conséquence de nous inciter à modifier notre comportement dans la vie de tous les jours.

II Une éthique pour la vie quotidienne

La reconnaissance de la loi du karma fonde une éthique par laquelle on s’abstient de commettre des actes négatifs et on s’applique à la réalisation d’actes positifs.

21.     S’abstenir de commettre les actes néfastes

Les actes négatifs sont ceux qui sont causes de souffrance. Leur caractère négatif procède de leur nature intrinsèque même et ne découle pas d’un statut qui leur serait conféré par une autorité.
Le champ des actes à proscrire est plus ou moins vaste selon les engagements que l’on prend. Ainsi, peut-on d’abord renoncer à tuer des êtres vivants, humains ou animaux, petits, comme les fourmis, ou gros, comme les éléphants, et dont la vie est tout aussi respectable ; s’abstenir de prendre les biens qui n’ont pas été donnés, ne pas mentir, ni avoir de relation sexuelle avec une personne engagée par ailleurs ; de même s’abstenir de consommer des substances qui altèrent le fonctionnement de l’esprit, telles que l’alcool ou la drogue. Tout cela est excellent.
D’autres vœux, plus larges, engagent aussi à s’abstenir de proférer des paroles injurieuses ou blessantes pour autrui, à ne pas médire de son prochain, à renoncer à l’attachement, à dissiper l’ignorance en reconnaissant la nature des phénomènes au-delà de leur apparence, et à renoncer à nuire à autrui.
L’idée générale qui sous-tend ces principes éthiques est simple : renoncer à travers les actions du corps, de la parole et de l’esprit à causer du tort à autrui et à soi-même.

22.      Développer les actes positifs

On ne se contentera pas de ne pas commettre ces actes négatifs, on s’évertuera aussi à développer leur contraire, les actes positifs. Par exemple, non contents de ne pas tuer, on protégera la vie, on soulagera la souffrance des autres êtres, on prendra soin de la nature, on développera sa capacité à soigner. En prenant soin des autres on découvrira que c’est la meilleure façon de prendre soin de soi. Si cela nous apparait pesant au départ c’est simplement qu’on est très centré sur soi, soucieux de sa propre personne ; mais on découvrira vite qu’il y a une grande satisfaction à prendre soin d’autrui et que cela nous protège plus puissamment qu’une armure.

23.     Purifier les actes commis antérieurement

Lorsqu’un acte négatif a été commis et que son résultat n’est pas arrivé à maturité, l’acte demeure à l’état latent. Il est donc possible de purifier notre esprit des traces que l’acte négatif y a laissées. Le principe en est simple : il convient de reconnaitre la souffrance que l’on a causée et de décider de ne plus reproduire cet acte négatif. Bien sûr, il existe des rituels qui rendent cette purification plus rapide et plus complète, mais les forces du regret et de l’engagement demeurent les composantes essentielles. Ainsi, le mafioso aurait pu se repentir du fond du cœur des crimes qu’il avait commis et décider de ne plus tuer aucun être, mais de protéger désormais toute vie. Il aurait ainsi pu atténuer considérablement la force du karma négatif accumulé, voire même le nettoyer complètement. Car il n’est pas d’acte, si négatif soit-il, qui ne puisse être purifié : le savoir est un formidable message d’espoir.
CONCLUSION
Pratiquer le Yoga c’est fondamentalement vivre en accord avec la loi du karma : générer les causes d’une vie heureuse et se libérer de la souffrance.
Cela ne nécessite pas de posture physique particulière : c’est une posture intérieure, une éthique, que l’on adopte à chaque instant de notre vie. Et cet axe central, semblable au mont Mérou, nous confère une grande assurance, une grande stabilité. La peur, l’anxiété diffuse① s’effacent ; le doute qui embrumait notre esprit se lève. On sait que ce que l’on accomplit est juste. Dès lors, la vie ordinaire, le quotidien, deviennent riches : les qualités présentes dans notre esprit à l’état potentiel② peuvent s’ouvrir tel un lotus. Et le lotus est bien le symbole de notre condition humaine : ses racines s’enfoncent dans la vase, mais ses pétales, d’une blancheur immaculée, sont tournés vers le ciel.
① La peur et l’anxiété sont la conséquence d’un manque d’éthique
② Grâce à l’éthique, la concentration va se développer. Il sera ensuite possible de comprendre la nature des phénomènes et de réaliser ainsi la sagesse.
 
 

Tripadatrikonasana

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Tripadatrikonasana

Le nom de cette posture est formé à partir de plusieurs termes sanskrits élémentaires. Ainsi, tripada signifie « les trois jambes », tandis que trikonaveut dire «triangle » et qu’asanadésigne « la posture ». Tripadatrikonasana désigne donc « la posture du triangle avec trois jambes ».

Le caractère apparemment surprenant de ce nom trouve facilement son explication : dans la phase finale de la posture, les bras sont tendus vers le sol et donnent ainsi l’impression d’un troisième membre inférieur. Ces « trois jambes » forment un triangle dont le sommet se trouve placé au niveau du coccyx, siège de la Kundalini.


1 L’attitude intérieure préalable

L’esprit est libéré de toute conception mentale. Il repose paisiblement grâce à la purification des canaux et à la courte méditation qui ont été accomplies en début de séance.

Il est très clair dans l’esprit que la posture ne constitue qu’un support de concentration et rien de plus. Le pratiquant, à chaque instant, a pleinement conscience du placement de son corps, de ses sensations et de tout ce qui s’élève dans l’esprit. Tout cela est perçu pleinement, mais le pratiquant en est détaché, telle une personne contemplant un cours d’eau qui passe, perpétuellement changeant.

1 La prise de la posture

1.       La posture de départ

En position initiale, l’adepte se tient en Namaskarasana. Les deux pieds sont ainsi plaqués l’un contre l’autre, tandis que le bassin est basculé et la concentration placée quatre travers de doigts sous le nombril. Les deux mains se trouvent en salut devant la poitrine, sans crispation, et la poitrine est largement ouverte.https://1.bp.blogspot.com/-5K8bA-BoSoM/Vs7tpGAWmlI/AAAAAAAAAyk/9-mc_L0GYRA/s1600/CL%2BNamaskarasana.jpg

L’adoption de la posture ne présente pas de difficulté particulière. Toutefois, on doit veiller à maintenir le bassin dans son placement initial et avancer correctement le pied.

2.       Le placement des pieds


Au départ, les deux pieds sont rapprochés l’un de l’autre, parallèles. Pour prendre une image on peut dire que si leur positionnement figurait les deux aiguilles d’une pendule on serait ainsi à 12h00.

Sans faire pivoter le bassin, on écarte légèrement le pied gauche sur le côté gauche, d’une vingtaine de degrés. On passe ainsi à midi moins dix.


On avance alors le pied droit d’une demie enjambée en veillant à ne pas le faire dériver vers la gauche.


3.       Les mains

Les mains, placées en salut, s’élèvent lors de l’inspiration, et les bras se trouvent alors tendus au-dessus de la tête.

On pousse ensuite le bassin le plus loin possible vers l’arrière. Puis on incline le tronc vers l’avant. Lorsque le tronc est descendu, on ne cherche ni à poser à tout prix les mains au sol, ni à descendre le plus bas possible. Ces conceptions erronées issues d’un mental agité ne doivent pas perturber et fausser la pratique. L’esprit est constamment ramené à son état essentiel de conscience : conscience de ce qui est. Il est nécessaire de ne pas avoir de conceptions sur la pratique au moment de la pratique. A titre de comparaison, imaginons un violoniste qui se dirait : «  Plus les cordes de mon instrument vont être tendues et mieux ce sera ! ». Il parviendra au mieux à faire grincer son violon, au pire il le cassera !

Les mains se placent donc avec naturel, là où c’est le plus confortable pour elles : le genou, le tibia, la cheville ou le sol. L

On veille à ce que l’étirement soit simplement juste. Ensuite, la conscience circule dans les différentes parties de l’arrière du corps : « Je prends conscience de l’étirement juste  au niveau des mollets… l’arrière des cuisses… les fessiers… le bas du dos… le milieu du dos… le haut du dos. Dans toutes ces régions l’étirement s’est installé de lui-même. La seule région où cela ne s’est pas accompli spontanément est la région cervicale. Donc, volontairement, j’étire cette région en rapprochant mon front de mon genou ou de mon tibia.

Le maître-mot qui me guide à chaque instant est la justesse : justesse du placement du bassin et du pied avancé ; justesse de l’étirement généralisé à l’arrière du corps. De cette justesse découle la stabilité et le confort sans lesquels on ne peut parler de posture de Yoga.


2 l’étirement juste

Vous avez adopté la posture dans son aspect physique. Mais ce n’est pas tout.

3 La respiration juste

Réenclenchez la respiration profonde, en trois parties. La jambe droite étant légèrement avancée et le tronc incliné, cela induit une légère compression du bas de la cavité abdominale à droite et donc une stimulation du système digestif.

Comme l’étirement musculaire dans le dos n’est pas top intense cela permet à la respiration d’être pleinement épanouie. Un étirement excessif nous ficèlerait comme un rôti et entraverait le déploiement du souffle. On doit d’ailleurs lors de l’inspiration abdominale ressentir que la région lombaire s’étire un peu plus ; puis que l’ouverture de la cage ressentir thoracique engendre un écartement des cotes dans la région dorsale.

Lorsque l’attitude physique et le souffle se trouvent régulés, on revient vers l’esprit.

4 l’attitude mentale juste

Dans la phase statique de la posture, l’esprit est laissé au repos, détendu, c’est-à-dire libre à l’égard des conceptions mentales qui s’élèvent spontanément. On se déprend d’elles, ce qui leur permet alors de revenir se dissoudre dans l’esprit d’où elles avaient émergé.

L’esprit devient alors plus ouvert et plus vaste. Il enregistre et accueille paisiblement les très nombreuses sensations qui découlent du placement particulier du corps : compression de la partie droite de l’abdomen à droite, sensation qui diffère de ce qui se passe à droite. Etirement des muscles à l’arrière des jambes, tandis que les quadriceps (devant de la cuisse) et le tibial antérieur (devant le tibia ) sont contractés , afflux sanguin dans le haut du tronc, particulièrement perceptible au niveau du visage (front, joues, arrière des yeux …).

Ces perceptions évoluent constamment et on demeure, attentif, dans cette présence aux sensations.  On s’abstient de penser on s’abstient de vouloir : vouloir plus de résultats, vouloir que . On ne veux rien d’autre que prendre soin de soi de façon efficace et pour cela il importe que le mental agité ne vienne pas fausser la pratique.

On place l’attention au point situé à la pointe du coccyx. Et on fait comme si on voulait pointé cette zone vers le plafond. La stimulation du premier centre d’énergie (muladhara chakra) se trouve ainsi effectuée.

On demeure une minute  une minute trente. L’étirement doit se faire sans violence c’est-à-dire pas à la vitesse que souhaiterait le mental agité mais à la vitesse qui permet un travail effectif du corps physique. Les muscles ne peuvent être étirés que doucementtant dans les jambes que dans le dos.

Etirement plus intense


4 Effets positifs

L’oxygénation générale de l’organisme. Cette oxygénation découle L’avancée de la jambe produit une compression légère d’un coté du bassin et du bas de la cavité abdominale. Il en résulte une stimulation du travail intestinal. Rappelon qu’on commence toujours par avancer le pied droit afin d’agir dans le sens du péristaltisme.

L’inclinaison du tronc vers l’avant facilite la circulation des fluides du bassin et de l’abdomen vers le haut du corps. Ainsi le sang veineux qui stagnait dans l’abdomen se touve dirigé par le simple effet de la pesanteur vers le cœur. Cela contribue à une meilleure oxygénation des cellules. Cette posture favorisant la circulation veineuse dans les jambes soulage les varices et contribue à leur non apparaition.

Soulage grandement la constipation.

Dans la partie haute du corps la posture contribue à assouplir le dos et à éliminer la rigidité du tronc. L’étirement des muscles du dos va permettre l’élimination des crispations musculaires accumulées soulagement de la régio lombaire.

Soulagement des lumbagos. L’étirement du bas du dos particulièrement intense amène un espace entre les disques intervertébraux entre la 1er vertèbre sacrée, la 5e et la 4evertèbre lombaire.

L’oxygénation de la tête. L’inclinaison du tronc facilite l’irrigation des vaisseaux sangins du visage ce qui atténue les rides et réduit les effets du vieillissement des cellules. u cerveau aElimine la constipation

L’étirement des jambes facilite la circulation veineuse dans le bas su corps. e Stimulation de la digestion. Elimination de la constipation.  Cela stimule le péristaltisme.

Fortification des jambes. Etirement du dos et stimulation du système nerveux.

Oxygénation du cerveau.

Des contre-indications limitées

Elles parissent de bon sens. Tendinite du talon d’Achille de la jambe AU NIVEAU DE LA CHEVILLE ? DU GENOU OU DE LA HANCHE ; La tendinite est une inflammation d’un tendon. Rappelon que le tendon est une sorte de corde « tendue », constituée de fibres de collagène qui relie un os et un muscle. Ainsi on s’abstiendra de prendre la psoture en cas de tendinite, du genou ou de la hanche.

Déchirure musculaire au niveau du mollet ou de l’arrière de la cuisse.

En cas de lumbago aigu. La psoture amène un étirement intense . Elle contribuera à éviter la réapparition du lumbago. Par contre, quand la douleur est présente, quand le lumbago est là il convient de s’abstenir de pratiquer la posture : le disque intervertébral qui a été endommagé doit d’abord être réparé avant de ‘envisager de prendre la posture. Par contre, une fois le lumbago disparu la posture ser intégrée dans une pratique hebdomadaire parmi d’autres postures telles que Pavanamuktasana et Shalabasana ( voir nos articles sur ces postures) pour prévenir la récidive et éviter l’installation d’un mal chronque. Une personne connaissant la faiblesse de sa région lombaire modulera l’intensité de l’exercice elle s’abiendra de placer les mains au sol devant ou d’attraper la cheville arrière et laissera le tronc s’incliner modérément en placçant les mains sur le tibia avancé ou même le genou avancé.

 

1.       Les erreurs à ne pas commettre

Faire pivoter le bassin , même légèrement. Quand le tronc s’inclinera le front ne sera pas placé devant le genou mais aura dévié vers la gauche. Les deux fessiers ne seront plus à la même hauteur. La posture sera faussée.


Ne pas avancer correctement le pied. Souvent sans faire attention le pied n’est pas simplement avancé : il est avancé mais déporté légèrement sur la gauche. Cela conduit au même résultat que l’erreur précédente.

LES GUNAS ET LE YOGA

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Brahma, Vishnu et Shiva personnalisant Rajas, Sattva et Tamas

Lord Vishnu with Shiva and Brahma by Rabi Béhéra, Folkart from Temple Town, Puri (Orissa)
Dans le Yoga, le Samkhya, ainsiquel’Ayurvéda (médecine traditionnelle indienne), il est fait référence aux trois Gunas. Les Gunas désignent les trois qualités fondamentales de la Nature primordiale, la Prakriti. Ainsi, tout ce qui existe dans le monde matériel constitue un agencement, en proportions diverses, de ces trois Gunas.

Sattvareprésente la pureté, l’harmonie, le calme. Rajasexprime le mouvement, la passion, la créativité. Tamas désigne la pesanteur, l’ignorance, l’apathie. Ces trois forces sont présentes, et à l’œuvre, dans tout ce qui est manifesté*, y compris la personne humaine. Dans l’esprit humain (manas) la combinaison particulière de ces trois aspects « colore » la personnalité de façon particulière. Sattvas’y manifestera par les qualités de sérénité, d’amour et de bonté. Dans le corps humain cet aspect sattvique se traduira par un plein état de santé.

La pratique du Yoga permet de développer Sattva qui, par essence, est équilibre. Le terme Yoga est ici pris dans son acception authentique, à savoir de discipline complète incluant hygiène de vie, éthique, postures, maitrise du souffle, concentration, récitation de mantras, méditation.

Ainsi, les Yogis veillent à leur alimentation. La consommation d’alcool, de viande, de produits fermentés ou gras, considérés comme toxiques, véritables poisons de notre organisme, est contre-indiquée. Inversement, la consommation de produits frais, de fruits, de végétaux et de lait est recommandée (cf. notre article, année 2010, Les Yogis et l’alimentation).
Les Yogis se lèvent tôt et veillent à ne pas trop dormir car le sommeil est assimilé à l’ignorance.

Le respect d’une éthique pure est essentiel. Aussi, à chaque instant, le Yogi s’entraine à développer générosité, altruisme et parvient ainsi à éliminer progressivement les poisons de l’esprit (cf. notre article, année 2016, Karma).

Enfin, la mise en œuvre de postures, l’application à la maitrise du souffle, le développement de la concentration et la pratique de la méditation sont nécessaires à la progression de l’adepte.

La connaissance de l'existence des 3 Gunas et des moyens d'accroitre Sattva vous permettra de développer plus facilement un esprit paisible et d'obtenir un corps sain.

* Le Chant XIV de la BhagavadGîtâ procède à la description de la triple répartition des qualités. Nous en donnons ici quelques extraits :
5 Sattva, rajas, tamas : telles sont les qualités issues de la nature naturante ; ce sont elles qui enchainent au corps immuable incorporé.

6 Le sattva, en raison de son caractère immaculé, est lumineux et exempt de mal. C’est par l’attachement au plaisir qu’il enchaine et par l’attachement à la connaissance, ô héros sans tache !
7 Sache que le rajas est de l’essence de la passion, qu’il est la source de la concupiscence et de l’attachement ; il enchaine l’incorporé par l’attachement à l’action, ô fils de de Kunti !

8 Quant au tamas, sache qu’il nait de l’ignorance et qu’il égare tous les êtres incarnés. Il enchaine, ô Bhâratide, par l’erreur, la paresse et la torpeur.
18 Ceux qui résident en sattva se tiennent en haut, les rajasiques se tiennent au milieu, les tâmasiques, qui demeurent dans le mode d’existence de la qualité inférieure, vont vers le bas

20 Ayant dépassé les trois qualités qui produisent le corps, l’incorporé, délivré de la naissance , de la mort, de la vieillesse et de la douleur accède à l’immortel

Bibliographie
Dictionnaire de la civilisation indienne, Louis Frédéric, ed. Robert Laffont, 1987
La Bhagavad Gîtâ, traduit du sankrit par Anne-Marie Esnoul et Olivier Lacombe, Points, collection Sagesses, 1976

Christian Ledain

VRIKSHASANA

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Vrishasana constitue l’une des grandes postures du Hatha Yoga. Pas uniquement en raison de son aspect esthétique, mais compte tenu des effets très puissants et bénéfiques qu’elle procure.

1.      SIGNIFICATION

L’arbre (Vriksha, en sanskrit) symbolise l’être humain, en Inde, comme d’ailleurs dans toute civilisation. Et un tel rapprochement nous est, en France, particulièrement familier grâce à une célèbre fable① de Jean De La Fontaine : « Celui de qui la tête au ciel était voisine, Et dont les pieds touchaient à l'empire des morts *» désigne non seulement le Chêne, mais aussi l’homme orgueilleux.
Il est important de s’arrêter à la signification du nom de la posture Vrikshasana. On pourrait juger cela inutile et penser : « Foin de toutes cette érudition inutile, passons vite à l’action ! » Mais sans compréhension véritable de la posture, on n’en aurait qu’une pratique erronée.
Les Yogis ont veillé précautionneusement à ce que leur science ne tombe pas en n’importe quelles mains. Pour cela, ils ont parfois donné des noms sibyllins à certaines postures (Paschimotanasana②, étirement de l’ouest). Parfois, ils leur ont donné un nom au sens manifeste, qui dissimule, un sens ésotérique profond. Tel est ici le cas.
La position debout dans laquelle se trouve l’être humain correspond tout à la fois à sa position corporelle et à son projet de vie. Touchant la terre, l’homme se trouve pleinement ancré dans le monde matériel et ses passions. Mais, tourné vers le ciel, il aspire à s’élever et à utiliser son énergie pour atteindre les réalisations les plus hautes.
Ainsi, Vrikshasanas’annonce comme un moyen précieux pour nous permettre de nous développer et réaliser pleinement notre nature. Tel est le sens manifeste de la posture.
Mais comment atteindre un tel objectif ? Le sens manifeste ne nous le dit pas. Il faut donc accéder à une signification ésotérique. Comment la trouver ? Il est nécessaire pour cela de dépasser la simple analogie formelle entre l’homme et l’arbre. Car si l’homme se contente de poser ses pieds sur la terre, l’arbre fait bien plus que cela : il s’y enfonce profondément par ses racines.
En sanskrit, le mot « racine » se dit « mula », terme que l’on retrouve dans le nom composé muladharachakra : le centre énergétique (chakra) situé à la racine (mula) de la base (adhara). La posture Vrikshasananous invite donc à activer l’énergie située à la base du coccyx.
Le sens de la posture commence ainsi à s’éclaircir : grâce à la mobilisation de l’énergie placée au niveau du périnée, et à son élévation à l’intérieur de la colonne vertébrale, le pratiquant va réaliser sa nature profonde.
Mais se pose alors une nouvelle question : comment fait-on pour activer correctement cette énergie ? Cela suppose une excellente concentration. Et comment réaliser cette concentration qui nous fait tellement défaut ? Précisément, en pratiquant Vrikshasana ! Il suffit, en effet, d’adopter cette posture durant quelques secondes pour percevoir qu’elle requiert toute notre attention.
Il existe de nombreuses postures dites « méditatives », propices au développement de la concentration : lotus (padmasana), demi-lotus (ardha-padmasana), posture parfaite (siddhasana), voire tailleur (sukkhasana). Dans un de ces attitudes, si l’esprit est distrait, il n’arrive cependant rien de grave à notre corps : il demeure stable, tandis que notre esprit bat la campagne. Par contre, dans la posture de l’arbre, si l’esprit s’éloigne ne serait-ce qu’une fraction de seconde de son support de concentration, c’est le déséquilibre de notre corps et sa chute ! Pour ne pas tomber, nous sommes ainsi contraints, par la force des choses, d’être pleinement concentrés. Vrikshasana représente donc un excellent moyen pour développer la fixation de l’esprit en un seul point (dharana), l’une des phases avancées du Hatha Yoga.
La signification du nom de la posture est devenue maintenant parfaitement claire : grâce à Vrikshasana, l’être humain développe sa concentration, indispensable à l’éveil de l’énergie dont l’activation va lui permettre de réaliser sa nature authentique. Pour un pratiquant hindou il s’agira d’« unir son âme à Dieu » ; pour un adepte du bouddhisme ce sera « réaliser pleinement sa nature de Bouddha » ; tandis qu’un athée humaniste pensera :« devenir pleinement humain ».
Passons maintenant à la mise en œuvre pratique de la posture.

2.      TECHNIQUE

21. Idée générale

D’un point de vue physique, ce qui doit être réalisé dans la posture est très simple : décoller un pied du sol. Que ce pied soit soulevé d’un centimètre, placé contre le genou, ou contre le haut de la cuisse opposée est finalement secondaire.
Une telle affirmation a besoin d’être justifiée car elle va à l’encontre de la représentation communément donnée de cette posture. En effet, chaque fois que des pratiquants du Yoga se trouvent photographiés en Vrikshasana, ils sont montrés avec un pied plaqué contre le haut de la cuisse.
Dans notre vie quotidienne, quand nous nous tenons debout, nos deux pieds reposent bien au sol. Notre corps est alors stable et nous n’avons pas même besoin de penser à préserver notre équilibre : cela se fait spontanément. Par contre, dès lors qu’un de nos pieds ne repose plus sur le sol, toute notre vigilance est requise pour ne pas tomber.
L’objectif principal de cette posture est précisément celui-ci : nous placer dans une attitude corporelle qui nous oblige à focaliser totalement notre esprit. Pour certaines personnes cet objectif sera atteint en ayant le pied placé à un centimètre du sol, pour d’autres à 5 centimètres, pour d’autres encore le pied sera placé contre le genou, d’autres enfin mettront le talon au périnée. Il n’y a donc pas d’attitude unique, exclusive. Il n’y a que des attitudespersonnalisées, adaptées, actualisées en fonction des capacités du moment de chacun.
Parfois, une grande aisance physique n’est pas un gage de réussite. Ainsi, une personne filiforme et très musclée parviendra aisément à rester debout, le pied soulevé à 5 centimètres du sol. Et ce placement corporel lui paraitra tellement facile à réaliser qu’il ne requerra quasiment aucune attention de sa part. Par conséquent, cette personne risque de générer très rapidement de la distraction et de l’agitation mentale, ce qui la fera passer complétement à côté de la posture. Pour que son esprit soit dompté, cette personne doit nécessairement lever plus nettement le pied, et le poser au niveau du genou, ou contre la cuisse.
Inversement, une personne dont les capacités physiques sont moyennes pourra réaliser pleinement la posture sans accomplir d’exploit corporel. Ainsi, une personne âgée, un jeune enfant, ou une personne souffrant d’un trouble de l’oreille interne, ne devront soulever le pied que de quelques centimètres afin de préserver leur sécurité. Et ceci nécessitera toute son attention. Ce faisant, ces personnes pratiqueront de façon totalement authentique, unissant le travail du corps et celui de l’esprit. 
Comprendre que l’apparence extérieure ne révèle en rien le niveau de la pratique permet d’être totalement décomplexé à l’égard de notre corps et de ses performances modestes.
Pour ces raisons, nous allons présenter différentes variantes, correspondants à plusieurs niveaux de difficultés physiques, tous corrects, dès lors que celui que vous adoptez correspond pleinement à vos aptitudes du moment.

22. Phase préparatoire : positionner le corps et placer l’esprit

Au départ, le pratiquant est installé en Namaskarasana. Les deux pieds sont rassemblés, parallèles. Le bassin est basculé, ce qui atténue la courbure de la région lombaire. Le placement particulier du bassin permet, en outre, d’avoir une sensation très claire d’enracinement, d’encrage au sol. On prend bien le temps de ressentir l’appui des orteils et des plantes de pied au sol.
L’attention est placée quatre travers de doigts sous le nombril.
Les deux mains sont jointes, en salut devant la poitrine. On veille à bien détendre le haut du corps, en particulier les sourcils, les mâchoires et les épaules. L’attention et l’énergie peuvent alors plus facilement se diriger vers le bas du corps.
A l’issue de cette phase préparatoire, le corps et l’esprit sont stabilisés. On accentue alors cet ancrage en s’identifiant à un arbre : on imagine qu’on enfonce nos racines profondément dans le sol et que l’on devient indéracinable. Ferme dans le bas du corps, puissamment amarré à la terre, tout en demeurant pleinement détendu dans le haut, tel un arbre qui laisse son branchage et son feuillage se balancer au vent. Faire coïncider fermeté et détente est indispensable. En effet, la fermeté sans la détente est d’origine rajasique③, et aboutit à la crispation physique et mentale. Tandis que la détente sans la fermeté attise Tamas④ pour engendrer mollesse et torpeur.
On va maintenant veiller à ne pas contrarier cette stabilité physique et mentale que l’on vient de susciter.

23.Installation dans la posture

·        Le placement du pied
Il est essentiel de bien dissocier chacune des phases suivantes, leur vitesse d’exécution étant, par ailleurs, secondaire. Dès lors, si l’esprit est posé, ces phases pourront s’enchainer rapidement. Si, par contre, cette stabilité mentale est superficielle et précaire, on procédera lentement pour mieux apaiser l’esprit.
On transfère alors progressivement tout le poids du corps sur le pied droit, tout en conservant le pied gauche au sol. C’est comme si la jambe et le pied gauches se vidaient progressivement, tandis que la jambe et le pied droits se remplissaient. A un moment donné, tout le poids du corps repose sur le pied droit.
Le talon est décollé du sol, mais les orteils y restent posés
On décide alors de soulever légèrement le talon gauche, en gardant encore les orteils au sol. Enfin, on les décolle de quelques millimètres. Ça y est, on sait que, d’un point de vue physique, la posture se trouve réalisée! Notre attitude n’a, certes, rien de spectaculaire, mais elle est juste et les principes fondamentaux du Yoga se trouvent respectés.
Les orteils sont décollés du sol : la posture se trouve réalisée dans son aspect physique
Dès lors, tout ce qui va suivre n’est qu’un prolongement, un approfondissement de ce qui a été réalisé.
Comme nous l’avons indiqué, les personnes dont l’équilibre physique est précaire veilleront à ne pas aller plus loin. Les autres veilleront à ne pas viser la performance technique, le « beau geste »artificiel et narcissique, mais trouveront l’attitude physique dans laquelle elles se sentent bien et dans laquelle elles peuvent demeurer longtemps.
Soyez pleinement arbre : enraciné, stable, paisible. Et nefaitespas le singeexcité qui grimpe à l’arbre et fait l’acrobate ! Combien de personnes se hâtent de monter la jambe, de prendre la posture, sans rien avoir stabilisé, et redescendent tout à trac au bout de 10 secondes, l’esprit encore plus perturbé qu’avant!
Si l’on se sent très à l’aise, on peut monter le pied et le poser contre le genou opposé, voire même contre le haut de la cuisse, en prenant alors soin que le talon comprime le périnée. On veille alors bien à repousser le genou fléchi vers l’extérieur afin de bien ouvrir la hanche.
·        Les mains
Vrikshasana, les mains en salut
Les mains peuvent être gardées en salut devant la poitrine, mais elles peuvent aussi être montées, les bras étant plaqués contre les oreilles.
Il est important lors de cette ascension de rester bien concentré car l’élévation des mains déplace le centre de gravité du corps.
Telle est la variante de la posture le plus souvent montrée, mais il en existe d’autres, que nous ne présenterons pas ici, plus difficiles à réaliser d’un point de vue technique.
Posture complète, bras tendus
·        Phase statique
Tout ce qui a été accompli jusqu’à présent ne représente qu’un travail préparatoire, l’installation dans la posture. Maintenant, pour réaliser véritablement celle-ci, lui permettre pleinement d’agir, il convient de demeurer en elle.
Durant cette phase statique plusieurs indications doivent être données concernant des aspects physiques, énergétiques et mentaux.
Aspects physiques :
Le regard est fixé sur un point et cette concentration du regard contribue fortement à affermir l’équilibre physique. Ce repère visuel peut être pris au sol, 3 mètres devant soi, le regard se trouvant légèrement incliné vers le bas. Mais ce point peut aussi être placé à hauteur des yeux, en fixant le mur situé en face de soi. Vous adopterez l’une ou l’autre de ces possibilités selon la configuration du lieu où vous pratiquez et ce que vous ressentirez comme étant approprié.
La respiration est consciente, régulière, pleinement épanouie.
Le pratiquant unit ainsi la stabilité générale du corps, celle du regard, de la respiration et de l’esprit.
Conserver la posture durant une minute constituera une très bonne base de départ. Au fur et à mesure que vos muscles se fortifieront, et que votre esprit se canalisera, vous pourrez passer à 2 minutes, puis trois, et ainsi de suite. Certains Yogis peuvent demeurer une heure dans cette posture, l’espritdompté.
On pratiquera d’un côté, puis de l’autre, en commençant par le pied que l’on souhaite.
Aspects énergétiques :
Durant la phasestatique, le périnée estmaintenu contracté, commesi on voulait le tirer vers le haut.
Comme nous l’avons indiqué, si cela est possible, le talon comprime le périnée, ce qui contribue à l’activation de MuladharaChakra.
Aspects mentaux :
On pense souvent que cela va être simple d’être en équilibre sur un pied.  « Pensez donc, un sot pourrait le faire ! » semble-t-on se dire. Et on découvre très vite que cela n’a rien d’aisé. Plus encore : Ce que l’on perçoit de soi - notre agitation, notre incapacité à demeurer paisiblement - ne nous fait pas précisément plaisir, et écorne l’image favorable que l’on avait de soi. On risquerait alors dans Vrikshasana de se décourager et de se dévaloriser. Ainsi, la posture requiert beaucoup de patience et d’humilité.
S’il nous arrive de perdre l’équilibre, n’en soyons pas affecté. Pensons que cela n’est pas grave et que cela constitue précisément « le travail de la posture ». Peut-être a- t-on été un peu distrait, précipité ou présomptueux. On se redresse simplement et on recommence. Et ainsi, en tâtonnant, on parvient à générer l’attitude juste vis-à-vis de soi-même. La posture nous fait alors évoluer intérieurement, elle nous transforme et nous permet de nous améliorer. Gardée suffisamment longtemps, Vrikshasana nous conduit à nous dépouiller de tout artifice, de toute la comédie sociale et à être authentique. La posture devient un moyen pour se trouver soi-même et connaitre ce dont nous avons vraiment besoin pour vivre. .
·        Les erreurs à ne pas commettre
Nous avons déjà indiqué que toute précipitation était à proscrire. On s’en rendra compte par soi-même : prise trop rapidement, l’esprit agité, la posture ne peut être ni gardée, ni même prise : on tombe immanquablement.
Il y a donc quelque chose de très rassurant et d’original avec Vrikshasana : on n’a pas vraiment besoin de se poser la question classique  « est-ce que je pratique de façon correcte ? » Car on obtient la réponse directement.
Seule précision technique utile à donner : si on parvient à monter le genou et à placer le pied sur le haut de la cuisse, le talon doit nécessairement presser le périnée.
Le dessin figurant ci-dessous montre donc une pratique qui pourrait être améliorée.
Le talon, à tort, ne comprime pas le périnée

3 BIENFAITS

·        Les bienfaits sur l’esprit
De façon générale, Vrikshasanapermet de stimuler l’énergie vitale, d’accroitre la joie de vivre. Elle donne, en outre, les ressources intérieures essentielles pour faire face aux difficultés concrètes, matérielles de la vie quotidienne, et à se sentir véritablement incarné. On peut donc dire qu’elle convient à tous les êtres humains.
Dans un cadre thérapeutique, la posture est particulièrement recommandée aux personnes stressées, nerveuses et à celles dont l’esprit est instable.
Elle est aussi très profitable aux personnes fatiguées, ou dépressives.
Dans la mesure où Vrikshasanapermet de développer la concentration, sa mise en œuvre est recommandée aux personnes souhaitant développer les siddhis⑤.
·        Les bienfaits physiques.
Grâce à la posture de l’arbre, le Yogi unifie en lui les trois qualités de la nature primordiale, les trois Gunas (Sattva, Rajas, Tamas). Ce faisant, il parvient à un excellent état de santé.
La posture contribue au renforcement de la musculature des jambes. En appui sur un pied, tous les muscles de la jambe correspondante se trouvent mobilisés pour assurer l’équilibre. On sent très facilement l’effort intense fourni dans le bas du corps. Et la fatigue ressentie dans cette région conduit très souvent à l’interruption de la posture.
L’élévation des bras tendus au-dessus de la tête permet une grande ouverture de la cage thoracique. Ceci contribue au déploiement de la respiration, et donc à une meilleure oxygénation des cellules de l’organisme.

CONCLUSION

La posture de l’arbre nous rappelle notre condition humaine : être un pont entre le ciel et la terre. Elle nous invite à nous élever, mais tout en nous enracinant. Aucun de ces deux pôles ne doit être oublié.
Vrikshasana constitue une posture majeure qui nous permet de développer la vitalité, la concentration, et de conquérir un état de santé excellent. Cet asana classique viendra donc s’insérer tout naturellement dans votre série journalière. Il prendra place en début de séance, après l’accomplissement des salutations au soleil (Suryanamaskar⑥). 
 

Notes

① Jean De La Fontaine, Fables, livre 1, XXII, Le Chêne et le Roseau
②Cf. notre article, Paschimotanasana, 2012
③④ Cf. notre article sur les Trois Gunas, 2016
⑤ Cf. notre article, Trois destinations et trois moyens d’action, paragraphe 12. Les Siddhi,
⑥ Cf. notre article Lesdifférentsniveauxdepratiquedanslasalutationausoleil, 2010 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 





vos témoignages sur notre cours

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Voici 15 témoignages que vous avez eu la gentillesse de m’adresser durant les mois d’aout et septembre 2016 concernant votre pratique du Yoga. Je me suis borné à les recueillir tout comme on collecte de belles fleurs pour former un merveilleux bouquet.

Ces témoignages vous les avez écrits pour inspirer et aider d’autres personnes afin qu’elles sachent que nombre de leurs problèmes peuvent trouver dans la pratique du Yoga leur solution. Je me réjouis de toutes ces bonnes actions que vous avez accomplies en prenant un peu de temps pour parler de vous et de vos expériences.

Le Sage du clan des Shakyas disait il y a 2500 ans : « Les mots ont le pouvoir à la fois de détruire et de guérir. Quand les mots sont à la fois vrais et bienveillants ils peuvent changer le monde. »

Je suis certain que vos témoignages ici rapportés fidèlement contribueront à rendre le monde plus paisible et plus heureux.

Christian Ledain

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J'ai rencontré le yoga à un moment difficile de ma vie (rupture à forte résonance, burn out, travail sans perspective d'avancement, le décès d'un proche..). Je me sentais au bout de moi même, au bout des possibles, comme emprisonnée dans les problématiques, sans les ressources ni les compétences pour en sortir. Migraineuse depuis l'âge de 12 ans et peu sportive, je ne tenais pas compte de mon corps, il était pour moi tout simplement un objet externe à moi même.


-Un ami m'a alors parlé du yoga et j'ai voulu tester. 

Le premier cours a été pour moi mémorable. Dans la pénombre, après des salutations au soleil, et des exercices très doux de respiration et d'étirement, j'ai beaucoup pleuré. Larmes salvatrices qui m'ont fait comprendre à quel point j'avais oublié ce corps depuis tant d'années, à quel point les épreuves l'avaient blessé à quel point je l'avais abandonné. Se retrouver avec soi même, avec son corps, y faire face a été une prise de conscience nécessaire. 


- Dès les premiers temps, en sortant des cours :  des sensations évidentes

Le corps lourd -sensation de "bonne fatigue"-, l'esprit allégé, détendue, j'étais comme coupée de ma journée, à nouveau disponible. Puis les jours suivants, pleine de dynamisme.  Au fur et à mesure j'ai pu constater que la fréquence de mes migraines avait nettement baissé, voir que celles-ci avaient quasi disparu !!


-Après quelques mois d'autres bienfaits que je n'avais pas soupçonnés, d'ordre spirituel

 Le yoga est le fruit d'une spiritualité plaçant l'homme, son bien-être, son rapport aux autres, la sagesse, au coeur de celle-ci. Il ne s'agit donc pas de développer un rapport à soi égoïste, mais plus de porter un regard sur soi, sur sa place dans le monde, de façon bienveillante. En ce sens, le yoga permet de re/définir ses propres contours et par conséquent ce que l'on peut donner aux autres, désormais porté par cette bienveillance. Au-delà des bienfaits physiques donc, plus de tolérance envers soi même, plus de justesse envers les autres.  


Au démarrage de ma deuxième année de yoga

 Je me sens désormais former un tout, profondément enracinée en moi même, dans lequel mon corps et mon esprit se sont retrouvés et font l'expérience d'exister en cohérence,  pour enfin savourer les délices de cette plénitude. Une plénitude qui apporte une grande force, une grande joie, beaucoup de générosité et une sensation très agréable de maîtrise de soi.

Caroline (36 ans)

______________________________________________________________

" je suis venu au yoga il y a sept ans en situation qualifiée de "burn out", cet état ou l'individu ne sait plus puiser en lui les forces pour traiter tout ce qui l'assaille dans certaines étapes de son existence.

Peu instruit, j'imaginais le yoga comme une gymnastique douce et relaxante au même titre que d'autres pratiques.

Les débuts ont été, je dois le dire, un peu rebutants car faits d'exercices et de postures qui paraissent répétitifs et dont la finalité et les bienfaits n'apparaissent pas  en première expérience.

Certaines postures apparaissent même impossibles, faute de calme, de méthode et de simple connaissance de ses propres possibilités ou limites.

j'ai eu la chance de rencontrer un professeur qui met en  confiance et a la sagesse de s'en tenir au Hatha Yoga millénaire qui a fait ses preuves. Il expose simplement qu'il ne s'agit pas de recherche de performance mais de conscience de son propre corps, de ses particularités morphologiques et du plaisir qu'il prend a certaines postures tandis que d'autres méritent une véritable approche.

Ce  qui m’avait échappé auparavant se retrouve dans le socratique "connais toi toi même" dont le yoga est une magnifique expérience des effets miroir entre le corps et l'esprit.

De là ,j'ai appris à pratiquer sans peine des postures (l'arbre, sarvangasana...) que je ne parvenais pas à prendre par blocage mental et non physique(je ne suis pas devenu plus athlétique ..au contraire).

Une faculté née du yoga, et surtout de la méditation est l'abstraction : cette possibilité (même si elle reste  embryonnaire..) de faire le vide quelques instants pour chasser les affects  et émotions énervements avec succès

Dans des situations très confuses j'ai pu la mettre en œuvre, interrompre le maelström des idées et des réactions  et  retrouver une sérénité et une clarté nouvelle d'analyse et de vue des situations

Christian laboure profond par ses articles et, outre les postures qu'il analyse et décrit si méthodiquement, ouvre des voies nouvelles : comment une discipline qui parait introvertie peut mener à l'altruisme, le karma...

Merci au Yoga et son professeur.

Je regrette pour le rayonnement du Yoga, qu’il soit souvent associé à d'autres pratiques plus floues.."

Olivier

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"La pratique du yoga m'accompagne au quotidien. Je me rends compte qu'il est plus bénéfique pour moi de pratiquer ne serait-ce qu'une dizaine de minutes par jour ou tous les 2 jours plutôt que 2h toutes les 2 semaines par exemple.

Je pratique les positions dont je ressens avoir le plus besoin en fonction de mon état physique et émotionnel du moment.

Si je suis particulièrement stressée, je favorise les positions qui travaillent particulièrement la respiration et la relaxation. Si je sens que je manque d'exercice physique, je favorise les positions qui sollicitent davantage la musculature. L'effet est immédiat et ce sont des jours où la qualité de sommeil est meilleure."

 

"J'utilise le Reiki pour un seul usage mais qui fonctionne à tous les coups: lorsque je n'arrive pas à trouver le sommeil, je pose mes main à plat sur mon corps, une sur le ventre et une sur la poitrine. Je me concentre ainsi sur la chaleur née du contact avec mes mains et mon corps et en général je n'ai pas le temps de penser à autre chose car le sommeil est trouvé!"

Anna

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D'un point de vue mental et psychologique, j'ai constaté davantage d'apaisement. Je peux arriver au cours avec l'esprit très agité, par des tracas professionnels ou personnels (cela peut aller d'un échec commercial à ma liste de courses pour un dîner à organiser) ou par l'attitude des autres qui m'agace (famille, collègues). Dans tous les cas, mon état d'esprit est complètement différent après le cours ou, quand je pratique en dehors des cours, après une courte méditation. Je me sens plus disposée à écouter, à discuter et à accepter les choses telles qu'elles sont.

Au niveau physique, je ressens surtout des bienfaits sur ma posture au quotidien : je me tiens plus droite, plus ferme et je pense davantage à rejeter mes épaules en arrière (c'est une de mes faiblesses et cela me provoque des douleurs au bras, aux cervicales et au poignet).

Marylène

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 Témoignage sur la pratique du Yoga

Lorsque je suis venu à la pratique du Yoga, j’étais encore plein d’à priori sur le réel bénéfice d’une telle pratique. Autant dire que c’est avant tout la curiosité qui m’a poussé à débuter. J’avais bien entendu ça et là que le Yoga était une pratique excellente pour se déstresser, retrouver le calme. Rien qui de mon point de vue ne pouvait garantir une réelle rémission des maux physiques et psychiques dont je souffrais à l’époque. Car si le résultat d’un principe actif médicamenteux ou de soins tel que la kinésithérapie me paraissait bien tangibles, j’ai eu du mal à imaginer comment le simple fait de contrôler sa respiration en enchainant diverses postures tout en maintenant un esprit calme pouvait avoir de réels effets positifs sur la santé. Au pire cela ne m’apparaissait que comme une médecine douce qui ne pouvait pas faire de mal, et au mieux un peu de bien, sans pour autant être réellement efficace.

 

Quel ne fut pas ma surprise dès la première séance, de découvrir à quel point cette pratique était puissante. C’est avec beaucoup d’humilité mais aussi de joie, que je poursuis cette pratique depuis 5 ans maintenant. D’un esprit plutôt cartésien, il m’a fallut quelques lectures pour comprendre que le Yoga n’avait rien de magique, et que les bénéfices de la pratique s’expliquaient tout à fait d’un point de vue médical et scientifique. Cela m’a définitivement convaincu, s’il en était encore besoin, du bienfondé d’une pratique régulière. Le yoga fait partie de mon existence désormais et je l’adapte autant que possible dans mon quotidien.

 

Toujours avec humilité et loin d’avoir acquis encore un degré élevé de maîtrise, j’éprouve un immense plaisir semaine après semaine, à approfondir ma pratique, y puiser toujours de nouveaux enseignements. Ayant réussi à prendre soin de ma santé grâce au Yoga, je m’aperçois qu’il est possible même par des actions simples dans la vie de tout les jours, de transmettre autour de soi les bienfaits tirés du Yoga. C’est une manière de se rendre meilleur soi-même tout en contribuant même très modestement à rendre le monde meilleur.

 

Pour résumer, je dirais que le Yoga est une expérience très riche et positive, qui peut apporter beaucoup de bienfaits, à condition d’être patient, motivé et toujours très humble. Une expérience en tout cas que tout être vivant mériterait de connaître.

 

B-F Marle-Ouvrard

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Je voulais vous adresser mon témoignage sur les bienfaits du yoga depuis que je me suis inscrite la première fois il y a deux ans.

J’avais depuis longtemps entendu parler de la part de mon entourage des bienfaits du yoga même si la pratique du yoga peut-être perçue différemment en fonction des personnes et du type de yoga.

J’ai bien compris que ce n’était pas de l’exercice physique et je ne cherchais pas cela bien au contraire.

Pour ma part j’avais besoin d’une reconnexion avec mon corps et surtout mon esprit, un besoin de pause et de lâcher prise pour mieux appréhender une vie souvent source d’angoisse et de stress …

La première année je suis allée à vos cours et j’ai laissé faire sans vraiment chercher a analyser ce qu’il pouvait se passer … Je dois dire que l’approche n’a pas toujours été simple et que je ne pratiquais pas en dehors de vos cours , je ne faisais que visualiser de temps en temps en pensant au cours pour une pause de respiration au cours de mes journées … Je ne prenais pas le temps de me poser et d’essayer de méditer … D’ailleurs méditer et laisser passer les pensées , ne pas sans cesse mouliner était pour moi assez difficile !!

Et puis il me semble qu’il y a eu au cours de cette deuxième année une évolution ! tout d’abord avec mon corps, la position en tailleur me semble plus naturelle , la respiration et l’esprit qui apprends a se poser … Je fais tous les matins mes salutations au soleil , ce moment de la journée ou l’on dit bonjour à soi , à la vie , au moment présent .. et durant ces vacances le besoin de tous les jours méditer quelques instants …

C’est une approche lente et concrète qui me permets d’être mieux avec moi-même , une pratique qui m’aide a mieux appréhender mon stress et mes angoisses ou des situations difficiles , je suis beaucoup plus calme , posée , et je prends du recul sur les choses , j’apprécie les petites choses de la vie , la nature qui me parle , l’air ( mon prana source de vie ) et ma spiritualité qui grandit ..

Je recommande à beaucoup de personnes cette pratique qui amène à une autre dimension extrêmement enrichissante pour apprendre sur soi et les autres , pour s’éloigner des pensées qui nous entravent …

Une pratique qui en fait me rend plus libre et confiante aussi..

Mettre en mots les ressentis n’est pas une chose facile mais j’aurais essayé !!

Ghislaine

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MAL DE DOS


Depuis plusieurs années je ressentais des douleurs dorsales qui me gênaient durant la journée mais surtout m'empêchaient de faire le moindre mouvement en position allongée, voire de dormir. La situation ne s'améliorant pas, j'ai débuté des séances de musculation, de pilates, de gymnastique, de massages. Aucun résultat.
L'idée de la pratique du Yoga, qui m'a été soufflée par mon épouse, m'a permis de rencontrer Christian. J'ai immédiatement apprécié sa zénitude permanente et son sens de la convivialité.
Très rapidement il m'a initié à l'écoute de mon corps, à la perception de chaque mouvement, à l'adaptation de l'amplitude de chacun de mes gestes mais surtout il m'a fait découvrir que la musculation du dos était l'un des premiers bienfaits du yoga. Personne auparavant ne m'avait appris à muscler mon dos. Le résultat fut immédiat, les douleurs dorsales ont disparu même si elles réapparaissent dés que j'oublie quelque temps les bons conseils de Christian.
Philippe

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Il y a plusieurs années que je pratique le Yoga et je lui suis infiniment reconnaissante des bienfaits que cette pratique m’a apportée .

J’ai commencé le yoga appréciant son pouvoir «  relaxant »,en  prenant conscience de la  régulation du souffle et de  l’importance de la respiration . Parallèlement  la  constatation d’  une souplesse corporelle est appréciable même en étant une très modeste pratiquante . Je me suis aperçue que la concentration est indispensable pour progresser, cette concentration qui devient  découverte non pas d’une accumulation d’informations mais le silence de l’écoute et la possibilité d’une vacuité de ces pensées galopantes et encombrantes.La conscience du Yoga  implique un travail conjointement physique et mental   .C’est un parcours de lentes progressions ou le temps fait son œuvre dans des acquis d’abord inconscients de patience  ,de discernement personnels que la méditation va consolider.C’est un nouvel espace temps qui s’installe en un mode de vie plus serein voir plus stable .Pour ma part  dans ce parcours, le yoga m’a permis une certaine force d’analyse de décisions , ou d’adaptation quant à l’inéluctable d’évènements ou de situations  qui bien qu’étant « les choses de la vie « sont les carrefours sombres du mystère de notre vie ; mais aussi et surtout une qualité de relationnel familial et professionnel d’une richesse qui me surprend  car il parait que je suis « zen « 

Françoise

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J’ai constaté que les pratiquants du yoga se représentaient la vie comme je voulais la vivre…. Dans le calme, la sérénité, l’écoute , la tolérance …..

J’ai donc décidé il y a 2 ans d’approcher cette discipline.

J’ai aujourd’hui  adopté une nouvelle façon de vivre, je suis devenue plus détendue, à l’écoute de mes proches mais aussi de moi même. J’ai acquis de la souplesse avec mon corps mais aussi dans ma façon de penser.

Au décès de mon papa, la pratique du yoga m’a beaucoup aidé, j’ai  ainsi mieux abordé le deuil  et  le moment  difficile “partage des biens” avec ma famille ou  chacun se déchire, c’est d’ailleurs à cette période que j’ai constaté combien j’avais évolué mentalement vivre avec ce que la vie nous apporte de joies, de bonheur et  d’amour  est suffisant et le plus important dans la vie.

J’ai toujours pratiqué une petite activité sportive, et à ce niveau la aussi, j’ai appris à ne pas être agressive avec moi meme, le yoga c’est savoir aussi écouter  son corps.

Il y a quelques années ou très stressée j’avais testé un cours de yoga …. Celui ci  m’avait été proposé comme une discipline sportive aussi je n’avais pas accroché du tout; normal  la pratique du yoga c’est d’abord  un choix mental et  NON UN SPORT.

Pour info : D’ ordinaire le plus petit animal m’effraie et hier je me suis surprise à récupérer une araignée qui était dans la maison pour la poser à l’extérieur...

Cordialement 

DOMINO

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VRIKSHASANA

Merci pour cet article. 

Comme chaque article rédigé par vos soins, le descriptif est concis, clair et simple à exécuter.
On a tout de suite envie de pratiquer pour en retirer les bienfaits. 

Pour ma part j'ai besoin de " joie de vivre" essayant d'arrêter les atdp (antidépresseurs) et de stabilité : vous ne pouviez pas mieux tomber !

Et la concentration, on le ressent pendant plusieurs jours après la pratique. Et ça aide bien la méditation.

Je vous remercie

Martine 😘

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MEDITATION

Ces dernières semaines j'ai dû faire face à quelques soucis pas très graves mais qui m'ont perturbée et j'avoue qu'une pratique rituelle et journalière de la méditation m'a beaucoup aidée. Fin juin j'ai eu un accident de voiture pour la 1ère fois de ma vie mais pas banal puisque je suis rentrée dans un mur avec juste de gros dégâts de carrosserie et 3 semaines de réparation mais je ne me souviens de rien, juste le souvenir d'avant et après : la voiture encastrée contre le mur !

Je suis consciente malgré tout qu'aujourd'hui j'arrive à gérer  ces contrariétés avec beaucoup plus de calme et de sérénité, que ce soit des problèmes au sein de ma famille ou autres et je regrette juste de n'avoir pas eu connaissance de cette pratique plus jeune, mais sans doute que les choses arrivent quand elles doivent arriver.

Annick

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J'aime pratiquer le yoga, que je trouve très exigeant comme pratique à la fois physique et cérébrale, car il me permet de  me retrouver "a l'intérieur" de moi-même, tout en accomplissant des postures qui me font le plus grand bien physiquement.
La méditation, bien que difficile au niveau de la concentration, m'apporte un bien-être particulièrement profond, qui me calme et me régénère.

Dans cette pratique, j'apprécie avant tout les exercices respiratoires et la relaxation finale.

Le yoga me détend durablement et m'apporte aussi de nouvelles énergies.

Véronique

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Je tenais à partager mon témoignage sur la pratique du yoga, pratique Qui a commencé voici maintenant 8 ans et que je ne compte plus lâcher! Je vous avais dit un jour, et celà vous avait fait rire que le yoga devait être remboursé par la sécurité sociale tant il fait du bien à notre santé mentale et physique.

Au départ, ma démarche d'aller vers le yoga était motivée par ma volonté de "maîtriser", voire de me débarrasser de mes crises de colères devenues de plus en plus fréquentes face au caractère bien trempé de ma deuxième fille. Aujourd'hui, il m'arrive de la remercier en lui disant que c'est "grâce à cause d'elle" que j'ai découvert le yoga.

En effet, la pratique du yoga m'a, au fil du temps, appris à reconnaître les prémices de ce sentiment et de le maîtriser avant qu'il n'explose, et qu'il ne m'épuise. Et surtout, éviter à mon entourage les effets de ce poison qui ne m'aidait pas à me rapprocher de ma fille.

Je peux dire qu'aujourd'hui je me suis complètement débarrassée de ce poison grâce au yoga, mais pas seulement le yoga des postures...

 

Mais la première chose que le yoga m'a apportée, bien avant la maîtrise de la colère, c'était tout simplement une belle respiration, je ne savais plus respirer depuis un bon moment et je ne le savais pas! Respirer amplement et en pleine conscience, voilà ce que le yoga m'a très vite appris. Cela parait évident mais le pratiquer réellement procure un bien immense.

 

Après quelques années de pratique, j'ai découvert une autre dimension du yoga...l'esprit yoga! Qui ne se limite pas aux postures. C'est aujourd'hui une discipline que je vis, à travers mon attitude avec les autres et avec moi-même, mon alimentation, ma façon de penser, et aussi l'envie de toujours progresser.

Et cela grâce à notre excellent professeur de yoga qui nous guide sur la voie d'un yoga authentique et qui le transmet avec beaucoup de persévérance et d'attention vis à vis de chacun d'entre nous.

MERCI Christian!!

Sonia

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" Je pratique le yoga depuis plusieurs années et cela m'a beaucoup aidé à surmonter les différentes épreuves de la vie. Dans la vie quotidienne, j'arrive mieux à lâcher prise face à certaines situations et j'aborde  la vie avec beaucoup plus de sérénité qu’auparavant."
Marie-Noëlle .

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Il y a 3 mots qui me viennent à l'esprit concernant le Yoga : corps, souffle et présence.

Tout d'abord le corps pour ce qui me concerne, car la pratique du Yoga m'a aidé à (re)découvrir mon corps alors que j'étais -et suis encore- trop dans l'intellect et pas assez en contact avec mon enveloppe fidèle que j'ai si souvent négligée.

Le Yoga c'est aussi le souffle avec sa puissance vivifiante, voire enivrante avec les respirations complètes. La conscience du diaphragme, l'expérience du 'double ventousage'...la difficulté pour moi aussi de bien synchroniser mouvement et respiration.

Enfin le Yoga c'est la présence, habiter l'instant qui est LÀ plutôt que se projeter ou bien fuir vers un avenir qui n'est pas ou un passé ruminatoire. 

Présence et souffle dans le corps : le Yoga pour moi c'est la Vie.

Dominique 

nouveaux témoignages récents

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Je vous transmets les nouveaux témoignages que vous m'avez adressés depuis octobre dernier.
Souvent touchants, toujours instructifs et emplis d'un bel esprit,  j'adresse un grand remerciement à leurs auteurs pour la générosité dont ils ont fait preuve.
Christian Ledain

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Quand vous avez envoyé votre message [pour solliciter des témoignages] j'étais au fin fond de l'Auvergne, coin hors de notre civilisation, pas de réseau téléphonique, pas d'internet (…). En ce qui me concerne, je tenais à signaler que grâce à la technique de respiration apprise lors des cours de yoga, les examens médicaux que j’effectue révèlent que j'ai une capacité respiratoire supérieure aux 100 % des normes établies alors que j'ai subi l'ablation de deux lobes pulmonaires sur les cinq que nous avons. Et les techniques de relaxation apprises me permettent d'affronter plus sereinement les situations conflictuelles.

Christiane
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15 ans de pratique et il me reste bien des choses à découvrir.

Je me souviens encore du premier cours. Les yeux fermés, je me suis laissée guider sans me poser de questions. J'avais besoin de lâcher prise. Le premier cours a été bénéfique ; j'avais enfin trouvé un espace sans artifices ni recherche de performance où je pouvais me faire du bien, physiquement et psychiquement. 

Le yoga ne ressemblait à rien de ce que j'avais pu lire dans la presse. Rien de compliqué, de bizarre.

La sensation de se reconnecter à soi-même et à la vie, à l'énergie vitale indispensable à notre bien-être.

Tout doucement à mon rythme j'ai appris à respirer, à m'étirer, à me fortifier, à me détacher.

Ce moment pour moi est devenu indispensable à ma vie. Personnellement j'ai beaucoup de difficultés à pratiquer en dehors des cours. Je pratique deux fois par semaine.

Au fil du temps j'ai fait des expériences mémorables comme la sortie du corps qu'on découvre par l'auto-hypnose ou encore la sensation d'être enveloppée dans une bulle dorée lors de certains cours ou séances de relaxation. J'ai aussi surmonté plus facilement les difficultés que j'ai pu traverser dans ma vie.

On me demande aujourd'hui d'où je tiens cette force et ce détachement après de grandes épreuves telles que le deuil d'un être cher et le cancer. Il y a ma foi et il y a le yoga ;  les deux ne sont pas incompatibles et je remercie Christian de m'avoir éclairée sur ce point.

Ne pas juger, développer des qualités humaines telles que l'altruisme et la compassion, la bienveillance, le calme mental, mais aussi se respecter soi-même, écouter son corps, comprendre ses limites et tant d'autres choses...15 ans de pratique et il me reste tant de choses à découvrir.

Marie

 Je pratique le yoga avec Christian depuis 2 ans et je ne pourrais plus maintenant m'en passer. Au début j'ai vu les premiers effets de la pratique sur la qualité de mon sommeil, les soirs des cours, grâce à une détente profonde de mon  corps et mon esprit. 

Puis, au fur et à mesure je me suis rendue compte du parallèle entre ce qui se passait pendant les cours et  dans ma vie. Ai-je toujours conscience de mon flot de pensées ? des limites de mon corps ? des sensations dans mon corps ? faut-il toujours arriver à un résultat ? suis-je dans la bienveillance par rapport à moi et les autres ? quand est-ce que je me juge, etc. 

Depuis presqu'un an je médite tous les matins. Entre 10 mn et 30 mn selon le temps que j'ai. Et je ne pourrais plus m'en passer non plus ! C'est cette pratique de yoga, qui est tout sauf de la gymnastique,  qui m'y a amenée progressivement. Je me sens plus ancrée et plus en conscience de mon corps, de mes émotions et de ma petite musique mentale. Même si cela dépend encore des jours… Je me sens aussi davantage présente pour observer les événements de la vie et les messages de l'univers. Un grand merci  pour avoir contribué à me mettre sur ce chemin.

Annick

Le Yoga est entré dans ma vie depuis maintenant 4 ans, lors d’une période de grands questionnements sur la Vie.

La pratique avec Christian m’a appris à véritablement lâcher prise et à ne plus (au moins pendant le cours !) entrer en compétition avec moi-même.

Une mention spéciale pour la relaxation finale qui est une véritable aubaine dans les moments difficiles .
Géraldine
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Je me suis reconnue dans la plupart des témoignages que j’ai lus. J'aurai dû pouvoir partager moi aussi ce que je vis de bon et d'heureux grâce à la pratique du yoga, et pourtant, lorsque j'ai essayé, j'ai été incapable d'écrire 3 lignes...Ceci, parce que j'ai toujours un mal de chien à faire le calme mental quand je veux pratiquer à la maison, alors que j'y arrive quand je suis en cours avec vous ou que je suis dehors, dans la nature.

Sylviane
La même personne dix heures plus tard…

Je ne pensais pas revenir si vite vers vous pour vous raconter la chose suivante:

Ce soir en sortant de votre cours, je me suis retrouvée dehors, à côté de deux dames qui m'étaient inconnues (une des deux avait participé à votre cours pour la première fois, l'autre venait la chercher à la sortie du cours). Ces dames m'ont paru un peu tristes, craintives et quelque chose m'a poussée à aller vers elles pour leur parler.  J'ai ressenti un besoin fou de les encourager, de leur faire part de ce que m'apportaient vos cours. Elles étaient réceptives, et quelque chose de fort, que je ne saurai expliquer, s'est passé entre nous.  Cet échange bien que bref, a aussi été révélateur pour moi: j'ai réalisé que souvent, je me trouve dans des situations où jamais, sans la pratique du yoga, je n'oserai intervenir (paroles apaisantes, sourires dans le métro pour désactiver certaines tensions, aide à des personnes dans l'embarras ou dans le besoin dans la rue). Cette facilité d'aller maintenant spontanément vers l'autre, sans avoir peur de l'inconnu est quelque chose d'incroyablement bon à vivre.  

Sylviane

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Je vais commencer la 6ème année de pratique et voilà, ce que je mets en place au titre de ma pratique quotidienne :

Tous les matins, je fais quelques petites salutations au soleil, 5/6, assez lentement. Ces postures me permettent une mise en route en douceur et j'ai constaté que lorsque je commence la journée par cet exercice, je ne transpire plus, lorsque je fais le trajet jusqu'au métro, l'organisme est réveillé.

Pour les respirations profondes, je profite de séances auprès du photocopieur pour les pratiquer en attendant que les documents sortent. C’est une façon d'y penser et de créer un rituel.

De même, je profite de prendre un trajet long pour aller aux toilettes, et j'en profite pour prendre de grandes inspirations.

J'utilise aussi, certaines postures vues en cours, pour détendre les épaules, étirer le dos...je dois reconnaître que j'ai très peu souvent mal au dos, en tout cas moins qu'à 30 ans ;)

Catherine

Salutation au Soleil classique

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Namaskarasana  Posture de salutation


Tadasana Posture du palmier

Ardha Chandrasana  Posture de la demie lune
Uttanasana  Posture de l'étirement intense
Ashva Sanchalanasana  Posture du cavalier
Adho Muka Svanasana  Posture du chien le museau en bas
Dandasana  Posture du bâton


Dharmikasana  Posture de dévotion
Ashtanganamaskarasana Posture du salut en huit points

Bhujangasana  Posture du cobra



Adho Muka Svanasana  Posture du chien le museau en bas

Ashva Sanchalanasana  Posture du cavalier
Uttanasana  Posture de l'étirement intense


Tadasana Posture du palmier





Namaskarasana  Posture de salutation





KARMA ET YOGA

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Tirthankara  (Iolanda Andrade)
 

La notion de karma est partagée par plusieurs systèmes de pensées indiens qui recourent, par ailleurs, aux techniques du Yoga : l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme.

Ces conceptions philosophiques mettent toutes en avant le rôle fondamental du karma pour expliquer des phénomènes aussi fondamentaux que le sens de l’existence humaine, l’organisation de la société, les différences entre les êtres.

1.      Une notion au contenu très riche

Le mot karma vient de la racine sanskrite « kri » qui veut dire agir, faire, racine que l’on retrouve dans l’expression Kriya Yoga.

Le mot karma a une double signification : il désigne à la fois l’acte et le résultat de cet acte. Le karma désigne donc la loi de causalité qui relie un acte à ses conséquences.

Il est nécessaire de préciser la notion d’acte. L’acte recouvre un champ très large puisqu’il englobe non seulement les actes du corps, mais aussi ceux de la parole et, plus étonnement peut être pour nous Occidentaux, les actes de l’esprit, c’est–à-dire les pensées. Une telle conception révèle qu’une pensée n’est pas neutre, mais qu’elle est agissante.

La loi du karma n’est pas une loi de la dépendance généralisée : tout n’est pas relié à tout et réciproquement. Le concept de karma met uniquement en relation certains actes avec certains résultats. Par exemple, si, en me mettant à la fenêtre, je suis témoin d’un accident de voitures, je commettrais une erreur en pensant que c’est parce que je me suis mis à la fenêtre que cet accident est survenu. Entre ces deux évènements n’existe manifestement aucune relation de cause à effet. Et si je le crois, il vaut mieux que j’aille consulter d’urgence!

Une action peut avoir des conséquences à l’égard de nombreux êtres. Si, en rencontrant une personne dans la rue, je lui adresse des compliments sincères, ces paroles agissent non seulement sur la personne à qui elles sont destinées, mais aussi sur ses enfants qui l’accompagnent, sur les passants qui s’imprègnent de l’atmosphère amicale de notre discussion, et sur moi-même qui les formule.

Un acte peut être positif, négatif ou neutre, selon les conséquences qui en découlent. De même qu’en horticulture « on juge un arbre à ses fruits », on juge un acte à ses conséquences. Un acte est ainsi dit positif lorsqu’il engendre des conséquences positives, c’est-à-dire lorsqu’il est source de joie, de bien-être, d’épanouissement, de bonheur. Inversement, un acte est dit négatif lorsqu’il engendre des conséquences négatives, c’est-à-dire du désagrément, de la douleur, de l’insatisfaction, de la nuisance. Par exemple, lorsqu’une personne, à l’occasion d’un spectacle, est inspirée par la haine et profère des paroles malveillantes, accompagnées de gestes dégradants, il s’agit incontestablement d’actes négatifs. Les personnes visées par ces propos et ces gestes vont ainsi s’en trouver blessées, le public complaisant va en être sali, et l’esprit de celui qui les aura prononcées s’en trouvera avili, souillé.

Les grandes philosophies de l’Inde définissent donc avec précision quels sont les actes négatifs qu’il convient d’éviter et les actes positifs qu’il importe de favoriser. Dans le brahmanisme il est ainsi extrêmement important de respecter les devoirs de la caste à laquelle on appartient par la naissance. Le bouddhisme, lui, définit dix actes non vertueux dont il convient de s’abstenir (ôter la vie, prendre ce qui n’a pas été donné, mentir, médire, créer de la discorde, prononcer des paroles oiseuses, convoiter, agir avec malveillance et adopter des vues fausses) et encourage dix actes vertueux qui constituent l’exact contraire des précédents. Le jaïnisme, centré sur la notion de non-violence, pousse à son maximum le respect accordé à la vie, incitant ses adeptes à ne pas porter de chaussures faites en peau animale, ou leur recommandant de placer devant le nez une gaze afin de ne pas risquer d’aspirer par inadvertance un tout petit insecte.

Ces principes que nous venons de citer ne sont pas étrangers à notre culture occidentale. On en retrouve ainsi certains dans l’Ancien Testament: « Tu ne tueras point. Tu ne commettras point d'adultère. Tu ne déroberas point. Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. » (Pentateuque, Exode, chapitre XX, 13-17, édition la Pléiade Ancien Testament T1, page 234)

Une différence fondamentale existe néanmoins entre les commandements que nous venons de citer et les principes du karma: les premiers se fondent avant tout sur l’autorité, tandis que les seconds reposent plus sur la raison. Dans la Bible, les commandements sont énoncés par le Dieu créateur de l’univers, et l’homme doit s’y soumettre ; les principes du karma énoncés dans le bouddhisme se fondent sur l’observation de la nature des choses et tout un chacun peut se les approprier en vérifiant par soi-même la validité de ces énonciations. Par exemple, si on accomplit tel acte négatif on fera l’expérience de la souffrance, inversement la commission d’un acte positif sera cause de bonheur.

Il n’est pas possible d’échapper au karma : on aura beau se cacher, s’enfoncer sous terre, chercher à disparaître dans les océans, aucun lieu ne saurait nous mettre à l’abri des conséquences d’un acte négatif, pas plus qu’il ne saurait Inversement nous empêcher de profiter des conséquences heureuses d’un acte positif

Le résultat d’un acte est inéluctable, par contre le moment où ce résultat se manifestera est indéterminé. En d’autres termes, il nous est impossible de savoir à quel moment nous recueillerons les fruits, positifs ou négatifs, de notre acte. Parfois, ce résultat est très rapproché, presqu’immédiat : on parle alors de karma de l’instant, thème de la formidable chanson de John Lennon, InstantKarma. Parfois, le résultat est beaucoup plus long à se manifester. Il est même possible que ce résultat ne se manifeste pas en cette vie-ci.

La théorie du karma est, en effet, articulée à celle de la réincarnation. Tout adepte du Yoga adhère à ces deux notions en Inde. Le but ultime de sa pratique n’est d’ailleurs pas simplement d’être en bonne santé physique et mentale, mais de mettre fin au cycle des renaissances (samsara).

Pour attester le sérieux de cette croyance en la réincarnation, notion peu familière à notre culture occidentale, nous nous bornerons à renvoyer aux travaux scientifiques du psychiatre Ian Stevenson qui, pendant trente ans, a étudié les témoignages de personnes faisant état de souvenirs de vies antérieures, souvenirs dont l’exactitude a pu être exactement vérifiée (Vingt cas suggérant le phénomène de réincarnation, Poche, collection J’ai lu, 2007).

Il est maintenant nécessaire d’expliquer comment fonctionne la notion de karma sur le plan psychologique.

2.      Nos actes façonnent notre esprit et notre vie

Chacune de nos actions laisse une trace (samskara) dans notre esprit, trace semblable à l’empreinte d’un pas laissé dans la neige. Ces traces s’agencent, s’associent et finissent par créer dans notre esprit certaines tendances, certains traits de caractères qui nous sont propres. Ainsi, notre comportement réitéré finit par façonner, modeler notre esprit. Nous sommes ainsi la somme de tous nos actes antérieurs. Et la structure de notre esprit nous conduit alors, en retour, à privilégier certains comportements qui nous sont familiers. La théorie du karma illustre ainsi les observations du philosophe Pascal :« La coutume est une seconde nature qui détruit la première. » (Les Pensées, 117, in Œuvres complètes, la Pléiade, page 578)

Quand une personne meurt, le corps se dégrade, périt, mais quelque chose demeure qui transmigre. Ce quelque chose, l’hindouisme et le jaïnisme le nomment atman (l’âme), tandis que le bouddhisme l’appelle continuum mental. Ce qui survit va à nouveau s’associer à un corps et reprendra naissance sous une forme qui dépend des tendances dominantes qui auront été accumulées au cours de nos vies précédentes. Ainsi, une vie caractérisée par l’abrutissement créera les conditions d’une renaissance sous forme animale, tandis que la commission d’actes inspirés par la haine, conduira à une renaissance en Enfer.

En apparence, donc, rien de nouveau par rapport à la promesse du catholicisme de laisser l’âme d’un criminel rôtir dans les tourments de l’Enfer. A une différence fondamentale près : ce séjour, même long, est nécessairement temporaire et ne saurait donc être d’éternel : une fois le karma négatif purgé, ce qui transmigre reprendra naissance dans une condition d’existence plus favorable, par exemple, l’existence humaine. Et cet être pourra ainsi progresser vers la délivrance que l’hindouisme et le jaïnisme appellent Moksha (Libération) et le bouddhisme nomme Nirvana(Extinction).

Cette théorie du karma explique ainsi qu’à la naissance nous arrivons tous avec un certain bagage : les traces laissées dans notre esprit par tout ce que nous avons accompli précédemment. Cette situation explique que les êtres vivants naissent avec des formes différentes et des aptitudes différentes.

Le karma rend ainsi compte de notre apparence physique, mais encore des traits de notre personnalité que nous manifestons dès le plus jeune âge, ainsi que de nos conditions d’existence : le pays dans lequel nous vivons, la famille dans laquelle nous naissons, nos qualités et nos défauts. Plus largement encore, la théorie du karma rend compte de tout ce dont nous faisons l’expérience, instant après instant : rien ne saurait surgir sans cause, par conséquent, tout ce que nous vivons procède de causes et de conditions antérieures. Si nous sommes dans un pays en paix, épargné par les catastrophes naturelles, où la démocratie s’exerce, où les droits de l’homme sont respectés, c’est que nous avons accompli de très nombreux actes positifs dans nos vies antérieures, maintenant parvenus à maturité. Par-delà les vicissitudes de notre existence, il est essentiel que nous prenions pleinement conscience de ces circonstances favorables qui nous entourent, afin de nous en réjouir et de générer de nombreux actes bénéfiques, générateurs de futurs karmas positifs.

Lorsqu’on examine cette théorie du karma toute rationnelle et si bien ordonnée, une objection ne manque pas de s’élever dans notre esprit. Comment expliquer, comme nous en informe parfois la presse, que tel mafioso, responsable de la mort de nombreuses personnes, puisse finir paisiblement ses jours dans son lit, à un âge très avancé, sans avoir exprimé le moindre remords ? Il y a là quelque chose qui choque incontestablement notre sens de la justice. Comment une telle situation peut-elle s’expliquer selon la loi du karma ? Comme nous l’avons indiqué précédemment, tout ce dont une personne fait l’expérience est inéluctablement la conséquence de ses actes antérieurs. Par conséquent, cette fin de vie paisible, enviable, est simplement la conséquence d’actes positifs nombreux, accomplis en cette vie ci ou dans une vie antérieure. Maintenant, les actes criminels épouvantables que vient d’accomplir ce mafioso en cette existence-ci constituent des graines qui viendront immanquablement à maturité et occasionneront une très grande souffrance. Les meurtres qu’il aura commis, et ceux dont il aura été le commanditaire, se traduiront immédiatement par une renaissance infernale pour une très longue durée.

3.        Il nous est possible de purifier un karma négatif antérieur

Heureusement, l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme sont ainsi porteuses d’un immense espoir: il nous est possible de purifier notre karma car il n’est pas d’acte négatif qui ne puisse être nettoyé.

Chaque tradition développe donc des méthodes qui lui sont propres.

Le jaïnisme met ainsi en avant la pratique de certaines austérités.

L’hindouisme, lui, met l’accent sur le respect des rites. Les millions d’Hindous qui, chaque année, viennent faire leurs ablutions dans le Gange, le font avec la croyance de purifier ainsi tout leur karma négatif et de se préserver d’une renaissance funeste.

De son côté, le bouddhisme préconise la transformation intérieure, celle de l’esprit. Le pratiquant va ainsi prendre refuge, générer un regret sincère, s’engager à ne plus commettre l’acte négatif considéré et, enfin, mettre en œuvre l’antidote adapté (par exemple, la récitation d’un mantra spécifique).

Pour toutes ces traditions, il importe, bien sûr, de ne pas perdre de temps et d’agir avec foi et détermination.

4.      Le Yoga : un outil pour réaliser la Connaissance

La connaissance de la loi du karma constitue une condition indispensable pour nous libérer de la souffrance inhérente à notre existence humaine. Car, si nous poursuivons tous le bonheur, nous devons bien constater que, par notre méconnaissance de la nature fondamentale des choses, nous ne cessons de créer les causes de notre souffrance future.

La loi du karma constitue donc une composante essentielle de la sagesse (Jnana) enseignée par l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme.

Mais cette connaissance ne doit pas demeurer purement intellectuelle, elle doit être totalement assimilée, pleinement réalisée. Cette intégration ne peut se faire que patiemment, au cours d’un  processus de familiarisation progressive. Un tel processus est ce que l’on nomme méditation (dhyana), phase avancée de la pratique du Yoga.

Les techniques enseignées par le Yoga sont donc mises au service de cette appropriation de la connaissance. Etudier la sagesse sans utiliser le Yoga serait comparable à disposer d’un bon manuel d’horticulture sans jamais toucher un seul râteau. Inversement, recourir aux techniques du Yoga sans connaitre la sagesse serait aussi fructueux que gratter frénétiquement la terre, ou l’inonder. Il est donc nécessaire, pour voir ses plantations grandir et recueillir de beaux fruits, d’unir les deux, la connaissance et les outils techniques. Unir la sagesse et le Yoga constituera la promesse d’une vie plus heureuse. Tout un chacun peut s’en assurer par sa propre expérience.

CONCLUSION

Le Yoga nous encourage à développer l’amour, l’altruisme, la vertu, la bonté. Non par naïveté, mais par suite d’une compréhension profonde de la nature des choses. Dans une période troublée, où les repères s’estompent, le Yoga nous rappelle avec insistance notre liberté et notre responsabilité : nous construisons à chaque instant notre vie de demain. Il est donc essentiel de ne pas dilapider le temps dont nous disposons, en ce moment où nous jouissons de cet excellent support que constitue la vie humaine.

Christian LEDAIN

Post-scriptum :

. Les personnes intéressées par le jaïnisme pourront s’inspirer de la vie de Gandhi, en lisant, par exemple, l’excellente biographie rédigée par Jacques Attali

. Les personnes souhaitant pratiquer l’hindouisme selon le Védanta pourront se rendre au centre védantique Ramakrishna de Gretz-Armanvilliers

. Les personnes souhaitant découvrir l’enseignement et la pratique bouddhiste pourront s’adresser à moi car il existe plusieurs centres excellents en région parisienne.

Pour approfondir :

Heinrich Zimmer, Les philosophies de l’Inde, collection Payot, 1997

Arthur Avalon, Introduction à l’hindouisme tantrique, éditions Dervy Livres, 1983

Ian Stevenson, Vingt cas suggérant le phénomène de réincarnation, Poche, collection J’ai lu, 2007.

N'hésitez pas à m'écrire (Christianledain@Wanadoo.fr) vos questions, vos remarques me permettront d'aller plus avant.

 

HALASANA

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Halasana, la Charrue en sanskrit, porte ce nom parce que la posture, quand elle est complètement réalisée, rappelle, vue de profil, la forme de l’instrument aratoire traditionnel. Mais cette ressemblance apparente renvoie à une signification plus profonde de la posture.

Charrue Dombasle
Le soc de la charrue laboure la terre en de longs sillons, droits et profonds. Grâce à ce labour, le sol est rendu fertile et pourra produire une récolte foisonnante.
La terre qu’il convient pour nous de cultiver, c’est notre vie. Semblable à cette terre qui, si elle était laissée à l’abandon, ou mal travaillée, serait stérile ou peu fructueuse, notre vie serait pauvre en réalisations, désespérante et vaine.  
Pour que notre vie soit fertile et riche, notre esprit a besoin d’être labouré, transformé.
Telle est la promesse d’Halasana : si nous nous adonnons à cette posture, elle va cultiver notre esprit, y creuser un sillon droit, long et profond. Grâce à Halasana notre esprit va devenir plus paisible, plus clair, plus stable. Cette transformation intérieure nous permettra ensuite de nous engager dans la voie de l’action juste (Karma Yoga) et avoir accès à la connaissance de la nature ultime des phénomènes (JnanaYoga).
En 4000 ans les besoins de l’être humain ont peu changé, seul le langage a évolué. Les bienfaits d’Halasana que les Yogis exposaient à travers le symbolisme de la charrue, sont désormais exprimés en langage scientifique. Halasana va ainsi engendrer calme et stabilité mentale par le biais d’une harmonisation de notre système nerveux. Elle est donc particulièrement précieuse pour nous permettre de lutter contre les effets du stress et prévenir le développement des maladies neurodégénératives.
Compte tenu de ces bienfaits, il importe d’apprivoiser tranquillement cette posture.
1. Une posture simple
Halasana ne nécessite aucune prouesse, aucune acrobatie et peut donc être très aisément réalisée.
On commence par s’allonger sur le dos (Shavasana). On place les bras le long du corps, les paumes tournées vers le sol, on étire la région cervicale en veillant à bien abaisser le menton. Ce placement correct de la tête est important car il facilitera la compression de la glande tyroïde quand le bassin sera soulevé.
Position de départ
On plie ensuite les genoux et on soulève le bassin. En principe, la contraction des muscles abdominaux et l’appui sur les bras permettent de décoller le bassin du sol. Toutefois, si cela n’était pas suffisant, il serait possible d’effectuer quelques mouvements de bascule du corps d’avant en arrière. Ce mouvement de « rocking chair »procure l’élan nécessaire au décollage du bassin. Ce n’est, certes, pas très orthodoxe, mais c’est efficace.
Une fois le bassin soulevé, on tend les jambes derrière la tête. On est alors installé dans la posture. Bien sûr, il existe, selon les capacités physiques des personnes, différents niveaux de pratique. Néanmoins, il importe de comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’aller plus avantet que l’on peut très bien demeurer ainsi et recueillir les principaux bienfaits d’Halasana.
Les pieds ne reposent pas au sol : ce n'est pas grave !
L’idéal serait de pouvoir effectuer l’ensemble de ce mouvement sur un tempo lent, régulier, continu. Toute précipitation constituerait, en effet, une violence préjudiciable qui bloquerait, en outre, toute perspective de progression.
Dès lors que le bassin est soulevé, il convient de prendre son temps. Il est, en effet, indispensable de laisser au corps le temps de s’acclimater à l’attitude inversée, source de bouleversements physiologiques considérables. Il est aussi nécessaire de laisser aux muscles le temps de s’étirer. Et cela ne peut être fait plus vite que le rythme naturel.
Une erreur parfois commise consiste à vouloir passer en force, « à la hussarde » : le bassin soulevé, on se presse de poser les orteils au sol derrière la tête. Les résultats d’une telle précipitation s’avèrent néanmoins décevants : les muscles du dos n’ont pas le temps de s’étirer, de ce fait la respiration est gênée considérablement, la nuque est violemment étirée, ça tire de partout, on se sent mal, on redescend donc en catastrophe, et on se sent encore plus mal !
L’esprit de performance qui inspire une telle démarche précipitée constitue un obstacle majeur qui empêche de se sentir bien avec soi-même, d’être en confiance avec soi-même. Cet esprit de compétition, fondé sur l’orgueil et l’ignorance, corrompt déjà beaucoup d’activités humaines. Appliqué au Yoga il conduit à des déconvenues assez sévères. Aborder ainsi Halasanaconsiste à vouloir défier un tigre avec pistolet à eau : on va se prendre un grand coup de pattes, voler dans les airs et s’écraser misérablement au sol, endolori !
Mal compris le Yoga peut vite devenir un outil redoutable de maltraitance envers soi-même. Voilà pourquoi l’entrée dans Halasana doit s’accompagner de quelques précautions qu’il est utile de rappeler.
2. Respecter quelques « règles d’or » concernant les étirements
On perçoit aisément que cette posture amène un étirement de tout l’arrière du corps. Il est important ici de rappeler quelques notions élémentaires relatives à toutes formes d’étirement musculaire. Ellespourront vous guider pour vous sentir à l’aise dans de nombreuses postures :
. l’étirement ne doit jamais pas s’effectuer «  à froid ». En d’autres termes, il convient de ne pas prendre Halasana directement au saut du lit ! Les muscles postérieurs du corps qui vont être étirés doivent avoir été préalablement préparés, échauffés, et donc contractés. C’est pourquoi, il est conseillé d’effectuer en début de séance une succession de salutations au soleil. Suryanamaskar constitue, en effet, une excellente préparation de l’ensemble du corps. Par ailleurs, et pour la même raison, on veillera à ne pas placer Halasanaparmi les premières postures de la séance : celle-ci figure plutôt parmi les dernières.
. un étirement intense et généralisé doit être préparé par des étirements plus modérés et plus restreints
Comme chacun peut en faire l’expérience, Halasana, amène un étirement musculaire puissant et porte sur un champ extrêmement vaste : tout l’arrière du corps, depuis la région cervicale jusqu’aux talons. Pour éviter toute violence, la prudence recommande donc de préparer cette posture par diverses attitudes qui installer un étirement plus doux et relatif à un périmètre plus restreint. C’est la raison pour laquelle Halasana prendra tout naturellement sa place dans la série après Viparita Karaniet Sarvangasana.
 L’étirement doit demeurer constamment agréable.
L’idée avec laquelle on se bercerait : « je souffre, mais j’irai tellement mieux quand ce sera fini !», est un principe tout à fait pertinent pour le gars qui se donne des coups de marteau sur la tête, mais totalement erroné dans la pratique du Hatha Yoga.
Nul ne s’étonnerait qu’en tirant abusivement sur un élastique, il ne finisse par claquer. Pour quelle raison imposerait-on à notre corps un traitement qu’on ne ferait pas subir à un objet ?
Tout étirement qui deviendrait douloureux correspondrait à de l’auto maltraitance, une souffrance dont les Yogis veulent précisément se libérer.
. l’étirement doit se faire tranquillement, l’esprit libre.
Il ne saurait y avoir de pratique du Yoga sans paix intérieure. Cette stabilisation de l’esprit doit commencer à être installée dès la mise en œuvre des postures. Il serait  puéril et vain de croire que l’on va pouvoir laisser notre esprit se déchainer pendant les postures et qu’ensuite, miraculeusement, la tempête va cesser et qu’un calme immense règnera dans notre esprit. Bien sur certaines postures ont un effet apaisant, mais elles ne peuvent produire pleinement leurs effets que si l’esprit est orienté correctement. L’esprit doit donc être libre de toute objectif, de toute tension mentale. Ainsi on s’abstiendra de vouloir gagner en amplitude, on renoncera paisiblement à toucher absolument le sol avec les pieds. Si les pieds touchent le sol que cela ne soit pas un problème : que nul orgueil ne s’élève dans l’esprit. Et si les pieds ne touchent pas le sol, que cela ne devienne pas non plus un problème: on n’est pas nul pour autant ! Libre de tout attachement, l’esprit peut ainsi se concentrer plus aisément sur les sensations du corps et prendre conscience de toutes les transformations qui surviennent. C’est parce que l’esprit reconnaitra qu’il s’agit juste d’un étirement que cet étirement sera juste.
. l’étirement s’effectue sans à-coups physiques.
On laisse simplement les contractures musculaires se dissoudre paisiblement dans chaque expiration. Ainsi, l’étirement s’accomplit sans saccade, de façon progressive.
Durant tout l’étirement l’esprit est à l’écoute des sensations qui émergent. Et dans ce dialogue ininterrompu entre le corps et l’esprit, quand nos muscles font savoir que cela suffit, l’esprit prend en compte instantanément ce message, le respecte et interrompt la posture.
Voilà la façon saine de procéder avec soi-même et de permettre à un étirement correct de s’effectuer.
3. Quelques variantes simples 
Le Yoga a ceci de merveilleux qu'il est toujours possible de compliquer les choses ! Ce n'est d'ailleurs pas un parti pris:  les êtres ont simplement des capacités physiques différentes. Aussi, je préfère vous présenter deux variantes simples pour l'unique raison qu'elle sont par définition plus facile à réaliser. Il serait erroné de s'égarer dans la technicité et dans de vaines contorsions : une posture n'est qu'un support matériel dans lequel l'adepte stabilise son esprit.
Les pieds parviennent à se poser au sol
Lorsque les muscles de l'arrière du corps acceptent de s'étirer suffisamment, les pieds se posent au sol.
Il est alors possible, mais il n'y a aucune obligation à cela, d'allonger les bras devant soi et de les poser au sol en rapprochant les deux poignets l'un de l'autre. Tant que les pieds ne reposeront pas au sol, on s'abstiendra d'allonger les bras : il importe de continuer à soutenir le dos pour que sa musculature s'étire confortablement.
Il est possible d'allonger les bras
 
4. Une action régénératrice pour l’ensemble du système nerveux
Nous vivons dans une société où l’urgence est devenue un mode de vie. Non seulement les exigences professionnelles valorisent la réactivité, mais, même une fois sorti du bureau, il faut répondre vite aux mails et sms personnels, et tout de suite, c’est encore mieux. Pris dans ce tourbillon incessant, le corps et l’esprit ne parviennent plus à suivre, à se poser, à se ressourcer. Courir est devenu une fin en soi.
Pour comprendre comment Halasanapeut nous aider à vivre tout simplement, il faut rappeler un peu comment notre bon vieux système nerveux fonctionne car on ne peut décidemment pas faire sans lui.
Formé de cellules spécifiques appelées neurones, notre système nerveux possède un champ d’action très vaste. Il nous permet d’être en relation avec notre environnement, d’agir, de penser, et d’accomplir ainsi toutes sortes d’activités qui donnent du sel à notre vie. Mais ce système nerveux assure aussi, en arrière-plan, un ensemble de missions d’intendance, des tâches de « back office », moins nobles en apparence, mais pourtant vitales.
La respiration, la digestion, la circulation sanguine, les sécrétions endocrines, la digestion sont ainsi prises en charge par le système nerveux autonome, sorte de pilote automatique bienveillant. Car ces fonctions ne s’exercent que très partiellement sous le contrôle de notre volonté. Et, heureusement d’ailleurs ! S’il était nécessaire de penser à respirer pour le faire, nous passerions tous de très mauvaises nuits !
Ce système nerveux végétatif se compose de deux sous-ensembles, le système sympathique (SN S)et le système parasympathique (SNPS). Ils assurent l’un et l’autre des fonctions non seulement opposées, mais complémentaires. Ainsi la plupart des viscères font l’objet d’une innervation conjointe de ces deux systèmes.
Pour clarifier schématiquement leur rôle respectif, on peut dire que si notre organisme était une voiture, le système sympathique représenterait l’accélérateur et le système parasympathique, le frein. Ainsi, quand un facteur de stress se manifeste, le système sympathique se met en route et nous prépare à lutter contre cette menace ou bien à fuir. Ce système nerveux était particulièrement bien adapté aux menaces qui pesaient sur nous à l’âge des cavernes : quand on croisait un loup, on était prêt à combattre ou à déguerpir. On y laissait parfois une jambe ou deux, mais on ne souffrait pas des pathologies du stress ! Maintenant, ce bon vieux système nerveux est devenu un peu archaïque, obsolète. Si, en réunion de travail, un collègue sous–entend que l’on est un gros nul, on ne peut plus sortir son gourdin et l’assommer. Ce n’est plus dans les usages. Dommage ! car cela nous aurait soulagé ! Du coup, on encaisse, on somatise : mal de ventre, puis ulcère, boule dans la gorge, hypertension, troubles du sommeil… la sinistre litanie des symptômes du stress !
« Que faire ? » me direz-vous. Exprimer ses émotions, se dépenser, développer la patience, maitriser son esprit par la méditation et . . . . adopter Halasana !
Examinons, en effet, les conséquences physiologiques de cette posture. Comme on le ressent immédiatement en adoptant cette attitude, Halasana assure un étirement intense de la colonne vertébrale. L’enroulement de l’épine dorsale provoque une stimulation de tous les filets nerveux qui émergent de part et d’autre du rachis.
Par ailleurs, la chaine de ganglions du système nerveux sympathique qui jouxtent le rachis depuis la dernière vertèbre cervicale (C7) jusqu’à la 2e vertèbre lombaire (L2) se trouve directement revitalisée. L’ensemble des viscères innervés par le système sympathique (poumons, cœur, estomac, foie, pancréas, reins, intestins, vessie, gonades) bénéficient alors de l’action bénéfique d’Halasana.
La régénération du système sympathique va ainsi permettre à l’organisme de faire face aux effets délétères du stress et lui éviter ainsi l’épuisement.
En outre, l’étirement suscité par Halasana s’applique aussi à tout le milieu du dos, régénérant de la sorte le système parasympathique. Cette action favorise l’abaissement du rythme cardiaque, l’accroissement des sécrétions salivaires et gastriques conduisant à une meilleure digestion, et à une amélioration du péristaltisme intestinal.
Enfin, la compression de la cavité abdominale conduit à un massage doux et profond du plexus solaire, situé entre le sternum et le nombril. Cette action permet de dissoudre l’anxiétéet de générer un plus grand calme mental.
C’est donc bien à une revitalisation complète du système nerveux que conduit Halasana. Pratiquée régulièrement elle concourra à prévenir l’apparition des maladies neurodégénératives (telles que les maladies d’Alzheimer, de Parkinson, ou la sclérose en plaques) et à en limiter considérablement les effets.
Mais cette posture comprend de nombreux autres bienfaits qui doivent être ici relevés.
5. Les autres bienfaits de la posture
Halasana génère des bienfaits que l’on a déjà rencontrés à propos d’autres postures, telles que ViparitaKarani et Sarvangasana. Mais nombre de ces bienfaits se trouvent ici considérablement accentués.
L’étirement de la musculature du dos génère un fonctionnement plus harmonieux des glandessurrénales qui chapotent les reins. En assurant une régulation de la sécrétion d’aldostérone par la glande cortico surrénale Halasana contribue ainsi à réduirel’hypertension.
Nous nous bornerons à rappeler les effets favorables d’Halasana sur les viscères abdominaux (digestion facilitée, lutte contre la constipation) qui sont la conséquence d’une revitalisation du système nerveux parasympathique (voir ci-dessus).
La compression particulièrement accentuée de la glande tyroïde en régule le fonctionnement.
L’excellente irrigation sanguine de la tête favorise les activités cérébrales. Cette posture est particulièrement source d’une grande créativité intellectuelle.
L’étirement intense de la colonne vertébrale favorise la croissancedes enfants et adolescents. L’enroulement du rachis soulage les disques intervertébraux, ce qui permet aux adultes qui ont un mode de vie sédentaire de ne pas trop se « tasser ».
Les effets esthétiques ne sont pas négligeables pour les hommes, comme pour les femmes. Ainsi, la compression abdominale et le massage qui découle de la respiration profonde conduisent à lutter efficacement contre l’embonpoint. Par ailleurs, l’étirement des fessiers, des cuisses et des hanches permet de réguler l’accumulation de cellulite dans ces régions.
Halasana a donc des effets apaisants et régénère le fonctionnement du corps dans son ensemble.
6. La concentration dans la posture
Il est tout d’abord essentiel de pouvoir maintenir le corps dans cette posture suffisamment longtemps pour que les premiers effets bénéfiques puissent être recueillis.
On veillera donc en premier temps à adopter correctement la posture. En l’adaptant à nos propres capacités, on s’assurera constamment que notre attitude est ferme, stable et confortable.
On veillera en particulier à toujours respirer correctement et paisiblement. La respiration est normale, régulière, sans aucune rétention. On pourra ainsi se concentrer sur le souffle.
Une fois cela installé, il sera possible de se concentrer au niveau du cœur (anahatha chakra), centre d’énergie qui régit la bienveillance, l’amour, l’altruisme. L’énergie sera ainsi mobilisée pour permettre le déploiement, l’épanouissement de ces qualités à travers lesquelles l’être humain se réalise pleinement.
Halasana est donc une source précieuse de bienfait pour l’esprit et pour le corps. Seules contre-indications, on évitera cette posture en cas de sciatique et de problèmes cardiaques
CONCLUSION
Grâce à Halasana, le pratiquant occidental peut accéder à une plus grande sérénité compte tenu des effets bénéfiques que cette posture produit sur le système nerveux.
Grâce à cet esprit plus stable, plus posé, nous parvenons plus facilement à garder à distance les émotions négatives qui sont causes de souffrances. Nos actions deviennent ainsi plus justes (Karma) et nous parvenons à mieux prendre conscience de la nature réelle des phénomènes par-delà leur apparence trompeuse (Jnana). Comme nous l’enseigne le symbolisme de la charrue, Halasana vient ainsi fertiliser pleinement notre vie.
Christian Ledain
Pour m'écrire à propos de cette posture : christianledain@wanadoo.fr





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